Sylvain Gillet, auteur en mots majeurs

Samedi 15 et dimanche 16 octobre, l’auteur montargois Sylvain Gillet présentera au salon D’art d’art de Sully sur Loire son nouveau roman, Venenum. Difficile de trouver les bons mots pour décrire ses “polars rigolos”, car il les a déjà tous pris, et savamment utilisés.

Par Jean-Luc Bouland

Si certains bourgeois font de la prose sans le savoir, d’autres gentilhommes maîtrisent à l’envi l’art consommé de vous perdre dans des univers improbables pour vous assener après une belle description déliro-abracadabrantesque une réalité bien crue qui vous remet vite fait les pieds sur terre, les mains dans le cambouis et le reste là où vous pouvez. Ainsi en est-il du sieur Sylvain Gillet, auteur atypique du Montargois, qui vient de publier aux éditions Ramsay son troisième “polar rigolo”, un pavé de 390 pages au débit bituré et à l’humour ravageur, où l’intrigue est très imbibée d’évanescentes notes de blues.

Trois polars rigolos

L’ouvrage, intitulé Venenum, est paru le 3 octobre dernier, et sera présenté à l’impatient public ces 15 et 16 octobre à Sully sur Loire, au salon D’art d’art. Une nouvelle aventure d’Abel Diaz, un guitariste de blues jazz rock frisant autant la cinquantaine que peignant la girafe, si tant est qu’il puisse en trouver une. D’aucuns l’auront apprécié en 2018 dans Ludivine comme Edith, une aventure se déroulant beaucoup dans le gâtinais loirétain, où l’improbable et gaffeur enquêteur s’évertuait à résoudre l’énigme de la mort suspecte d’une jeune comédienne de province.

En cette automne 2022, pour Venenum, le zicos guitareux délaisse un peu sa compagne accordée pour découvrir l’infâme qui a dézingué sur un bateau de croisière un vieil ami bluesman. Une aventure se déroulant aux deux tiers en huis-clos sur les flots azurés, où l’impétrant donne concerts, mais aussi à Lisbonne, New-York, Paris, et dans le Gâtinais. « C’est une phrase que je mets dans tous mes bouquins : Châlette sur Loing, la plus belle commune du Loiret, banlieue de Montargis, la Venise du Gâtinais », souligne l’écrivain en herbes folles, entre deux dédicaces colorées, l’aventureux lecteur ayant à chaque fois l’obligation de choisir le stylo adéquat, pour l’arrêter un instant de sautiller derrière son étal. “Je suis un auteur à rebondissements, et je le prouve“, dit-il, remettant pour l’occasion son ancien costume d’intermittent du spectacle.

Planches et gélatine

Sylvain Gillet en dédicace au salon du livre de Ladon (juillet 2022) – Photo JLB

Naguère, ce natif de Reims à l’écriture pétillante, inspiré par Bukowski, Fajardie, Audiard, et surtout pas San Antonio, était intermittent du spectacle, avant d’arriver en Montargois. Comédien, réalisateur, scénariste, surfant entre cafés-théâtres, salles obscures et bancs de montages, il commit même quatre courts-métrages, dont un présenté au festival de Sydney, en Australie, qui lui valut une rencontre mémorable. “J’ai fait des films qui ont bien marché, avec François Rollin, Julien Guyomard, Jean-Claude Dreyfus. Et arrêté car l’époque était de plus en plus difficile, quand Bolloré a racheté Canal plus“. Mais c’est à Sydney qu’il a rencontré Bertrand Tavernier.

« Figure-toi que je lui ai fait une projection dans un cinéma de Sydney, rien que pour lui. J’avais été sélectionné au festival du court métrage de Sydney. Lui, c’était la vedette du long. Il se barrait le lendemain matin, il ne pouvait pas assister le soir à la projection des courts. Je lui propose un DVD. Il me dit non, les films je les regarde sur grand écran. Mais j’ai un copain qui tient un cinéma français à Sydney. Il est ok. Tu peux me faire la projo…J’étais seul dans la salle avec Bertrand tavernier. J’ai fait ma projo ». La classe.

Entre deux aventures d’Abel Diaz, Sylvain Gillet a aussi pondu “Commedia nostra”, autre polar entraînant un comédien et ses comparses dans une délirante aventure picaresque, fortement pimentée par quelques influences maffieuses. Sans conteste, le bonhomme a de l’imagination et de l’humour à foison. Tout le contraire “du genre d’individu qui nous fait penser que, décidément, la mère des cons est loin d’être ménopausée“, décrit, après rencontre, en page 11 de Venenum. Le tout est de la même veine. Et c’est palpitant.

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