Orléans: Que se passe-t-il sous les pavés de la rue de Bourgogne ?

Le 12 janvier 2022, deux maisons de la rue de Bourgogne s’affaissaient dangereusement à Orléans, provoquant le départ de ses habitant.e.s avec la mise en place d’un périmètre de sécurité aux alentours. Un an après, rien n’est réglé et la situation a même empiré fin décembre. 

Par Sophie Deschamps 

Les maisons des 19 et 21 rue de Bourgogne menacent de s’effondrer à Orléans. Photos Sophie Deschamps et Marie-Line Bonneau

Lorsque l’on vient observer sur place les deux maisons des 19 et 21 de la rue de Bourgogne (situées derrière le sens interdit sur la photo) à Orléans, on comprend tout de suite la gravité de ce qui se passe, tant les fissures sont nombreuses, visibles et larges. 

Des habitations vidées de leurs occupant.e.s depuis un an maintenant et surveillées comme le lait sur le feu pour la ville d’Orléans depuis février 2022 par le CEREMA Climats et territoires de demain Centre-Val de Loire, notamment par Alexandre Philippe, chargé d’études risques géologiques. Une situation complexe à évaluer car très changeante :
« Entre février et décembre, les bâtiments ont peu bougé, de seulement 150 millimètres. Mais en décembre, ils ont brusquement avancé de 10 centimètres. Mais il est trop tôt pour savoir si cette dégradation rapide va se poursuivre ou non. »

Quoi qu’il en soit, ces deux maisons peuvent à présent s’effondrer à tout moment, ce qui rend les interventions délicates dans ce secteur sécurisé. Le numéro 23 bien que séparé par une rue est lui aussi menacé et donc inhabité car les murs des caves sont eux mitoyens.

Sonder le sous-sol pour comprendre 

Mais pour expliquer ce qui se passe en surface, il faut bien sûr comprendre ce qui se passe en sous-sol : « Ces maisons ont été impactées par un mouvement du sous-sol. Ces immeubles anciens n’ont pas été conçus pour résister à ce genre de phénomène, c’est-à-dire des anomalies qui se sont formées au fil des temps géologiques dans le calcaire, en profondeur. Et petit à petit, elles peuvent être source de désordres en surface comme pour la rue de Bourgogne. Je précise par ailleurs que la proximité de la Loire n’est en rien responsable dans ce qui s’est passé. »

Les fortes pluies de janvier 2022 ont été le déclencheur de cet affaissement de terrain sur un rayon de trente mètres : « Il ne faut pas imaginer pour autant qu’une rivière court sous le sol. Ce sont plutôt des infiltrations d’eau qui agissent à la manière d’une éponge. »

Trois obstacles à la démolition

Dès février, ces petits immeubles ont donc été considérés comme étant trop fragilisés pour les conserver avec la décision de les détruire. Toutefois, trois obstacles se sont dressés, retardant leur mise à bas.

Fissures sur la maison 21 de la rue de Bourgogne qui menace de s’effondrer. Photo Sophie Deschamp

Tout d’abord les engins de démolition : « Certains sont très lourds de 40 à 60 tonnes. Donc, il ne faudrait pas que leurs passages conduisent à des dégradations, soit sur les réseaux enterrés en profondeur dans la rue, soit sur les bâtiments avoisinants. »

Les deux autres obstacles sont eux d’ordre administratif : « Même si un arrêté de catastrophe naturelle a été pris en juin 2022, il faut à présent mettre d’accord les assurances des différents propriétaires des maisons du périmètre de sécurité. »

Par ailleurs, la marie d’Orléans doit lancer un appel d’offres pour les travaux sur le domaine public, c’est-à-dire les voiries et les réseaux enterrés, avec les délais que cela implique. Autant dire que les bâtiments ont largement le temps de s’écrouler
d’eux-mêmes avant l’arrivée du premier engin sur le site.

Enfin, cette situation nuit bien sûr aux commerçant.e.s de cette partie de la rue. Ainsi le café-tabac-presse Le Drop a baissé définitivement son rideau le 30 décembre 2022 et d’autres pourraient suivre.

À lire aussi sur MagCentre : Orléans : soutien aux commerçants oubliés de la rue de Bourgogne

Commentaires

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  1. Incohérence de l’écriture inclusive : vous écrivez “habitant.e.s” et “occupant.e.s” et vous laissez “commerçants” tel quel!
    L’écriture dite « inclusive », sous toutes ses formes – féminisation anarchique des titres et professions, épuration de la langue de toutes ses scories misogynes fantasmées, invention délirante de nouveaux termes aussi laids qu’inutiles, destruction des mots et de l’étymologie par le point médian, etc. –, multiplie les exemples de manipulations de la langue à la diagonale de l’inculture et de l’idéologie. Repris de https://cincivox.fr/2021/01/25/lecriture-excluante/

  2. Premier commentaire sur le fond: “on ne peut pas lutter contre la force de la Nature”
    Mais l’être humain a des capacités d’adaptation
    -1/ Réduire les délais administratifs fait partie du pouvoir d’un maire et de son équipe, surtout si on souffle ..non pas dans les bronches du personnel, en période de contagion hivernale, mais sur “les braises de la bonne volonté” qui sont encore chaudes de la période Covid, et qui ont su, à différents moments montrer leur efficacité…
    2/Envisager une démolition avec des engins de 40 à 60 tonnes est une aberration: c’est le moyen le plus sûr de ne pas avancer au pied du mur…on peut démolir “à l’ancienne” avec des hommes compétents et des moyens techniques plus légers… mais “ça va pas rapporter gros”!
    L’occasion nous est donnée d’aller regarder vers Paris, où les pierreux compétents ont su dégager les centaines de tonnes éboulées au centre de Notre Dame…A-t-on consulté quelques bonnes entreprises du Patrimoine d’Orléans et de sa banlieue, qui savent peut-être aussi proposer des solutions de démolition…
    et 3/…Les assureurs: là aussi, il est question de bonne volonté dans la dimension du temps, surtout quand on se souvient d’un mot célèbre “Tous les français sont égaux, mais il y en a des plus égaux que d’autres” et là aussi, on peut imaginer que les habitants des immeuble menacés ne sont pas des orléanais fortunés…
    Enfin, c’est ce que j’en pense,”et tout le monde peut se tromper” lui répondit l’oiseau…!

  3. Merci pour ce commentaire qui réconforte face à l’absurdité et, comme vous dites, l’inculture. L’écriture inclusive est une aberration .

  4. Le commentaire de Philippe SEVESTRE est tout à fait pertinent et opportun. N’hésitez pas à consulter le site… cité : il est passionnant et très instructif.
    A propos de langue française, un conseil aussi simple qu’efficace : si, dans une phrase, vous pouvez remplacer quoique par bien que, utilisez quoique sans crainte. Dans le cas contraire, écrivez-le en deux mots : quoi que.
    Donc, dans le cas présent “quoi qu’il en soit…”

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