La cité-jardin de Bourges-Aéroport passera aux bulldozers

L’histoire et la transition énergétique ne font pas bon ménage. A Bourges, les notes de chauffage avaient explosé dans la cité-jardin de l’Aéroport. Le bailleur social Val de Berry voulait isoler par l’extérieur… mais les bâtiments ne sont pas en bon état. Il va falloir faire tomber les murs et effacer un peu du passé architectural berruyer.

Par Fabrice Simoes

Passoires thermiques avant de tomber en ruines, le constat de Val de Berry est sans équivoque. Photo A.F

L’annonce de la démolition de la plupart des bâtiments de la cité-jardin du quartier de l’aéroport de Bourges n’est pas du goût de tout le monde. Certes les immeubles concernés ne sont pas les plus emblématiques de la préfecture du Cher, ni les plus anciens. Cependant, ils représentent tout de même une partie de l’histoire de la cité berruyère. Pour certains habitants, l’un des atouts forts de la ville c’est d’ailleurs de cumuler les patrimoines, du Moyen-âge à nos jours. Cependant, pour certains réfractaires au passé et favorables à un fabricant suédois de meubles en kit et aux « murs blancs, des appartements avec grande terrasse ou balcon… de la lumière », ça se discute même pas !

Un concept d’urbanisme

La cité-jardin est un concept d’urbanisme reproduit dans tout l’hexagone au cœur des années folles. C’est le Berruyer Henri Sellier, futur maire de Suresnes qui deviendra par la suite Président du Conseil général puis Sénateur de la Seine, et son compère maire de Bourges Henri Laudier, qui auront été les leaders dans la démarche de construction de ses logements à bon marché.

La cité-jardin de l’aéroport à Bourges est conforme à l’état d’esprit du moment. On retrouve là, selon Roland Narboux, un écrivain local et spécialiste de la ville, toutes les caractéristiques voulues par ses penseurs. « Ce qui est caractéristique dans la cité-jardin, c’est l’importance des espaces verts. On peut ainsi trouver de petites places arborées avec du gazon et quelques plantations. Mais les maisons individuelles possèdent aussi le potager, si cher aux Berrichons. Les étendoirs sont collectifs et les clôtures en béton sont uniformisées et si aujourd’hui la voiture automobile stationne sur l’ensemble des rues, on imagine la tranquillité du quartier dans les années 30 ! Les immeubles collectifs sont plus imposants, mais ils ne comportent que quelques étages, ce qui les rend à la fois plus humains et habitables », explique-t-il dans son encyclopédie de Bourges.

C’est donc tout un pan de l’histoire de la capitale du Berry qui risque de prendre des coups de boules des démolisseurs dans ses façades. Et 300 habitants qui devront être relogés, « là  où ils le souhaitent dans le département », assure le bailleur social Val de Berry, gestionnaire d’une partie du parc immobilier.

Passoires thermiques avant le statut de ruines

C’est à l’issue d’un diagnostic réalisé à la fin de l’année dernière sur plusieurs immeubles qualifiés de « passoires thermiques » que la démolition de la quasi-totalité des bâtiments (94 sur 99) a été envisagée. Plusieurs locataires s’étaient plaints de « chauffer la rue ». Au départ, l’opération était effectuée dans l’objectif de travaux d’isolation par l’extérieur, les experts ont rapidement évolué vers le choix des démolitions. Pour l’heure, les pavillons individuels ne sont pas impactés mais… un autre diagnostic devrait être lancé prochainement.

Le plus navrant dans l’affaire c’est que des travaux ont déjà été réalisés, voilà une douzaine d’années seulement, sur les mêmes structures. A priori, ces dernières seraient maintenant très dégradées en raison d’une « rénovation pourrie qui a précipité la dégradation de cet ensemble urbain exemplaire ». Benoit Lemaigre, le directeur général du bailleur social, a ainsi expliqué au Berry Républicain que « 200 logements collectifs menacent de finir en ruine. » Un amateur de l’histoire locale a beau jeu de dire que « rares sont les villes de province qui possèdent une cité-jardin de la qualité de celle de l’Aéroport. Conçue d’après les plans des architectes du cabinet de Suresnes (Maurice Payret-Dortail puis Georges Demay), cet ensemble résolument moderniste fait de Bourges une ville expérimentale en matière de logement social. »

La cité-jardin de l’aéroport ne devrait pas connaître beaucoup d’hiver supplémentaires.

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Commentaires

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  1. Avant de tout à battre vous devriez tout reconstruire avant au lieu de refaire des logements à étage faîte plutôt des maisons on en à marre des HLM

  2. J’ai envie de dire quand on laisse les bâtiments pourrir depuis des années, Sans que Val de Berry répondent a toutes les demandes des locataires ou ils minimisent les dégâts,les infiltrations, l’isolation…
    Arrivé un moment c’est normal qu’il puissent plus rien faire..
    Comme les pavillons qui sont abandonnés depuis des années, et que Val de Berry disent qu’ils sont tous occupés alors que cest faux. Faut pas s’étonner que les structures pourrissent.
    Faudrait réellement que les journalistes fassent leurs travail en allant sur le terrain et frapper à toutes les portes pour poser les bonnes questions aux personnes concernées.

  3. On nous a dit que c’était des logements patrimoine,qu’on ne pouvez pas les abattre , mais on le fait comme, voilà comment l’ouvrier est traité , on est manipuler comme de la merde ,peut être la mdba veut racheter tous les terrains pour leurs gueules

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