Le Plessis, un tiers-lieu qui donne du sens à l’action culturelle

A La Riche, le château du Plessis invente d’autres chemins entre les arts, la culture et les citoyens. Au cœur de ce projet singulier, le partage sous toutes ses formes.

Par Jean-Luc Vezon

Agathe Lorriot et José-Manuel Cano-Lopez copilotent l’un des tiers-lieux référence en matière culturelle. ©Jean-Luc Vezon.

« Le projet de l’association groupe K est de faire vivre un tiers-lieu commun culturel et humaniste dans lequel les publics pourront se croiser et partager de beaux moments de vie », explique José-Manuel Cano-Lopez conseiller au projet et surtout son pilier. Metteur en scène de théâtre, directeur de compagnie, ce dernier a en effet investi le lieu dès 1998.

« Jean Germain, alors maire de Tours m’a proposé de poursuivre mon projet culturel dans ce lieu qui fut le premier château royal du Val de Loire quand Louis XI l’acheta en 1463 », explique José-Manuel. Dès 2017, sa compagnie ouvre les créations artistiques aux publics. En 2022, nouvelle étape avec la naissance du projet du Plessis, commun culturel et humaniste pour « mettre les publics, les usagers et les partenaires au cœur de la recherche de cultures communes ».

Le magnifique château de pierres et de briques, racheté par la ville de Tours en 1932 pour le transformer en musée des traditions populaires de Touraine et à Louis XI, a donné son âme au projet de tiers-lieu. Celui-ci se définit d’abord par une gouvernance partagée portée par sept comités regroupant 147 usagers : artistes, biodiversité, éducation artistique et culturelle, histoire & patrimoine, usagers, ressources et permanents.

La présidence de l’association gestionnaire est elle-même coprésidée par huit personnes d’horizons différents. « Les comités désignent des commis de confiance qui forment le conseil collégial associé à la prise de décision. Cette gouvernance nécessite du temps mais elle fédère et fait sens », précise Agathe Lorriot coordinatrice des projets. La jeune femme, titulaire d’un Master Gestion et Administration des lieux culturels, pilote l’équipe de cinq salariés et jeunes en service civique.

Le deuxième principe de fonctionnement du lieu est l’accueil de publics fragilisés et précarisés : personnes âgées, handicapées, autistes, jeunes des cités… Pour eux, un pôle spécifique baptisé Arts, inclusion, autonomie a été mis en place et rassemble autour d’activités artistiques, liées à la biodiversité ou à l’histoire et au patrimoine.

Le château du Plessis a été demeure royale sur près de deux siècles (XVe et XVIIe) de Charles VII à Louis XIII. ©Jean-Luc Vezon.

Un lieu ouvert et de partage des cultures 

« L’objectif du pôle Élan pour la vie ne se réduit pas à faire du Plessis, commune culturelle et humaniste, une parenthèse précaire pour tous les usagers coupés des univers artistiques et culturels et des nécessaires échanges entre citoyens. Nous voulons inscrire de manière pérenne un lieu de ressources pour permettre à ses usagers fragilisés de retrouver des assises solides pour poursuivre, enrichis, leur parcours de vie en compagnie de “leurs frères humains” comme disait Albert Cohen », insiste José-Manuel Cano-Lopez.

Véritable îlot de verdure au cœur de l’agglomération tourangelle, sur une surface de deux hectares, le site est une véritable ruche avec ses ateliers de création théâtrale mélangeant les publics à l’image des valides et personnes en situation de handicap entrevus lors de la visite ou ceux de création à l’image de l’hôpital de jour La Chevalerie à Tours. Les usagers y croisent des artistes en résidence ponctuelle ou permanente comme le musicien électro Rubin Steiner, le plasticien NEP, le collectif VÔG (art industriel), les Yeux Ouverts, la chanteuse Pop Mariotte… Plus de 300 artistes par an y ont élu domicile.

Le compositeur Rubin Steiner est comme un poisson dans l’eau au Plessis. ©Jean-Luc Vezon.

Lieu de résidences artistiques, de formation et de transmission disposant de six salles, le Plessis propose aussi une programmation tout au long de l’année. La saison « intérieure » a ainsi démarré le 1er novembre et s’achèvera le 30 avril. Celle d’été prendra le relais. « Chaque mois, il y a un festival : art et handicap, Elan pour la vie, biodiversité, « Oh les beaux jours »… avec comme fil directeur la convivialité grâce à nos viticulteurs ou artisans qui font déguster leurs spécialités » souligne Agathe Lorriot. Cette année, ce sont au total 15 000 usagers qui sont passés au Plessis avec des manifestations allant de l’Orchestre des jeunes du centre à un festival Punk ou au cabaret de Pierre Halet.

Le Plessis, c’est enfin de belles perspectives car le lieu fait référence régionalement sur plusieurs plans : la gouvernance d’abord qui est un véritable modèle de démocratie participative pour les tiers-lieux. Sa gestion ensuite avec une part de son budget autofinancé de 40 % grâce au mécénat, cotisations, recettes de billetterie, actions de formation, bar et restauration ou location de salles. Les 60 % restants proviennent de l’UE, du ministère de la Culture, de la région, du département, de Tours métropole et des villes de Tours et la Riche.

Autre particularité, au Plessis, on est transparent sur le coût. Le tarif minimum est de 5 € pour un pass journalier avec cinq ou six propositions mais on peut donner plus. Il existe ainsi un tarif partagé (à partir de 8 €) et solidaire (12 €).

Un lieu inspirant pour Rubin Steiner

Le célèbre musicien et disc jockey français à tendance électronique, originaire de Tours, Rubin Steiner (alias Frédérick Landier) a trouvé au Plessis un havre de paix pour travailler. Depuis deux ans et demi, il occupe un agréable studio (moyennant seulement 100 €) dans lequel il compose et répète.

« Je bosse dans d’excellentes conditions. Je rencontre aussi des tas de gens. Le monde de la musique est étroit et fermé, c’est une bouffée d’oxygène et une source d’inspiration », explique le créateur d’une vingtaine d’albums nommé aux Victoires de la musique 2005. Associé à la gouvernance en tant que commis de confiance, il aime ce mélange des genres à l’image de sa musique que plébiscitent tous les fans d’électro. 

Le château possède un vignoble. ©Jean-Luc Vezon.
La chanteuse Mariotte est en résidence. ©Jean-Luc Vezon.

Plus d’infos autrement sur Magcentre: Le Cercle de Rosières (18): un tiers-lieu surréaliste qui invite à la libre création

Article produit avec le soutien du Fonds pour le Développement de la Vie Associative

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