D’une fraîcheur incandescente, l’œuvre de Leena Noux

Au creux de l’atelier de la rue Pothier, à Orléans, les tubes de peinture encore ouverts, les éponges, les papiers froissés, une brosse et les pinceaux semblent se remettre d’intenses sollicitations. De fait, Leena Noux, ne cesse jamais de peindre, ou si peu, de temps en temps, le temps d’autres éclaircies.

Par Jean-Dominique Burtin

Sur le sol gît ainsi, ce matin-là, à même un drap déployé, précieusement rassemblés dans un délicat désordre, tous ces outils, pressés, usés mais cependant jamais fanés. A quelques pas d’eux se dressent des œuvres impressionnantes de grand format, d’une fraîcheur incandescente et conjuguant acrylique et fusain. 

Leena Noux, atelier – Photo Claire Jouquant

Miroirs d’échappées d’âme

Dans le calme du lieu, naissent, en effet, fruits de passion et d’intensité, de concentration sensible et gourmande, des toiles emplies de couleurs, à la fois assauts et apaisement, fusion de nuances affirmées, miroirs de belles échappées de l’âme et du geste d’une artiste qui traque ou s’en remet aux couleurs élues du jour livrant de superbes enchantements.   

Du 5 au 26 mai, quelque 26 toiles abstraites où l’on décèle fractures, failles et cette troublante présence vivante de la matière, seront convoquées par cette artiste dans le vaste écrin que constitue le château de l’Étang. Aux cimaises, figureront dans un accrochage cohérent, nouvelle création en soi, des embellies d’espaces, des aplats sertis d’un trait qui s’émousse au profit d’une atmosphère suspendue. 

Proposée par la mairie de Saran, cette exposition dont le titre est “Valo”, ce qui veut dire “lumière” en finnois, invitation est lancée à se laisser aspirer par des couleurs provoquant doux et grave saisissement.

Les couleurs ont un goût, un parfum, une humeur

« Pour cette exposition, j’ai cherché des gestes plus bruts et voulu présenter des toiles moins finies, ce qui m’importe est de travailler sur les contrastes et dans une verticalité qui s’impose actuellement à moi », avance Leena Noux. Et cette artiste, membre de la société des Artistes Orléanais, d’ajouter, dans une confidence et un aveu souriant : « Je dois reconnaître que je maltraite la peinture avec des grattements, différents objets, peu de pinceaux mais des éponges pour des effets qui me plaisent. »   

Leena Noux, pour qui la couleur possède « un goût, un parfum, une humeur presque humaine », présentera-t-elle quelques portraits qui sont apparitions, présences éthérées et vapeurs fantomatiques ? Peut-être, peut-être pas, car pour l’artiste il s’agit de ne pas perturber le fil rouge “lumière” de cet accrochage qui ne semble pas devoir faire allusion au motif et à la présence d’un passager.  

Sentiment, sérénité et jaillissement

Dans une peinture de Leena Noux se conjuguent, un instant, un orange un mauve violet, des couleurs qu’elle a décidé d’utiliser ce jour-là quand bien même leur harmonie, nous dit-elle, la rend « triste ». Ailleurs, sur un vaste tableau voici que la couleur jaillit comme un lumineux sentiment du sombre de l’œuvre, c’est quelque chose de joyeux, de sonore, d’éclatant, une élévation subtile qui semble ne pas finir. Souvent, cette artiste travaille deux ou trois toiles en parallèle et les fait tourner, puis elle les laisse se reposer quelques semaines dans une pièce à l’écart. Le temps de prendre ses distances. Viendra, en son temps, le moment de les redécouvrir, d’apporter ou non une retouche avant de rompre et de les offrir aux regards, dont ceux des amateurs d’art qui viendront à leur rencontre au château de l’Etang.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Dernières expositions d’Abdelkader Damani au FRAC à Orléans ?