« Sans oui c’est interdit », la campagne contre les violences sexistes et sexuelles débarque dans les universités du Centre-Val de Loire

Le ministère de l’Enseignement supérieur a dévoilé son plan d’action pour combattre les violences sexistes et sexuelles dans les universités et les écoles. Si plusieurs mesures ont déjà été réalisées depuis le début de l’année, le ministère compte bien passer la vitesse supérieur avec le déploiement d’une campagne nationale de sensibilisation au consentement lancée au sein même des établissements. D’autant qu’il y a urgence tant la situation est alarmante.

Par Maël Petit

Une des affiches de la campagne sur le consentement déployée dans les universités.

140 000. C’est le nombre d’étudiants qui déclarent avoir été victimes de violences sexistes ou sexuelles au cours de l’année universitaire 2019-2020. Terrible constat pour le secteur, surtout que le sexisme et les agressions se multiplient selon une récente étude inédite, baptisée Acadiscri, et dévoilée le 20 octobre 2022 lors d’un colloque de l’institution indépendante en charge de la lutte contre les discriminations. Les jeunes femmes sont sans surprise en première ligne. Une sur cinq dit avoir été confrontée à des comportements déplacés, notamment « sous couvert d’humour », non sans oublier un phénomène de répétitions dans les témoignages des étudiantes.
Hasard du calendrier, le ministère détaillait deux semaines plus tôt son plan d’action pour lutter contre ces VSS (violences sexistes et sexuelles), tout en soulignant le travail déjà accompli en la matière. L’Etat compte même doubler le budget consacré à la lutte contre les VSS en 2023, avec en point d’orgue le déploiement d’une vaste campagne nationale de sensibilisation au consentement dans les établissements de l’enseignement supérieur à partir de mi-octobre 2022.

Orléans, université motrice sur la lutte contre les VSS

Interpeller, questionner et sensibiliser chaque acteur sur la notion de consentement, voici les objectifs affichés par le ministère à travers cette opération de communication. Intitulée « Sans oui c’est interdit », cette campagne vise à « développer une culture commune autour du consentement et de la lutte contre les VSS », explique Didier Chavrier, vice-président à l’égalité et la qualité de vie au travail de l’université d’Orléans, elle est présente sur tous nos espaces numériques de travail et on ne peut clairement pas passer à côté ». Ainsi affiches et autres déclinaisons de supports dématérialisés sont communiqués par l’université d’Orléans sur les réseaux sociaux, plateformes privilégiées pour toucher un maximum d’étudiants qui semblent, de leur côté, réceptifs d’après Didier Chavrier. « Nous avons des premiers retours positifs d’étudiants sur cette campagne avec une thématique qui a pris de l’ampleur ces dernières années, poursuit-il, mais il faut souligner que nous sommes une université pionnière en matière d’actions sur les VSS. Cette campagne vient compléter notre calendrier d’événements déjà chargé lié à l’égalité et à la diversité ». Il faut dire qu’Orléans a fait du sujet des violences à l’université un de ses chevaux de bataille sous l’impulsion de son vice-président. Près d’une cinquantaine d’actions autour de cette thématique étaient prévues à l’agenda 2022 de l’établissement.

Les projets des universités d’Orléans et Tours retenus par le ministère de l’ESR

Peut-être est-ce pour cette raison que le ministère a tenu à mettre en exergue le travail de l’université d’Orléans, lui accordant par la même occasion une subvention de 20 000 € dans le cadre d’un appel à projets lancé début 2022. Parmi les 42 retenus, celui mutualisé par l’université d’Orléans, l’INSA Centre-Val de Loire et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) – afin de créer l’Alliance Centre-Val de Loire de l’ESR contre les violences sexistes et sexuelles – a particulièrement retenu l’attention du comité de sélection. Les trois établissements portent ainsi un projet commun de prévention, de sensibilisation et de formation à l’échelle de l’ensemble de la région, soit 14 sites géographiques, 7 villes, 25 000 étudiantes et étudiants et plus de 3 000 personnels.
« Il s’agit de fédérer nos forces, enchéri Didier Chavrier, créer une synergie pour mettre en place des sessions de sensibilisation, de formations pour l’ensemble du personnel universitaire », et permettre ainsi une meilleure prévention des violences et une meilleure prise en charge des victimes au sein de l’université.

L’université de Tours fait partie des établissements reconnus pour ses actions contre les VSS. ©UnivTours


Si les actions de l’université d’Orléans ont été saluées par le ministère, son homologue tourangelle n’est pas en reste. Soutenu également dans le cadre de cet appel à projet, l’université de Tours s’est vu attribuer une dotation de 10 000 € pour renforcer sa cellule VSS. Prévention, formation, protection et accompagnement des victimes au cœur des enjeux… Tours compte mettre à profit cette somme pour étoffer son plan d’action de lutte contre les VSS dans les semaines à venir. Notamment avec la collaboration de plusieurs associations étudiantes, et plus largement d’organismes qui luttent contre les violences et les discriminations dans les départements de l’Indre-et-Loire et
du Loir-et-Cher.

Le programme est connu et le sujet des VSS semble désormais s’être fait une place au sein du dialogue universitaire. Reste à voir l’efficacité des actions menées alors que les signalements d’agressions se multiplient dans les établissements de l’enseignement supérieur.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Une signature symbolique entre la LICRA et l’Université d’Orléans

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