Pour les plateformes logistiques, tout le monde se lève…

Les plateformes logistiques, les associations ont un avis. Les plateformes logistiques, les riverains ont un avis. Les plateformes logistiques, les élus ont un avis. Les plateformes logistiques, l’administration a un avis aussi. En région Centre-Val de Loire, le sujet ne laisse pas indifférent. Comme pour une célèbre marque de crème dessert, dès qu’on en parle, tout le monde se lève…

Par Fabrice Simoes

Elus et investisseurs ont présenté récemment le projet Catella en conférence de presse. ©ER

Vent debout contre les projets de plateformes logistiques qui se multiplient en région Centre-Val de Loire, et plus particulièrement en Sologne, les associations comme le Collectif de Lamotte-Beuvron ou « Hangars tout camion, c’est non » de Vierzon ont rejoint le collectif régional Luttes Locales Centre. Ils affichent régulièrement leurs arguments sur les bords de route, ou sur des ronds-points nouveaux gilets jaunes sans gilet. De leurs côtés, les élus aimeraient bien que l’on entende un peu plus que le seul son de cloche des anti-plateformes. Parce que, pour la plupart d‘entre eux, ils sont plutôt favorables et voudraient préciser pourquoi…

Le vieux lion même pas mort

A Romorantin – projet Catella, parcelle de 18 ha, bâtiments de 44 000 m² et 28 000m²- Jeanny Lorgeoux (Ex-PS), maire indétrônable de la capitale de la Sologne, entend profiter de la proximité de l’autoroute A85 construite en lieu et place d’un projet porté par son compagnon de route socialiste, le tout aussi inamovible maire d’Issoudun, André Laignel. Pour marquer de son empreinte la relance économique de son territoire, le Romorantinais est forcément pour. Et Jeanny Lorgeoux, un peu agacé par les associations, a fait une conférence de presse pour s’expliquer et expliquer. Il estime qu’il va gagner cette bataille-là et que ceux qui s’opposent au projet sont dans l’anathème. D’ailleurs il se dit prêt à donner toutes les infos à « ceux qui viennent me voir » et même prêt à faire une réunion face à la population. « Démocratiquement il y a du débat, et c’est normal ». Jeanny Lorgeoux estime que le projet apportera « un point d’équilibre entre les implantations touristiques et industrielles. C’est un projet vertueux… ». Et d’aligner les chiffres de 50 M€ d’investissements et de 250 emplois en 5 ans, à minima. Côté écologie, on parle de réaliser la récupération des eaux et d’installer des panneaux photovoltaïques, de financer la biodiversité. Afin de réduire l’impact visuel et sonore, il serait construit des merlons. Quant aux recours, le vieux lion, dans la jungle de la politique, en a connu d’autres. Il assure les avoir tous gagnés… jusqu’à maintenant.

Le dossier romorantinais est prêt. @Catella

Entre autoroute et départementale

A Vierzon – projet Virtuo, parcelle de 16 ha, bâtiments de 80 000m² – François Dumon (PCF), le président de la communauté de communes de Vierzon Sologne Berry, pointe du doigt les différences et la situation géographique du site vierzonnais, juste à côté d’une sortie d’autoroute, et sans habitation proche. « Le terrain qui nous occupe est coincé entre l’autoroute, une route départementale et la zone commerciale. Il est totalement enclavé (…) et a toujours été prévu pour ça. Juste à côté du centre logistique », souligne-t-il. Quant à la caution écologique, il tient à la souligner par l’installation d’une station hydrogène et une station gaz pour les camions. « Nous allons essayer d’avoir un dispositif le plus vertueux possible ». L’aspect du nombre d’emplois potentiel constitue le meilleur argument positif. Le sujet de l’emploi constitue le fer de lance des arguments vierzonnais. « C’est une opportunité. Cela fait 20 ans que nous n’avons pas eu la création de 300 emplois, à Vierzon. On ne peut pas galvauder des emplois alors que notre taux de chômage reste au-dessus de la moyenne nationale malgré tous nos efforts ». Vue sous cet angle, l’arrivée de la plateforme serait donc une aubaine pour le bassin d’emploi. 
D’autant que les dernières statistiques montrent que 50 % des chômeurs de moins de 26 ans recensés n’ont pas de qualification. Une situation qui pourrait changer selon François Dumon. « Nous travaillons avec la région et le département, pour que, avant l’ouverture de ce site, nous mettions en place des formations de qualification ».

Depuis les Romains, les plateformes existent

A Lamotte-Beuvron – projet Idec, parcelle de 16 ha, bâtiments de 68 000 m² – Pascal Bioulac (LR), le maire de la ville, omet de rappeler que le commissaire enquêteur vient, au terme de l’enquête publique, d’émettre un avis défavorable. L’élu local fait cependant front et souligne sa volonté de faire part à la population, à travers des réunions publiques, de l’évolution du projet. « Il faut le bon équilibre avec le développement économique, la nature, la préservation des ressources, la biodiversité et la vie humaine. On se préoccupe beaucoup de la biodiversité des animaux mais il faut aussi se préoccuper des gens. C’est un projet de plateforme que je n’ai pas décidé, pas sollicité. C’est dans les cartons depuis le début des années 2000. Désormais le terrain est privé et appartient à l’investisseur. Il est dédié à cet effet depuis 1987-1988 avec le POS… On n’a pas entendu les plus vieux contestataires du quartier à ce moment-là », assure-t-il avant de souligner que, à cette époque, le maire ce n’était pas lui mais Alain Beignet (PS), du moins pour le projet. Pour le plan d’occupation des sols, c’est l’un des mandats de Patrice Martin-Lalande (RPR) qui est ciblé. Il rappelle par ailleurs que « le propriétaire dépose un permis. Il respecte la loi. Avec les effets ciseaux des différentes lois depuis 14 ans, il ne peut maintenant faire que 6,7 ha de bâtiments alors qu’à l’achat, il pouvait construire 15 ha… S’il avait fait ses travaux plus tôt, nous n’aurions pas eu de fermeture de classe, pas eu de problème de perte de service public. Aujourd’hui, moi, je dois gérer tout ça. D’ailleurs, les plateformes logistiques existent depuis les Romains… ». Pour enfoncer le clou, l’élu Lamottois tient à rappeler que « la plus grande base logistique qui ait existé a servi à libérer l’Europe du joug du Nazisme ».

Rien à ajouter, imparable.


Plus d’infos autrement sur Magcentre : En Sologne, les plateformes logistiques hérissent le poil des riverains

Commentaires

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  1. J’ai du rater un épisode! Depuis ces derniers jours (cf la dernier COP) il n’était plus question que de trouver des moyens pour diminuer notre pollution génératrice de réchauffement du climat et les conséquences que nous subissons. Pollution entre autre provoquée par les productions industrielles de toutes sortes et par leur transport.
    Alors que faire ? continuer “comme depuis les romains” (mais pas avec des chars à boeufs et des amphores , avec des camions de 40/50 tonnes et du fret toujours plus plastique c’est à dire sous-produit pétrolier) ou bien écouter celles et ceux qui proposent de changer mondialement notre façon de vivre en ne cherchant plus à avoir toujours toujours plus mais à vivre en ayant suffisamment.
    Le choix de la suffisance ( autre façon de parler de sobriété) est le premier pas vers une amélioration de nos conditions de vie et du coup tous les projets impliquant plus de production, communication-transport, consommation doivent être remis en cause.

  2. Bonjour, j’aurais aimé voir dans votre article une place donner aux associations qui s’opposent à c’est projets écocides, mais visiblement vous avez pris parti pour les promoteurs.

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