Orléans-Zagreb: est-ce le début de la fin ?

Avec la désertification médicale endémique, les études médicales sont devenues un sujet politique hautement polémique en région Centre-Val de Loire et pour la ville d’Orléans. L’accord avec l’université de Zagreb, parallèle à l’annonce de la création de celle de la ville-préfecture ne semble pas tout résoudre. Surtout pour les militants de la France Insoumise.

Par Jean-Paul Briand

Photo Pixabay

La guerre entre Orléans et Tours pour l’ouverture d’un deuxième Centre hospitalier universitaire (CHU) semble apaisée. Après des dizaines d’années d’empoignade, le conflit a été réglé au plus haut niveau de l’Etat. En février 2022, le Premier ministre Jean Castex décidait que le Centre hospitalier d’Orléans (CHRO) se transformerait en CHU. Un mois auparavant le maire d’Orléans, Serge Grouard, sans doute lassé par les atermoiements et aussi pour faire un fieffé coup médiatique, avait annoncé la signature d’un protocole d’accord entre sa ville et la faculté de médecine de Zagreb, capitale de la Croatie.

Mise devant le fait accompli, réfrénée par les difficultés de la population orléanaise de trouver un médecin traitant et malgré les tirs de barrage, l’opposition municipale de gauche n’avait pas osé faire obstacle frontalement à la filière médicale croate, décidée en secret par Serge Grouard.

Initialement, une cinquantaine de candidats était espérée. Seulement trente bacheliers originaires de toute la France ont postulé pour la faculté de médecine de Zagreb. Au final, ce sont uniquement seize étudiants qui ont pu faire la rentrée en médecine à l’université croate. Devant ce succès très mitigé, des membres « Groupes d’Action orléanais de la France Insoumise », y vont hardiment. Dans un communiqué, les affidés de La France Insoumise dénoncent, non sans raison, le coût élevé des études (12 000 € d’inscription), « des conditions d’apprentissage très loin d’être optimales ». Ils rappellent que « Les présidents des universités de Tours et d’Orléans ont par ailleurs dénoncé un modèle économique public-privé de nature à aggraver encore la fracture sociale dans les études de médecine. De fait, cette formation repose sur un modèle inégalitaire en totale contradiction avec le principe de nos universités ». Dans ce même communiqué, il est affirmé que « les étudiants qui s’engagent dans la voie Zagreb, le font en effet à leurs risques et périls, sans aucune visibilité, avec une formation non intégrée dans le circuit hospitalo-universitaire français et donc sans débouchés locaux en termes de stages et de poursuite d’études ». Les voilà prévenus…

Si le CHU orléanais ouvre sans trop tarder ses portes, il est fortement probable que la filière médicale croate tombe rapidement dans un coma dépassé.

Le communiqué de la France insoumise

Le mirage Zagreb : non aux risques inconsidérés que fait prendre la mairie d’Orléans à des jeunes intéressés par les études de médecine. 

Non à l’argent public jeté par les fenêtres ! 

Le lundi 5 septembre, quelques étudiants retenus par concours pour suivre le cursus de médecine de l’université de Zagreb commençaient à suivre des cours à distance dans une salle du Lab’O, sous l’impulsion et donc la responsabilité de la métropole et de la ville. 12000 euros l’année, excusez du peu, mais l’argent public y pourvoira nous dit-on puisque ville et conseils départementaux s’y engagent… 12000 euros l’année, et des conditions d’apprentissage très loin d’être optimales malgré la salle fournie elle aussi sur fonds publics. Une « association » montée de toutes pièces par la mairie et quelques autres les « accompagnera », en leur demandant une rallonge de 1500 euros, tout de même, sous forme de « prépa privée ». 

Rien n’aura infléchi la volonté de Serge Grouard, maire d’Orléans, déterminé à poursuivre ce projet hors sol, inadapté et dangereux pour les étudiants à terme, déjà retoqué par ministère et rectorat en 2016, et dénoncé par l’Association nationale des étudiants en médecine. 

Les étudiants qui s’engagent dans la voie « Zagreb » le font en effet à leurs risques et périls, sans aucune visibilité, avec une formation non intégrée dans le circuit hospitalo- universitaire français et donc sans débouchés locaux en termes de stages et de poursuite d’études. Nous avons besoin de ces étudiants, il faudrait au contraire que les capacités d’accueil augmentent encore dans les filières publiques et qu’ils puissent y être intégrés Les présidents des universités de Tours et d’Orléans ont par ailleurs dénoncé un modèle économique public-privé de nature à aggraver encore la fracture sociale dans les études de médecine. De fait, cette formation repose sur un modèle inégalitaire en totale contradiction avec le principe de nos universités. Serge Grouard a-t-il la science infuse en matière médicale et universitaire au point d’ignorer les alertes des autorités universitaires comme ministérielles ? 

L’argent public vient cette fois encore financer des formations privées, ou fonctionnant de fait avec une “clientèle” privée puisque payante comme c’est le cas pour l’université de Zagreb. Il est vrai que la droite orléanaise a pris l’habitude de toujours conforter les intérêts privés aux dépends du public, mais avec les fonds publics ! Ainsi en 2018 le maire LR se vantait dans les colonnes de la République du Centre de dépenser vingt millions d’euros d’argent public pour transformer l’un des deux seuls collèges publics du centre- ville d’Orléans en une école de commerce privée. 

Tous ces cadeaux se font au détriment de la jeunesse de notre ville et d’ailleurs et de l’enseignement public pourtant mis à mal, alors que d’autres choix budgétaires sont possibles et nécessaires. Nos jeunes, nos étudiants méritent mieux ! 

Les Groupes d’Action orléanais de la France Insoumise 

Commentaires

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  1. Fut un temps, dans un autre pays, où des gens (en particulier des paysans compte tenu du “public” visé, des gens des campagnes) étaient formés en 6 mois pour soigner les maladies peu ou pas graves, chargés aussi de faire de la prévention et de l’information.
    Pour les soins ils utilisaient essentiellement la médecine traditionnelle à base de plantes. Et les résultats furent excellents pour tout ce qui concernait les maux du quotidien .
    On les appelaient les médecins aux pieds nus parce qu’ils avaient l’habitude de vivre pieds nus. C’était en Chine à une époque où la rentabilité financière de la médecine n’était pas (encore) le but recherché.

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