De Montargis à Paris, un roman enquête sur les traces des Presque soeurs

En 1942, l’administration de Vichy organisa des rafles partout en France. La plus connue est celle « du Vél d’Hiv », les 16 et 17 juillet. A Montargis, en octobre 1942, six petites filles furent ainsi retirées de leurs familles d’accueil (leurs parents avaient déjà été arrêtés dans le courant de l’été) et emmenées au camp de Beaune-la-Rolande.

Par Izabel Tognarelli

Trois d’entre elles Henriette, Jacqueline et Mireille Korman (âgées de 3, 5 et 10 ans), étaient les cousines du père de Cloé Korman, romancière. Leurs destins se sont trouvés liés à ceux de trois autres petites filles, leurs trois « presque sœurs », depuis la prison de Montargis, jusqu’aux « foyers » de l’UGIF (Union générale des israélites de France, une entité émanant des lois antijuives de 1941), en passant par le camp de Beaune-la-Rolande. Les trois petites Korman sont mortes à Auschwitz, tandis que les trois autres petites filles réussirent par miracle à s’échapper, à Paris.

Le Goncourt en guise de reconnaissance ?

Cloé Korman a mis ses pas dans ceux de ces petites filles, de Montargis à Beaune-la-Rolande, puis dans chacun des centres de l’UGIF où la sinistre administration du gouvernement de Vichy avait soigneusement enregistré leurs passages dans ses registres. Auteur de Tu ressembles à une juive, essai autobiographique publié en 2020 (Seuil), Cloé Korman a aussi reçu le prix du Livre Inter et le prix Valery-Larbaud pour son premier roman Les Hommes-couleurs, publié en 2010, toujours aux éditions du Seuil.
En 2022, Les Presque Sœurs figure dans la deuxième sélection du Prix Goncourt : le jeudi 3 novembre, on saura lequel des quatre romans finalistes a été retenu. Le mardi suivant, c’est peut-être la lauréate du plus prestigieux prix littéraire français qui sera l’invitée du CERCIL à Orléans, mais ce sera avant tout l’auteur d’un touchant roman qui redonne voix, corps et identité à ces enfants victimes de l’une des plus atroces barbaries.

Edit – Le roman qui retrace le parcours des six petites filles a suscité l’émoi chez celles qui l’ont inspiré. Parlant d’un « vol d’histoire », les intéressées n’avaient pas imaginé se retrouver parmi les personnages principaux du récit « sans nous demander l’autorisation préalable ». Plusieurs changements, notamment noms et prénoms des personnages du roman, ont été effectués à la demande des sœurs. Malgré tout, elles assurent que les lecteurs peuvent toujours les reconnaître et vivent mal le fait de voir apparaître dans le roman certains détails privés de leur famille. Aucun recours n’est envisagé aujourd’hui, mais cet épisode dénote une nouvelle fois la difficulté à concilier réalité et fiction lors de la conception d’un roman.

 

Mardi 8 novembre à 18h au Cercil 
Musée-Mémorial des enfants du Vel d’Hiv, 45 rue du Bourdon-Blanc, à Orléans.
Entrée libre, réservation conseillée au 02 38 42 03 91
ou sur cercil@memorialdelashoah.org

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Orléans : le pape Pie XII sur la sellette au Cercil

Commentaires

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  1. Gros problème ! les 3 petites filles survivantes, aujourd’hui âgées, l’aînée a 93 ans, dénoncent le roman, comme “un vol” de leur histoire.
    L’autrice les a rencontrées, mais assurent-elles, “jamais il n’a été question d’une publication concernant notre histoire”. Elles parlent d’abus de faiblesse.
    D’autant plus que des secrets médicaux les concernant sont dévoilés.
    A 3 jours du Goncourt, ça la fiche mal !

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