25 novembre: Médias et mutilations génitales pour la journée de lutte contre les violences faites aux femmes

La Journée Internationale de l’ONU pour l’élimination des violences à l’égard des femmes a donné lieu à plusieurs événements à Orléans ce 25 novembre 2022. Preuve s’il en est besoin que les femmes restent ici et ailleurs la cible de toutes sortes de violences, certes de degrés divers, mais toutes insupportables et inexcusables.

Par Sophie Deschamps 

Slogan manif 2021 Paris. Photo Sophie Deschamps

Les féministes de tous horizons le savent bien. Il y a encore beaucoup de pain sur la planche pour éradiquer toutes les formes de violences qu’elles subissent : physiques, psychologiques, professionnelles ou institutionnelles…d’où l’importance chaque année de la journée du 25 novembre qui permet de pointer certaines d’entre elles.

Le tabou des mutilations sexuelles 

Ainsi, à Orléans le planning familial du Loiret avait choisi de briser le tabou des mutilations génitales féminines. Pour débuter la journée Dominique Tripet, féministe et élue locale a rappelé la devise féministe « Mon corps, mon choix, mon droit » puis quelques chiffres pour indiquer l’ampleur des violences (voir encadré).

L’un des temps forts de cette journée a été une conférence discussion entre Halimata Fofana, autrice et Rachel-Claire Okani, autrice et enseignante-chercheuse. Deux femmes qui luttent depuis longtemps contre ces mutilations sexuelles. Elles ont notamment rappelé qu’elles sont loin d’être seulement “une affaire de femmes” et que leur origine n’est ni religieuse ni médicale mais bien basée sur une obligation patriarcale absolue sous peine de bannissement de la communauté et justifiée comme un soi-disant rite de passage à l’âge adulte. Elles sont aussi le fruit de croyances profondément ancrées dans les esprits comme le fait que « le clitoris serait trop gros (sic) pour permettre la pénétration du pénis mais aussi pour laisser passer le bébé lors de l’accouchement. Ou bien encore que l’excision faciliterait la fertilité ».

Ces deux femmes sont aussi tombées d’accord pour dire que seule la scolarisation des petites filles et une véritable information sur ces mutilations permettront d’y mettre fin.

Mais pour Rachel-Claire Okani, il faut non seulement faire pression sur les pays qui n’ont pas encore légiféré sur les MGF ou qui n’appliquent pas la loi mais il convient aussi de convaincre celles et ceux qui pratiquent l’excision des désavantages y compris économiques de celle-ci : « Il faut trouver d’autres activités rémunérées pour les femmes qui abandonnent ces pratiques ».

Cette matinée a aussi permis d’entendre les témoignages poignants des femmes de l’accueil collectif instauré par le Planning Familial 45 en 2020. Des paroles précieuses et difficiles, écoutées avec la plus grande attention puis applaudies par la salle.

L’une d’elles a ainsi raconté comment lors de sa nuit de noce, au lieu de voir apparaître son époux, des hommes ont fait irruption dans la chambre, l’ont brutalement désinfubilisée puis ont incité son mari à lui faire l’amour tandis qu’elle saignait. Ce dernier a toutefois catégoriquement refusé, choisissant de conduire sa femme chez un gynécologue. Heureusement, ce genre d’attitude de la part des hommes n’est pas rare aujourd’hui en Afrique, notamment au Kenya

Inégalités de genre dans les médias

De son côté, le conseil Régional Centre-Val de Loire avait choisi un tout autre sujet : Les inégalités des genres dans les médias, repérer et déjouer les discours sexistes. Ce qui n’a pas empêché François Bonneau, président de région de s’indigner dans l’hémicycle des 121 féminicides français de 2022, s’exclamant : « S’il s’agissait de 121 personnes alignées contre un mur et exécutées, les médias en parleraient pendant des jours et des jours ! »

La table ronde qui a suivi a permis d’aborder notamment comment les médias parlent des meurtres conjugaux. On a ainsi appris que l’emploi du terme « féminicide » qui remplace l’insupportable  formule « crime passionnel » a fait un bond de 779% en un an, passant de 1652 en 2018 à 14 514 en 2019, et ce alors même que le mot féminicide n’est toujours pas entré dans le Code pénal français.

Dans un atelier consacré à la presse quotidienne régionale, la fameuse PQR, deux journalistes de Prenons la Une ! Anaïs Bouitcha et Lucie Diat ont montré des exemples de titres d’articles de 2022 sexistes et/ou inversant la culpabilité comme « Il lui jette la flammekueche oubliée dans le four au visage : 6 mois de prison » ou « Justice : elle veut le quitter, il la frappe et saccage leur appartement ». Les journalistes ont pris la précaution de souligner que « il ne s’agit pas de culpabiliser ou de juger qui que ce soit mais de repérer les mauvaises pratiques pour y mettre fin. »

D’ailleurs pour finir sur une note optimiste, les journalistes de Prenons la Une ! ont indiqué que de plus en plus de rédactions adoptent des chartes non-sexistes. Leur association propose elle une charte anti-raciste.

Ce 25 novembre s’est achevé à Orléans par une manifestation féministe qui a cheminé de la place d’Arc à celle du Châtelet et qui a rassemblé un millier de personnes. 

121 féminicides en 2022 au 21 novembre (122 en 2021). Une victime sur trois avait déjà fait appel aux services de justice.

21 hommes victimes dont 9 en état de légitime défense pour les autrices et 1 au sein d’un couple homosexuel.

A ces chiffres il faut ajouter, toujours en France :

190 victimes de tentatives de féminicides et 61 tentatives d’hominicides en 2022. 

85% des victimes sont des femmes quand 86% des hommes sont des auteurs.

En 2019, 93 000 femmes victimes de viols (1 sur 10 porte plainte ) et 213 000 victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. Dans 91% des cas les femmes connaissent leur agresseur.

Plus d’1 femme sur 10 est victime de violence. 14% en 2021 contre 9% en 2020.

1 femme sur 6 fait son entrée dans la sexualité par un rapport non consenti.

12% des hommes pensent que donner une gifle à sa compagne n’est pas une violence.

Enfin concernant les mutilations sexuelles, 1 femme africaine sur 3 est concernée soit 125 millions de femmes.

Magcentre Autrement : retrouvez notre dossier sur les violences faites aux femmes 

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