Beau livre : L’art du vitrail en Touraine au XIXe siècle

Le XIXe siècle a été une période propice au vitrail en Indre-et-Loire. Une terre d’élection pour cet art presque exclusivement religieux raconté dans le beau livre Le vitrail en Touraine au XIXe siècle, un foyer de création. 

Par Sophie Deschamps 

Détail photo verso livre Le Vitrail en Touraine au XIXe siècle. Capture Sophie Deschamps

Quand on évoque l’art du vitrail dans notre région, on pense tout de suite à ceux de la cathédrale de Chartres et au Centre International du Vitrail situé à quelques pas de l’édifice religieux. Pourtant, c’est bien en Touraine, dans les années 1800 que cette pratique artistique a connu son troisième âge d’or. Pour s’en convaincre il suffit d’ouvrir Le vitrail en Touraine au XIXe siècle, un foyer de création (éditions Lieux Dits). Un beau livre concocté par le service patrimoine et inventaire de la Région Centre Val-de-Loire avec une iconographie très riche et des textes érudits d’Olivier Geneste, docteur en histoire de l’art qui raviront les amatrices et amateurs de ces panneaux de verre coloré. 

Et ce n’est pas un hasard si ce renouveau a eu lieu en Touraine. En effet, cette région était déjà riche d’une longue tradition verrière remontant au XIIe siècle et dont la cathédrale Saint-Gatien de Tours est le principal témoin encore aujourd’hui, notamment avec un ensemble unique de quinze verrières réalisées vers 1260, situées dans les parties hautes du chœur.

Mais la mode du vitrail est fluctuante. Il faudra en effet attendre ensuite le XVe siècle pour voir un premier retour en grâce de cet art. Ainsi, toujours pour la cathédrale tourangelle, des panneaux sont réalisés en 1460, qui illuminent dans un premier temps les baies hautes de la nef, avant de rejoindre les claires-voies de la façade et de la rose nord de la cathédrale où ils sont toujours.

Les liens sont alors étroits avec les peintres dont l’illustre tourangeau Jean Fouquet, qui « aurait reçu de Louis XI la commande de deux verrières illustrant la vie de Clovis destinées à la basilique Saint-Martin ».

Un nouvel âge d’or visible à travers les vitraux d’une quarantaine d’églises d’Indre-et-Loire. Olivier Geneste nous apprend ainsi que « l’ensemble de vitraux Renaissance le plus important est sans conteste la parure de verre de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude » située près de Richelieu.

Mais ces œuvres n’empêchent pas le vitrail de connaître une nouvelle éclipse aux XVIIe et XVIIIe siècles. La faute, entre autres, au verre blanc, préféré « pour laisser entrer davantage de lumière dans les édifices ». Peu à peu, les techniques et les savoir-faire se perdent, « les peintres-verriers deviennent avant tout des vitriers ».

Julien-Léopold Lobin, maître verrier incontesté

C’est seulement dans le deuxième quart du XIXe siècle que le vitrail retrouve ses lettres de noblesse grâce à « un goût pour le Moyen-Âge, incarné par le style “Troubadour” mais aussi grâce à un renouveau du sentiment religieux et à la naissance progressive de la notion de monument historique ». La ville de Tours y participe bien sûr grâce notamment à la “Manufacture de vitraux peints de Tours”, créée en 1847 et propriété de la famille Lobin durant près de 60 ans. En 1873, Julien Fournier et Armand Clément, deux anciens de l’atelier Lobin fondent la “Manufacture tourangelle de vitraux”. Deux ateliers concurrents qui « vont faire rayonner l’art du vitrail dans un grand nombre de départements français et même à l’étranger jusqu’au début du XXe siècle » précise Olivier Geneste.

Dans les années 30 L’Art déco se dépouille de toute référence aux styles historiques comme on le constate chez les maîtres-verriers Charles Lorin à Chartres, Louis Gouffault à Orléans et un peu plus loin chez Maurice Bordereau à Angers.

Après la Seconde Guerre mondiale et ses terribles dégâts, l’heure est à la restauration des vitraux avec l’invention à partir de 1980 de techniques innovantes par Hervé Debitus dont les couleurs vitrifiables et « la conception de verrières thermoformées destinées à la protection, par doublages, des ensembles historiques ».

Par ailleurs, le recensement précis de ces vitraux permet de savoir que « les verrières antérieures au XIXe siècle représentent seulement 6% du corpus, alors que 65% datent de la période 1830-1905.» 

Capture photo livre L’Art du vitrail en Touraine. Vitrail L’Aurore Lux Fournier 1896. Brasserie L’univers, Tours

Enfin à Tours, une très belle verrière est visible en couverture non pas d’une église mais de… la brasserie L’univers. Construits en 1886, les trois panneaux emblématiques de La Belle Époque ont été déplacés au-dessus de la nouvelle salle en 1896. Ainsi, « La Nuit et L’Aurore qui se faisaient face initialement sont alors disposées côte à côte, afin de permettre l’installation d’un nouveau panneau qui occupe l’un des grands côtés de la verrière. (…) Cette verrière constitue un rare exemple, à Tours, d’un programme profane de grande ampleur ».

Le reste est à découvrir dans ce beau livre à glisser, pourquoi pas, en cadeau sous le sapin.

Couverture livre L’Art du Vitrail en Touraine

Le vitrail en Touraine au XIXe siècle, un foyer de création

Textes d’Olivier Geneste

Photographies de Thierry Cantalupo, Vanessa Lamorlette-Pingard et François Lauginie

Cartes de Myriam Guérid et Frédéric Morin

 Éditions Lieux-Dits. 22,50 euros

Photo de Une : Vitrail de la verrière du chœur de l’église de Savigny-en-Véron (37). L’ange Raphaël, 1848.

 

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