Orléans : l’artiste Meredith Monk décryptée par Jean-Louis Tallon

Une conférence en images et sons s’est tenue ce jeudi 9 mars à la médiathèque d’Orléans. L’occasion d’en savoir un peu plus sur Meredith Monk, une artiste contemporaine hors du commun.

Par Anne-Cécile Chapuis

Jean-Louis Tallon lors de sa conférence du 9 mars à la Médiathèque d’Orléans. Photo AC Chapuis


Le propos débute par une étrange musique venue d’ailleurs. Six voix de l’ensemble vocal féminin Ephémères prêtaient en effet leur concours à la conférence proposée par
Jean-Louis Tallon dans le cadre du festival Musiques Pluri’elles organisé par le conservatoire d’Orléans et ses partenaires.

Un bien curieux personnage que cette Américaine née à New York en 1942 qui, après une formation classique en musique et danse dès son plus jeune âge, a bousculé les cadres de la scène. A la fois pianiste, chanteuse, dramaturge, chorégraphe et cinéaste, Meredith Monk a rencontré Jean-Louis Tallon entre 2014 et 2020 et ce dernier a publié les entretiens dans un ouvrage « Meredith Monk, une voix mystique » paru en 2022 aux éditions Le mot et le reste.

Jean-Louis Tallon. Photo AC Chapuis

 

Une artiste inclassable

En appui sur ses rencontres et son travail en profondeur sur l’artiste, Jean-Louis Tallon brosse un portrait largement illustré de photos, extraits vidéo, pièces pianistiques et exemples vocaux par Ephémères. Il signale que les vidéos ont été choisies avec Meredith Monk elle-même pour cette soirée, ce qui donne encore plus de présence à l’artiste.

Artiste ? Assurément, mais comment qualifier une personnalité aussi novatrice, jubilatoire, expressive et plurielle ?

Avec ses compositions pour piano, dont Florence Meunier-Hatab a donné plusieurs exemples, on approche la musique contrastée de Meredith Monk : une basse solide, souvent répétitive sur laquelle se greffent des fulgurances impromptues dans l’aigu, ce qui suppose une maîtrise pianistique dont Florence Meunier-Hatab a su faire preuve avec brio.

Quand elle s’intéresse à la voix en 1960, elle la qualifie de « chaînon manquant » qui allait donner sens à ses impressions. Elle fonde un ensemble vocal qui porte son nom et avec lui, va explorer les arcanes de la voix humaine. C’est l’éclosion de « spectacles performance » mêlant la voix, la danse, la percussion. La voix est utilisée à l’état pur : ce sont « des accents au-delà des mots, le mot venant en contrepoint du son », comme dans
« The Tale » créée en 1973 où les artistes, en ligne, proposent une sorte de ballet de cris dansés soutenus par un ostinato d’accordéon. Meredith Monk est en première ligne, donnant l’impulsion à ce rythme endiablé. Avec une nouvelle version de 1978, les auditeurs peuvent comparer et se rendre compte de l’aspect créatif toujours renouvelé de l’artiste.

Mais la musique de Meredith Monk, c’est aussi la simplicité répétitive, comme dans
« Early Morning Melody » interprétée a capella et à l’unisson par Ephémères. Loin d’être le plus facile !

Six membres de l’ensemble Ephémères dirigé par Émilie Legroux. Photo AC Chapuis

 

Une créatrice engagée

Cette artiste complète « choisie par l’art et non le contraire » explore, se laisse emporter par les sons qu’elle met au service des causes qu’elle défend. Visionnaire, elle défend depuis longtemps les thèses sur la planète, les risques, et s’insurge contre les fatalités.

Ainsi dans Cellular Songs (créé en 2018 et donné à Paris en 2022), elle va au cœur de l’expression la plus sobre en déclinant « I’m a happy woman », changeant l’adjectif qui peut aller jusqu’aux antipodes (angry) mais toujours avec la même diction façon mélopée. Du plus bel effet.

Meredith Monk est venue en France à plusieurs reprises, et le site néolithique de
La Roche-aux-Fées lui a inspiré l’album « Dolmen Music » en 1979. Elle est venue à Orléans en 2013 et 2014, invitée du pôle culturel de l’université. Elle a aussi été programmée à la Philharmonie de Paris en 2022, et devrait y revenir prochainement pour une création mondiale.

Une artiste dérangeante, qui sort et fait sortir des cadres habituels, à découvrir ou à suivre !

En savoir plus sur Jean-Louis Tallon 


Plus d’infos autrement sur Magcentre : Un conservatoire aux couleurs « Pluri’Elles »

 

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