Tiens, voilà du bouquin

Ira-t-on bientôt dans un salon du livre comme dans un salon de peinture ? Au-delà d’un sourd conflit émergeant entre auteurs édités et auto-édités, quel intérêt y
a-t-il à favoriser la rencontre entre lecteurs et auteurs locaux ?

Par Jean-Luc Bouland

Le slogan est né fin novembre 2022, lors de la 2e édition du salon du livre de Sandillon. Une phrase mémorielle lancée par Christian Beaudin, pour l’association organisatrice Vitalité rurale, qui est depuis devenue comme un flambeau. « Nous sommes le circuit court entre auteurs et lecteurs ». A l’image, diront certains, des salons d’artistes, ou de photographie.

Le concept est évocateur, propre à convaincre les élus accueillant, et semble avoir fait recette. Pour 2023, l’association annonce déjà près de 10 salons, dont beaucoup de nouveaux. « Les élus ne sont pas trop difficiles à convaincre. Nous nous occupons de tout, et cela fait une animation sur la commune, à peu de frais. Et, précise-t-il, à l’échelon du département, il est même envisagé une sorte de label officiel pour certains salons ».

Rendre les auteurs visibles

L’idée est intéressante, voire séduisante. « Il y a de plus en plus d’auteurs en France. La plupart ne trouvent pas de place dans les librairies. S’ils ne veulent pas se contenter d’une présence sur internet, la participation à des salons est leur seul moyen de visibilité ». Certes. Mais, il y a une contrepartie, expliquent certains “réguliers”. « Tout dépend de ce que l’on propose. Pour des romans, des bandes dessinées, des livres pour la jeunesse, c’est jouable, car c’est ce qui intéresse surtout le public. Pour des poésies, des essais, de l’humour ou des livres d’art, c’est différent »

Car il faut payer pour y participer, compter les frais de déplacement, les repas, « ce qui est rarement couvert par les recettes des livres vendus ». Surtout quand ce n’est pas pris en charge par l’éditeur, quand il y en a. Mais, estiment certains, « nous ne participons pas à ces salons dans le seul but de vendre. Nous y faisons beaucoup de rencontres, avec le public ou les autres auteurs, et cela compte beaucoup. Surtout quand, en plus, nous découvrons de nouvelles communes ». A Vitalité rurale, certains se sentent même membres d’une “communauté d’esprit“, presque une famille.

Les mondes de l’édition

Il suffit de regarder les statistiques pour prendre la mesure de la situation. En France, par an, ce sont 100 000 livres qui sont publiés. Soit un chiffre de 500 millions d’exemplaires. Il existe 1 500 prix littéraires en France. En ce qui concerne l’auto-édition, qui prend de plus en plus d’essor, les chiffres sont encore plus éloquents.

Comme l’indique le site Publier son livre, « 20% des ouvrages autoédités sont inscrits à la BNF. 42% des livres ont d’abord été présentés à une communauté de lecteurs avant édition (pré-vente, crowdfunding, etc) et 40% des ouvrages autoédités sont des romans ou de la fiction. Il se dit aussi que la moyenne des ventes pour un livre, c’est 350 exemplaires. Et que pour paraître en livre de poche, il faut avoir déjà vendu entre 2 000 et 3 000 exemplaires ». 50% des auteurs déclarent gagner moins de 900€ par mois.

Des participations sélectives

En Nouvelle-Aquitaine, en 2023, il y aura plus de 200 salons du livre. A celui de Brive, en 2022, un visiteur témoignait sa stupéfaction quant au choix du public. « Au stand du Prix Goncourt, il y avait une douzaine de personnes. Et près de 70 en file d’attente pour une signature de Jean Lasalle ». Faut-il en ce cas faire un “casting” d’auteurs ?

Des organisateurs ne veulent que des auteurs présentés par des maisons d’édition. Et certains auteurs refusent les salons acceptant des auteurs autoédités. Alors qu’on y rencontre des maisons d’édition locales ou régionales, qui en ont compris l’intérêt.
« Et des auteurs qui ont trouvé une maison d’édition…peu regardante sur la qualité de l’ouvrage publié », ironisent quelques jaloux.

Apparemment, l’édition, c’est tout un monde, voir plusieurs. Et, conclut un auteur un peu cynique, « bref, quand les auteurs et salons sont légion, le slogan devrait être : Tiens, voilà du bouquin ». A ne pas prendre forcément au pied de la lettre.

Les rendez-vous prévus4 et 5 février, Vitry-aux-Loges (45) et Bourges (18); 5 mars, Saint-Ay (45); 18 et 19 mars, Lorris (45); 25 et 26 mars, Lamotte-Beuvron (41); 31 mars au 02 avril, Meung-sur-Loire (45); 30 avril, Combleux (45); 14 mai, Patay (45); 28 mai, Avord (18) et Lureuil (36); 18 juin, Souvigny-en-Sologne (41); 9 juillet, Tigy (45); fin septembre, Vendôme (41); Début octobre, Orléans; 14 et 15 octobre, Sully-sur-Loire (45); 5 novembre, Sandillon (45); 12 novembre, Sury-aux-Bois (45); 17 décembre, Vannes-sur-Cosson (45) et Loches (37).

Les incontournables – Du 22 juin au 23 juillet, opération “Partir en livre” avec la DRAC, sur le thème de la liberté. Fin août, Les écrivains chez Gonzague St-Bris ; 4 au 8 Octobre, Les rendez-vous de l’Histoire, à Blois.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Orléans : la librairie Jaune Citron pétille

Commentaires

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  1. “certains auteurs refusent les salons acceptant des auteurs autoédités” : où peut se nicher l’entre-soi !…

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