Fakear, revenir vers le chaos de la vie

Fakear sera en concert jeudi soir 9 mars à l’Astrolabe d’Orléans. Il nous a confié quelques confidences. Après son ascension fulgurante, il atteint la maturité avec confiance, ce qui le pousse à retrouver plus de naturel, en accord avec l’engagement écologique qu’il mène discrètement. Interview d’un jeune musicien électro qui domine ses machines.

Propos recueillis par Bernard Cassat

Photo Ella Hermë – Press Picture


Magcentre : Le programme du concert de jeudi 9 mars à l’Astrolabe d’Orléans, c’est le dernier disque Talisman ?


Fakear :
Oui, c’est la tournée de promotion de cet album. Mais en même temps, à cause du covid, ça fait longtemps qu’on n’a pas pris la route. Donc il y aura aussi un florilège des anciens morceaux, après l’inactivité. On est trois sur scène. Moi aux machines, une copine au violon et une autre à la harpe.


Mais sur Talisman, il y a des voix ?


Oui, mais malheureusement les invités ne seront pas là. Donc on passe les morceaux avec les voix. Il y a quand même un morceau que ma harpiste va chanter. C’est une petite surprise dans le spectacle…


Sur les enregistrements, les voix sont un peu trafiquées ?


Oui, complètement…


Vous êtes tous en studio, à jouer de la musique écrite ?


Ça dépend. Moi, je fais le corps du disque, le squelette des morceaux, et ensuite je fais appel à des invités qui rajoutent leur patte. Il y a beaucoup de choses écrites, et on est assez fidèles à la partition. Mais on se réserve des plages d’impro, surtout en concert. C’est vraiment là qu’on peut aller se balader, c’est chouette de faire ainsi. En samplant d’autres instruments, j’emprunte d’autres intentions. Du coup c’est souvent des accidents qui font que ça sonne comme ça. Quelque chose que je n’avais pas écrit à l’avance. Et même pour les parties de harpe ou de violon, quand elles viennent enregistrer avec moi… Je m’en remets à elles et parfois on tombe sur des accidents heureux qui font le charme des morceaux.


Par rapport à la musique électronique souvent un peu froide, chez vous, il y a beaucoup d’éléments humains, de la voix, des instruments joués ?


Oui, c’est plus instrumental, plus lié…

Photo Ella Hermë – Press Picture


Dans les thèmes, il y a l’Orient qui revient souvent ?


C’est vrai. Ce qui est bizarre, ce n’est pas forcément une inspiration qui vient de voyages que j’ai faits là bas, mais c’est plus l’imaginaire que ça provoque. Le genre de sons des musiques traditionnelles qui viennent du Japon, de Chine, d’Inde, ça m’évoque des images qui me parlent beaucoup, qui me font voyager, mais juste en imagination. Je me suis beaucoup inspiré de la musique japonaise, et quand j’ai été là bas pour de vrai, ça m’a évoqué des images complètement différentes, voire opposées à ce que je pensais et que j’avais mis en forme avant. L’inspiration originelle est encore ancrée dans l’enfance, dans l’imaginaire très enfantin justement de l’Orient, de l’Afrique. Ces images qu’on a quand on est petit de ces pays, un truc très joyeux, innocent et coloré.


Autre thème, le continu ou le discontinu, des sons qui durent et d’autres pas…


Comment faire en sorte d’agencer rythmiquement les différents sons, les différentes prises de parole. Oui, c’est quelque chose d’important, qui se retrouve sur scène. J’exploite ça beaucoup.


Vous avez baigné dans la musique très jeune ?


Mes parents sont profs de musique, ils m’ont appris le solfège très tôt. Oui, ça a fait partie de ma vie depuis quasiment toujours. J’ai donc écouté beaucoup de choses très diverses. C’est une richesse que mes parents m’ont apportée. Autant du classique que de la musique du monde, même du rock. Sans m’être arrêté plus que ça, j’ai un petit peu goûté à tout.


Et dans la musique électronique, il y a un côté bidouilleur solitaire ?


Complètement. Je pense que c’est un trait caractéristique qui m’a amené à faire de la musique électro. J’étais à la base musicien, je jouais dans des groupes, mais le côté geek des ordinateurs, de la technologie, m’a attiré. Et en alliant mon passif de musicien avec les machines, ça a donné le projet Fakear.


Alors “Fake Ear”, une musique en trompe l’oreille ?


Oui, c’est complètement ça.


Vous avez envie de revenir à Théo, à ce que vous êtes vraiment ?


Oui, c’est un peu ce qui se passe sur cet album, Talisman. Pendant longtemps, je me suis beaucoup comparé à d’autres, j’ai eu du mal à assumer ce qui caractérisait la musique de Fakear, j’avais du mal à me dire que c’était bien. Je voyais mes forces comme des faiblesses, des choses un peu ridicules. Plus j’avance, plus j’assume. Et finalement, revenir à Théo, c’est revenir à plus de spontanéité, revenir à un truc naturel qui m’appartient, et arrêter de mentaliser. Oui, j’ai envie de rester plus naturel. De m’éloigner de quelque chose finalement très fermé, rangé dans une case, pour aller vers quelque chose de plus ouvert, plus indéfini, mais qui ressemble plus au chaos de la vie, aussi.

Le concert de jeudi 9 mars à l’Astrolabe.

En première partie, le groupe FORM, qui connait bien Fakear pour avoir partagé beaucoup avec lui, proposera sa musique qui elle aussi a beaucoup évolué. Tout en restant fidèle à ce qu’ils écoutaient dans leur adolescence.

Capture du clip Equation

Renseignements et billetterie ici

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