Châteauroux terre de miss, le pourquoi d’un retour

Normalement le concours Miss France se déroule sur les terres de la tenante du titre. Or Châteauroux accueille les miss pour la deuxième fois en cinq ans, sans avoir décroché la couronne.

Par Pierre Belsoeur

Les miss uniformes, avant la parade dans les rues de Châteauroux. ©PierreBelsoeur

Sophie Tellier et Jean-Pierre Foucault vont faire leurs adieux au grand barnum de Miss France sur la scène du Mach 36 dans la nuit du 17 décembre. La première a quitté la société organisatrice (Endemol devenue ALP) depuis un an mais elle reste, comme jadis Madame de Fontenay dans un tout autre style, s’efforçant de moderniser l’image par définition sexiste du concours. Elle tient à accompagner l’ancien animateur de TF1 pour sa sortie de scène au terme de près de vingt ans de compagnonnage.
Voici cinq ans la miss sortante était ultramarine, il fallait donc trouver un point de chute métropolitain pour pouvoir organiser le concours en direct à une heure de grande écoute. Ce fut Châteauroux.

Cette année encore Dyane Leyre, Miss France 2022 représente une île, mais il s’agit de l’Ile-de-France ! Châteauroux n’est donc plus une anomalie géographique. La raison cette fois est politique. Lorsque s’est posée la question d’organiser le concours, au printemps 2022, les deux ténors de l’Ile-de-France, femmes de surcroît, étaient toutes deux candidates à la présidence de la République et demandeuses de l’organisation du concours. Difficile de choisir entre Anne Hidalgo, maire de Paris et Valérie Pécresse, présidente régionale, au risque d’insulter l’avenir (les résultats montrèrent que le risque était… minime). Les organisateurs avaient gardé un bon souvenir de leur halte en Berry et Gil Avérous, maire LR de Châteauroux, mise sur les grands événements télévisuels pour que les Français fassent enfin la différence géographique entre Châteaudun, Châtellerault et Châteauroux.
L’accord n’a pas été difficile à trouver. « A la différence du Tour de France, explique le maire, il n’y a pas de « ticket d’entrée » à payer pour accueillir le concours Miss France. » Il s’agit tout de même d’accueillir et héberger les trente candidates et le staff du concours pendant quinze jours, soit un “billet” de 150.000€. Une dépense qui a donné lieu à une charge de l’opposition lors du dernier conseil communautaire, s’étonnant qu’à l’époque de MeToo, l’on puisse encore organiser des concours de beauté, dernier avatar d’une culture patriarcale.

Quelle image retiendront les téléspectateurs ?

« Tout ce qui est excessif n’a aucune valeur », a conclu le maire, pas loin d’assimiler les anti Miss France aux Amish d’Emmanuel Macron. Et il a quelques arguments à opposer à ses détracteurs. D’abord la mairie finance une partie de cette dépense en organisant via Châteauroux Events, son agence d’animation, une soirée pour des entreprises qui peuvent inviter leurs clients à un dîner de gala (onéreux) en présence des miss. Par ailleurs les places pour la soirée de l’élection au Mach 36 se sont arrachées en quelques minutes, la parade des miss en 2CV dans les rues de Châteauroux a attiré un public fourni samedi dernier en centre-ville et leur présence pendant quinze jours constitue une animation de Noël supplémentaire. Sans oublier que le 17 décembre Châteauroux s’offrira quatre heures de direct devant huit millions de téléspectateurs. 

Reste à savoir ce que le public, souvent jeune, retiendra des illuminations castelroussines de la visite des miss à Valençay pour un cours d’éloquence dans le théâtre du château, ou s’il associera vraiment leurs confections de pyramides, dans un atelier de fromage de chèvre, au Berry. Car on y revient toujours. Est-ce qu’accueillir le concours Miss France n’est pas conforter une image ringarde du Berry ? On ne met plus en avant les tours de taille et de poitrine des miss, c’est vrai. On insiste davantage sur leurs ambitions professionnelles: la promotion 2023 compte même dans ses rangs une future pilote de chasse. 

Sylvie Tellier tire sa révérence, le 17 décembre, sur la scène du Mach 36. ©PierreBelsoeur

Dernier tour de piste du « Parrain »

Chaque année l’évolution de Miss France entre le soir de son couronnement et le jour où elle rend sa couronne est spectaculaire en termes de développement de sa personnalité. Diane Leyre, Miss France 2022 ne fait pas exception, elle qui, au terme d’une intervention sans notes remarquée, a pu conclure à propos des candidates à sa succession : « leur beauté est peut-être la dernière de leurs qualités. »
Le dernier obstacle à la modernisation de l’image du concours sera peut-être Jean-Pierre Foucault lui-même. Il part le 17 au soir. Châteauroux restera peut-être pour l’histoire des miss l’entrée dans une certaine modernité: celle où elles n’auront plus besoin d’un « Parrain » pour faire le show.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : La guerre des Miss aura bien lieu  

Commentaires

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  1. …ça existe encore cette foire aux bestiaux ?’ Voici la réflexion d’une amie (et pas une extrémiste !), réflexion que je partage évidemment.

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