Tiers-lieu de Mézières-en-Brenne, toujours une longueur d’avance

En matière de numérique la ruralité n’est pas une fatalité. Dans l’Indre, Brenne Box, au centre de Mézières-en-Brenne, est le point de ralliement des jeunes et des moins jeunes pour bien vivre avec leur époque.

Par Pierre Belsoeur

Le Cyber-espace est un lieu de rencontres où le maire peut apprendre de ses administrés. Photo PB

Mézières-en-Brenne, à mi-chemin entre Châteauroux et Châtellerault. Le charme de la Brenne et la perspective de devenir un bel exemple de la facture numérique, avant que le terme ne soit inventé. Un tiers-lieu, habituellement, c’est une initiative portée par une association dont les animateurs tentent de convaincre les élus de leur donner les moyens de développer leur idée. Brenne box, c’est tout le contraire. Ce tiers-lieu porté par la communauté de communes Cœur de Brenne est né dans les années 2000.

« Le souci de la communauté qui venait de voir le jour, c’était de ne pas rater le virage du haut débit, se souvient Jean-Louis Camus, maire de Mézières. Nous avons passé un contrat avec Eutelsat afin d’avoir un abonnement pour le local installé au siège de la Com Com, à Saint-Michel-en-Brenne. Et comme il nous fallait quelqu’un pour former ceux qui le souhaitaient au numérique, nous avons créé un poste de chargé de développement numérique sur le territoire. Jean-Bernard Constant a été recruté comme emploi-jeune à cette époque, il est toujours avec nous, à la tête d’une équipe de quatre personnes. »

Entre temps, l’embryon s’est bien développé avec la création du e-cartable (1) et l’équipement des écoles en tableaux numériques, la création d’une maison médicale équipée pour les consultations médicales à distance. Comme Mézières avait le projet de reconstruire ses halles, on a fait un peu plus grand pour abriter Brenne Box.

France Service avant la lettre

Cette structure abrite la maison de services au public, qui a reçu le prix national en 2017, anticipation de ce qui allait devenir France Service. « Nous avions le matériel informatique et nous avons ajouté l’accueil pour aider les citoyens à effectuer leurs formalités. Deux personnes sont au service du public ». Marina, animatrice depuis la création de Brenne Box est pour une partie de son temps détachée par la préfecture de l’Indre pour intervenir dans les 25 autres agences de France Service que compte le département. 

Trois bureaux de coworking sont loués à la demi-journée à des télétravailleurs, mais ils peuvent aussi accueillir les consultations de l’assistance sociale.
« Selon la pré-étude, nous avions un potentiel de cinq utilisateurs lorsque nous avons lancé le projet en 2014. Nous en sommes à 136 contrats, se félicite Jean-Bernard Constant. 
Trois d’entre eux utilisent les locaux très régulièrement, les autres ponctuellement
 ».

Parmi eux, Claire, parisienne qui a choisi de venir vivre en Brenne voici des années. 
« J’étais médecin généraliste, mon mari et moi avons eu cinq enfants, j’ai décidé d’arrêter mon métier pour élever mes enfants et faire la classe à domicile.
 Nous avons fait le choix de ne pas avoir Internet à la maison, aussi je venais ici avec mes enfants pour effectuer mes recherches ou travaux numériques ». Et puis les enfants ont grandi, Claire n’a pas repris la médecine, mais conservé l’enseignement à distance. Elle a des élèves auxquels elle dispense des cours de math, en France, mais aussi à l’étranger. « Ça fonctionne par le bouche à oreille. Pour 80 € je peux louer soixante demi-journées, un bureau avec une excellente connexion Internet. Et comme c’est accessible 24h/24h, le décalage horaire ne pose pas de problème si je dois donner un cours à Dubaï ».

Marina et Claire dans un local de coworking. Photo PB

Dans une grande salle, Aurélie initie cinq personnes à apprivoiser le clavier de leur ordinateur portable. Elle est conseillère numérique et intervient aussi dans les écoles de la communauté de communes. Les particuliers peuvent s’abonner pour 10 heures de cours afin d’attaquer le numérique du bon pied. « Ce n’est pas une passion, assurent en chœur les utilisateurs septuagénaires, mais c’est indispensable ».
La grande salle en question sert également pour de la visioconférence, des entreprises peuvent y tenir leurs réunions. 

Fab Lab et Fab Truck

La Box a dû pousser les murs et une Box2 est en cours d’aménagement, toujours à deux pas de la mairie. Elle héberge l’évolution logique d’un tiers-lieu, un Fab Lab avec ses imprimantes 3D et du matériel de fabrication de robots qui propose des animations permettant aux enfants de devenir acteurs du numérique et aux adultes de créer des pièces de réparation pour des matériels défectueux.

Jean-Bernard Constant va bientôt prendre le volant du Lab Truck pour porter la bonne parole numérique dans les écoles. Photo PB

La nouvelle idée de Jean-Bernard et de son équipe, c’est d’amener le numérique dans les écoles grâce à un Fab Truck dont l’équipement s’achève et qui disposera des mêmes outils destinés aux autres écoles de la Com Com.
C’est également vrai pour les autres services car dans chaque mairie, on trouve une borne interactive de Benne Box et la possibilité de se connecter à l’équipe de Mézières. 

(1) Chaque élève se voit remettre une clé USB personnelle, permettant de stocker tous les documents nécessaires à la scolarité, du CP au CM2.

 

Un bus autonome en milieu rural

Le dynamisme de la communauté de communes Cœur de Brenne n’y est évidemment pas étranger. C’est son dossier qui a été retenu pour l’expérimentation d’un véhicule autonome en milieu rural. De juillet à décembre 2022, une navette a circulé entre Mézières, Martizay, Azay-le-Ferron et Paulnay. Un véhicule sans chauffeur, mais avec néanmoins un agent à bord, parce qu’il s’agissait d’une expérimentation et pour suppléer le robot qui ne sait pas quoi faire face à une branche tombée sur la route ou à un véhicule bloquant le passage sur un parking. 1 237 voyageurs ont circulé à son bord pendant ces 6 mois.
L’heure est désormais au bilan de cette expérimentation qui a montré les insuffisances d’un véhicule électrique actuellement, mais un rendez-vous est prévu au ministère des transports pour envisager une nouvelle expérimentation.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Cepoy, et le château se fit « tiers-lieu »

Article produit avec le soutien du Fonds pour le Développement de la Vie Associative

 

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