Marc Gaudet après Zone Interdite (M6) : “Nous allons revoir tous nos agréments “

Suite à l’émission Zone Interdite du 16 octobre 2022  de M6 sur les manquements de la protection de l’enfance un peu partout en France, le président du Loiret, Marc Gaudet a mis fin au financement d’une association auvergnate qui accueillait des enfants du Loiret. Une décision qu’il explique en détail et en exclusivité pour Mag Centre.

Par Sophie Deschamps 

Marc Gaudet, Président du Loiret Photo Sophie Deschamps

Zone interdite : Familles d’accueil, hôtels sociaux : le nouveau scandale des enfants placés. (la vidéo n’est plus disponible hors abonnement). L’intitulé de cette émission choc de M6 ne laissait guère de doutes sur son contenu lors de sa diffusion le dimanche 16 octobre 2022 au soir. Le Loiret y était très vite pointé du doigt pour avoir confié des enfants à une association auvergnate peu scrupuleuse. En effet, deux journalistes de la chaîne se sont faits passer pour une famille d’accueil et devaient se voir confier un mineur, sans que leur identité et leur casier judiciaire n’aient été vérifiés, le tout filmé en caméra cachée.

Des révélations qui n’ont bien sûr pas laissé.e.s insensibles les élu.e.s du Conseil Départemental du Loiret, à commencer par son président Marc Gaudet.

S. D : Marc Gaudet, quelle a été votre réaction ce 16 octobre 2022 face aux révélations de l’enquête de M6 ?

M.G : C’est vrai que j’ai été particulièrement choqué par la légèreté du comportement et des paroles tenues par la directrice de cette association Enfants Vacances. Une association je tiens à le préciser, agréée Jeunesse et Sports par la préfecture de Corrèze pour des séjours de rupture courts d’enfants de notre département et donc financés par le Loiret. Je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’assistants familiaux ce qui ne veut pas dire que ces personnes ne sont pas compétentes. Par ailleurs, nous avions diligenté une enquête auprès de cette association une dizaine de jours après l’interview de M6 mais sans connaître le contenu du reportage. Nos trois enquêteurs n’avaient pas relevé de dysfonctionnements particuliers. 

Toutefois, dès le lundi 17 octobre, j’ai envoyé un courrier au préfet de Corrèze pour le prévenir et dans le même temps j’ai envoyé un courrier à tous les départements qui avaient des enfants accueillis dans cette structure.

Néanmoins, nous avions été alertés quelques jours avant la diffusion de l’émission par Charlotte Caubel, la ministre chargée de l’enfance qui, elle, avait vu le reportage en avant-première. Elle m’avait alors appelé suite aux propos inappropriés de la directrice. Donc lors d’une réunion de la commission permanente, j’ai fait retirer la délibération  qui prévoyait un conventionnement direct du Loiret avec cette association. Bien sûr, les sept enfants concernés ont été rapatriés mais je tiens à dire qu’à aucun moment ces enfants ont été en danger. Les familles sont irréprochables, c’est l’attitude de la directrice qui est en cause.

S.D : Du coup vous allez revoir votre politique d’agréments ?

M.G : Oui, nous travaillons par exemple avec l’association Cigales et Grillons depuis le confinement avec notamment des enfants accueillis au Domaine du Ciran et qui d’ailleurs sont ravis d’être en pleine nature et près des animaux. Mais ils sont encadrés par des moniteurs éducateurs et non des éducateurs spécialisés comme l’exige la loi Taquet sur la protection de l’enfance du 7 février 2022. Nous allons donc revoir notre partenariat afin que cette association obtienne un agrément ASE (Aide Sociale à l’enfance, NDLR).  Mais tant que ce n’est pas fait nous allons retirer les enfants que nous leur avons confiés avant le 31 décembre 2022. Nous allons le faire pour tous nos agréments Jeunesse et Sports mais progressivement parce que je n’ai pas envie qu’une centaine de gamins se retrouvent placés ensemble à la Maison de l’Enfance d’Orléans !

S.D : Autre dossier sensible, celui des mineurs proches de la majorité accueillis dans des hôtels. Cette pratique sera interdite début 2024 toujours avec la loi Taquet. Vous accueillez encore 79 jeunes de cette façon, quelles vont être les solutions pour eux ? 

M.G : « Ce sont surtout des mineurs étrangers non accompagnés qui sont dans ces hôtels plus que des enfants de l’ASE. Ce sont les plus autonomes qui sont placés dans ces établissements. Ils sont proches de la majorité et certains travaillent. Toutefois, nous sommes passés de 324 jeunes en hôtel en 2018 à 79 en 2022. Mais ils ne sont pas livrés à eux-mêmes, un éducateur référent passe les voir environ tous les deux jours. Mais cette solution n’est pas satisfaisante. Nous sommes donc à la recherche d’accueillants familiaux pour ces jeunes-là. Il y a aussi la piste des foyers de jeunes travailleurs mais c’est un peu comme à l’hôtel. Certains peuvent aussi se mettre en colocation. Là, il s’agit de jeunes du dispositif PARI (Parcours Autonomie Réussite Insertion, NDLR) que l’on accompagne au-delà de leur majorité. Il faut donc que nous disposions d’une panoplie de solutions pour ces jeunes parce qu’ils sont tous différents !

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