La Sentence de Marco Cattoï est passée par Vierzon

Sur la scène du théâtre régional Mac Nab, névroses, mais aussi délivrance et guérison du créateur de la Compagnie Just’à 2, Marco Cattoï, ont fait une halte chorégraphique remarquée avec « la Sentence des Dieux ». « On naît comme on est, on est comme on naît », dans la lumière d’une rosace de cathédrale, cinq artistes jouent, dansent, récitent, seuls et ensemble. Là, chacun apporte son bagage émotionnel et artistique.

Par Fabrice Simoes

Cinq danseurs, danseuses pour la Sentence des Dieux de Marco Cattoï. @Fabrice Simoes

Tout près de la scène, une danseuse, les yeux mi-clos, cherche la concentration. Une autre replace sa genouillère, les contraintes physiques de la danse assurément. Une troisième est allongée sur le feutre rouge d’un fauteuil et d’un strapontin. Plus loin, l’un des danseurs effectue des exercices d’échauffement. Dans la pénombre, ils enchaînent les mouvements de Qi Gong. Alors que la sonnerie stridente continue de percer les tympans, ils sont tous déjà dans leur univers. C’est l’heure de l’exercice incendie obligatoire d’avant spectacle. Le moment sécurité de la journée, il faut en passer par là. Tandis qu’un “nous vous demandons de quitter les lieux par les sorties les plus proches” résonne dans le théâtre régional Mac Nab, à Vierzon, chacun se prépare à sa façon, selon ses habitudes, selon son propre protocole intérieur.

Dans quelques heures aura lieu une représentation de « La sentence des Dieux » de Marco Cattoï. La quatrième seulement depuis octobre 2021 alors que la création est sur le feu depuis 2020. La Covid est est aussi devenue un passage obligatoire. Ses effets négatifs se font toujours sentir. En haut, plus très loin des cintres, assis près de Martha, l’ingé lumière qui prend ses marques et des notes, l’auteur – metteur en scène – chorégraphe attend que l’alerte soit terminée, toutes vérifications techniques faites, pour lancer le filage…

Jeux de mains, jeux de pomme, jeux du destin @ Fabrice Simoes

De Rome à l’Occitanie, en passant par le Berry

Dans « la Sentence des Dieux », elles sont cinq personnes touchées par des névroses différentes. Elles peuvent être étroites d’esprit, avoir été touchées par un deuil, par un brin de folie, ou par la culpabilité. Elles ont pris conscience ou pas encore accepté leur différence. Elles sont là, enfermées, ensemble, dans une église en Illinois. Ces gens s’appellent Mary-Jane, Jamie, Cody, Petronella ou encore Cindy et « vont se confronter, eux et leurs maux, pour entamer un processus qui les conduira peu à peu vers la délivrance et la guérison ». Même si elle n’est qu’une fiction, la quatrième création de Marco Cattoï et de la compagnie Just’à 2, est « une pièce intime inspirée du propre vécu du chorégraphe ». C’est lui qui le dit dans la note d’intention du spectacle. Comme ses personnages, Marco « à travers ses décisions », se veut maître de son destin. Pourtant « parfois la vie nous joue des tours et nous impose des situations. Ce sont ces moments de vie imposés par un Dieu, plusieurs dieux… » estime-t-il.

Lui, d’origine italienne, a entamé sa formation professionnelle au sein de l’Accadémia Nazionale di danza, à Rome, dans les années 90. Il aura été danseur de la compagnie d’Anne-Marie Porras et est devenu par la suite assistant de Alain Gruttadauria (professeur au centre des Arts Vivants à Paris, entre autres). Un parcours qui l’a conduit – poussé par un dieu, des dieux – à transmettre et à bâtir une formation destinée aux danseurs. Un dieu, des dieux, peut-être, l’ont poussé à créer la compagnie Just’à2 en 2015 basée en Occitanie. Dans la foulée, un duo « La vérité de l’autre », premier opus de la structure, et qui questionne sur les relations fusionnelles, s’est imposé. Après « Lebensfälle, » en 2016, l’histoire d’un bal et de ses personnages livrés au hasard, ou pas, « Ho chiesto à Dio », en 2017, déjà une interrogation quant au destin, à la spiritualité et la religion, la « sentence » devait se faire jour en 2020. Las, la pandémie en a décidé autrement. Cependant, cette suite logique vient au bout du processus créatif. Comme au terme de cette sentence où survient une forme de rédemption heureuse et jouissive au son de Gloria Gaynor. « I am what I am ». C’est certain Marco, Lisa, Pauline, Mirabela, Alexandre, Emilien, et Martha aussi, sont ce qu’ils et elles sont. Point barre ! C’est peut-être la volonté d’un Dieu, quel que soit son nom ou de plusieurs dieux, quels qu’ils soient.


Plus d’infos autrement sur Magcentre : Théâtre d’Orléans : les saisons s’emparent de la scène

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    • matin 10°C
    • après midi 14°C
  • samedi
    • matin 8°C
    • après midi 10°C
Copyright © MagCentre 2012-2024