Géraldine Aresteanu, l’humain avant tout

Géraldine Aresteanu, photographe orléanaise, sera l’invitée d’honneur des Rencontres photographiques d’Ingré (45), du 19 au 23 octobre. Hommage à un regard résolument humaniste, qui fait voir le monde autrement. Pour notre bien.

Par Jean-Luc Bouland

Géraldine Arestreanu, autoportrait

Il y a parfois des rencontres étranges, qui ne peuvent laisser indifférent. Des moments insolites où, devant une tasse de thé, entre deux regards et deux phrases inachevées, ce qui n’est pas dit est plus fort que ce qui est suggéré. Et tout cela avec le sourire, comme pour (re)découvrir le monde d’un autre oeil, celui d’une photographe humaniste, par exemple. Ainsi en fut-il récemment, tout simplement, dans l’ambiance cosy de la cuisine orléanaise de Géraldine Arestreanu, photographe tout autant que nomade, franco-roumaine amoureuse de Bucarest et de New-York, des bords de Loire et des lieux insolites, partout où il y a des hommes et des femmes que l’on dit étrangers, un mot noble pour elle.

La valeur des êtres humains

Etrangers

Depuis qu’elle exerce son métier, par empathie profonde avec les humains, Géraldine Arestreanu, ne connait pas de petits et de grands lieux, mais juste des morceaux de terre où les gens vivent, parlent, existent. Elle est exposée en réel ou en virtuel, dans les couloirs du métro parisien avec les agriculteurs ou dans le Berry, Outre-Atlantique ou à l’Institut du Monde arabe, et observe toujours le monde avec le même regard. Parfois pendant 24h, avec les agriculteurs, le personnel de l’hôpital ou une dame de 91 ans. Ainsi, en ce mois d’octobre 2022, revenue d’un voyage en Cis-Jordanie avec une troupe de cirque, invitée des Rencontres photographiques d’Ingré, elle a réussi, entre deux reportages, à caler un rendez-vous avec les élèves du collège de la commune pour présenter sa démarche, et les deux séries exposées à l’espace Lionel Boutrouche, “Etrangers” et “Stop kidding”.

Etrangers

Etrangers ? Cette série a déjà été présentée au printemps sur le Parvis de l’Institut du Monde arabe, montrant “des portraits de travailleurs étrangers contribuant à la vie et à la réussite de notre société“, Géraldine estimant que “un travailleur existe non par ses origines mais par ses compétences“. Et, pour réussir ce pari, elle a sillonné la France, multipliant les rencontres et les expériences, et se confrontant parfois à des expériences douloureuses…qui ont impulsé sa seconde série, “Stop kidding”.

Stop kidding ? Il s’agit ici d’un projet difficile, pour lequel il est compliqué de trouver une écoute, des aides pour le financement. Un sujet tabou. Il est question des enfants migrants qui se retrouvent à la rue en France, ignorés par l’Etat qui refuse de reconnaître le fait qu’ils soient mineurs (Un mineur isolé étranger est dispensé de titre de séjour et est donc en situation régulière jusqu’à sa majorité)“. Une situation qui choque la générosité innée de Géraldine. Réalisée en noir et blanc, la série présente “des photos d’enfants et d’hébergeurs, les photos d’une main tendue“, et veut montrer “que cela est possible, que ce n’est pas si difficile d’ouvrir sa porte (…) Les visages des enfants sont cachés : les « non reconnus ».

Extrait de la série “Stop kidding” – Photo Géraldine Arestreanu

Une photographe “engagée”

Habituée des expositions destinées principalement au grand public, Géraldine Aresteanu se verra cette fois confrontée à un autre public, celui des photographes, heureux de l’inviter, et avides de l’écouter parler photographie, d’expliquer sa démarche, et ses techniques. Oups. “Mes photographies , je les fais avec mon Canon. Mes éclairages ? Avec ma lumière“, esquive avec un grand sourire celle qui, professionnelle depuis 1990, installée à Orléans depuis 1998 et lauréate en 2001 des prix Fondation de France et Fondation Crédit Mutuel, n’a pas fait l’école Louis Lumière parce qu’elle n’aimait pas assez les maths, et préférait partir en reportage. Alors, laisse-t-elle entendre, “mieux vaut travailler son regard et son projet que la technique pure“. Voilà un parti-pris qui va bien avec son engagement de tout instant, préférant les humains, leurs valeurs et leurs différences à la froide technologie. Et qui donne une drôle d’envie, autant artistique que photographique : réaliser un reportage intitulé “24 heures dans la vie de Géraldine Aresteanu“.

Stop Kidding – Géraldine Aresteanu

Commentaires

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  1. Très beau portrait : inspiré, riche et sensible ; à l’image de la portraitiste !

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