Tours : L’Église enfin à l’écoute des victimes de l’abbé Tartu

Un an après l’accablant rapport de la commission Sauvé (CIASE) sur les violences sexuelles des prêtres et des clercs dans l’Église, une douzaine de collectifs de victimes, dont celui  des Voix Libérées de Tours, se retrouvera à Paris ce samedi 8 octobre 2022. L’occasion de faire le bilan de ce collectif près d’un an après sa création.

Par Sophie Deschamps 

L’Église de France toujours mal en point après les scandales de pédocriminalité. Photo Sophie Deschamps.

Le 5 octobre 2021, la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église (CIASE) rendait, on s’en souvient, un rapport officiel accablant mettant à jour plus de 330.000 victimes depuis les années 50. À Tours, un collectif Les Voix Libérées se créait fin 2021 pour faire reconnaître les anciens petits chanteurs victimes de l’abbé Bernard Tartu avec à ce jour neuf dépôts de plainte. Mais que s’est-il passé depuis un an ?

Pour y répondre, Mag Centre a réalisé un entretien exclusif avec Christian Gueritauld, coordinateur de ce collectif Les Voix Libérées. Il évoque tout d’abord la messe célébrée le 20 mars 2022 par l’archevêque de Tours, Mgr Vincent Jordy. Une célébration dédiée aux victimes de la pédocriminalité dans l’Église « à laquelle nous ne savions pas si nous étions les bienvenus mais finalement Mgr Jordy  a accepté de nous rencontrer juste avant. Il a alors pris fait et cause pour nous, sous-entendant que nous disions la vérité mais sans dire que l’abbé était coupable. (Il existe un comité de soutien de l’abbé Tartu qui nie l’existence de victimes, NDLR). Puis, durant la messe, il a eu un geste fort puisqu’il a serré la main de toutes les victimes. »

En juillet, l’archevêque a accepté de revoir quelques victimes mais pas le collectif :      « Ça a été toutefois positif. Nous avons pu lui expliquer que nous voulions construire quelque chose avec lui sans forcément faire du show dans la presse. Donc, les échanges ont été plutôt tranquilles. Les victimes présentes, Christophe et Frédéric ont aussi apprécié cet entretien, d’autant plus qu’ils sont suivis par la psychologue du diocèse que Mgr Jordy a mise en place à travers la cellule d’écoute et cela se passe bien avec elle. Pour nous, tout cela va dans le bon sens mais nous lui avons dit que nous aimerions participer plus en tant que collectif. Il nous a alors rassurés en indiquant qu’il y aurait du nouveau à l’automne.»

Une conférence pour une Église sûre

Et de fait, le 27 septembre 2022 MgrJordy a tenu une conférence à la maison diocésaine de Tours sur le thème “Pour une Église sûre, un an après la CIASE” :            « Nous aurions aimé participer à la préparation de cette conférence mais notre demande est restée sans suite. Nous y avons tout de même assisté. Nous avons été accueillis chaleureusement par la psychologue de la cellule d’écoute et placés devant dans la salle. Mgr Jordy a fait une présentation linéaire de ce qui s’est passé depuis le rapport Sauvé mais pour nous ce n’était pas très probant. Il a ensuite décliné ce qui s’est passé en Indre-et-Loire, donc là il a bien été obligé de parler des victimes  mais il n’a pas cité de noms. Il a toutefois évoqué une affaire particulière (celle des victimes du père Tartu, NDLR)  qui elle est sur le bureau du procureur et toujours en cours.

À la fin de sa conférence, Mgr Jordy ne souhaitait pas répondre aux questions de la salle mais je me suis permis de prendre le micro de façon un peu autoritaire. J’ai alors indiqué en quelques minutes que nous aurions aimé que les victimes puissent évoquer leur parcours. Et qu’il faut maintenant les accompagner et les mettre au centre des préoccupations de l’Église. J’ai enfin salué le travail de la psychologue de la cellule d’écoute. »

Des dossiers déposés auprès de l’INIRR

Christian Gueritauld a également indiqué que les victimes du père Tartu avaient déposé un dossier auprès de l’inirr, instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation pour les victimes sexuelles de l’Église quand elles étaient mineures. Il a déploré « la lenteur du traitement des dossiers mais aussi la difficulté de reprendre cette mémoire-là pour les victimes. »

Par ailleurs, fin décembre 2021, le diocèse de Tours a versé 125.000 euros au SELAM, une structure récoltant les fonds destinés à indemniser les victimes de pédocriminalité dans l’Église souhaitant une réparation financière.

La pièce de théâtre “PARDON ?” de Laurent MARTINEZ le Mercredi 19 octobre, à 20h, à l’Eglise St-Julien, à Tours.
“Un homme ayant été victime d’abus sexuels de la part d’un prêtre, quand il était enfant, peut-il trouver l’amour ? Gabriel en est persuadé lorsque son regard croise celui de Camille. Mais peut-on guérir de telles blessures ? En parallèle de cette histoire, l’Eglise catholique s’interroge sur ses prises de position : où est la vérité ?”
“Pardon ?” ose parler de la pédophilie et de ses conséquences. Les multiples rebondissements emmèneront le spectateur en dehors de sa zone de confort… jusqu’à remettre en question les préjugés ?

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