Des territoires acteurs de santé publique

Face à la crise de notre système de santé et aux carences de l’État, les collectivités locales interviennent de plus en plus. Le 4 mai dernier, cette question était au cœur du 4e Carrefour des territoires organisé par Maires 41, l’Observatoire de l’Économie et des territoires et le CAUE à la Halle aux Grains de Blois.

Par Jean-Luc Vezon

Aurore Gely-Pernot, maître de conférence à l’Ecole des Hautes en Santé publique, Patrice Diot, Doyen de la faculté de médecine de l’université de Tours, Élisabeth Doineau, sénatrice rapporteure générale de la commission des affaires sociales et Philippe Gouet, président du département de Loir-et-Cher ont plaidé pour plus de décentralisation en matière de santé. Crédit photo Jean-Luc Vezon

En France, 30 % de la population vit dans un désert médical selon une étude de la DREES et 11 % des Français n’ont pas de médecin traitant. Le Loir-et-Cher n’échappe pas à la règle et la situation est même pire puisque le chiffre atteint 17 %. Avec un médecin généraliste pour 1 450 habitants (moins 50 médecins en 5 ans), le département se classe ainsi à la 72e place parmi les départements les plus impactés. (1)

« La santé est un bien commun et notre nation se doit de garantir l’accès aux soins. Pour pallier les carences de l’Etat, les collectivités sont de plus en plus présentes à l’image du département ou de nombreuses communes », expliquait Catherine Lhéritier, présidente de l’association des Maires de Loir-et-Cher (Maires 41) à l’occasion de sa visite sur le salon où l’on dénombrait cette année une cinquantaine de professionnels partenaires.

En proposant trois ateliers sur les thèmes de l’urbanisme, de l’attractivité ou des outils à disposition, les organisateurs ont démontré qu’en Loir-et-Cher, on agit pour trouver des solutions innovantes. Outre le plan départemental « Le 41 en bonne santé » qui dégage 25 M€ sur cinq ans, l’agence d’attractivité Be Lc conduit de nombreuses actions de prospection qui commencent à porter leurs fruits puisque 9 professionnels de santé se sont installés en 2022 et 13 en 2023.

L’Observatoire de l’économie et des territoires 41 mène de son côté plusieurs études et diagnostics (en particulier dans le cadre des Contrats Locaux de Santé) et développe des applications web cartographiques sur Santé-proximité.pilote41.fr, on apprend par exemple qu’il existe de fortes tensions sur certains territoires fragiles socialement avec une population âgée (au nord du département et en Sologne). Une autre baptisée
« Carrières médicales en Loir-et-Cher » recense et présente tous les postes dans les Maisons de Santé Pluridisciplinaire ou cabinets médicaux.

« Un débat pour une recherche de solutions concrètes doit s’engager au parlement », insiste Catherine Lhéritier qui soutient notamment une proposition de loi transpartisane signée par plusieurs députés de la région (Nicolas Sansu, Christophe Marion, Philippe Vigier, Nicolas Forissier) pour réguler l’installation des médecins.

Des leviers à activer localement

Sur le thème La santé à l’épreuve des politiques publiques, une très riche conférence a permis d’entrevoir des solutions. Les invités, parmi lesquels Patrice Diot, Doyen de la faculté de médecine de l’université de Tours, Élisabeth Doineau sénatrice et rapporteure générale de la commission des affaires sociales et Philippe Gouet, président du département de Loir-et-Cher, ont d’abord insisté sur l’importance de la prévention puisque 80 % des questions touchant notre santé ne sont pas liées à l’accès aux soins.

« La santé publique, ce n’est pas que l’affaire des médecins. Il faut donner plus de responsabilités aux collectivités » a plaidé Élisabeth Doineau tandis que Patrice Diot pointait « 50 ans d’impéritie politique » et pointait une dégradation accélérée sur le diagnostic des cancers ou la prise en charge des maladies cardiovasculaires.

De retour du CNR Santé où il a échangé avec le ministre de la Santé François Braun, Philippe Gouet, a confirmé que « la régulation coercitive pour l’installation des médecins n’était pas dans les tiroirs ». On se dirigerait plutôt vers la fin d’une gestion par les actes remplacée par le versement de forfaits avec une majoration dans les zones sous dotées et pour la prise en charge des malades chroniques.

La question des nouveaux outils et dispositifs (télémédecine, assistants médicaux, infirmières en pratique avancée… ) a enfin été abordée. Ils permettent de gagner du temps médical en attendant la sortie de crise estimée seulement à 2034. D’ici-là le numerus clausus aura été revu à la hausse avec 10 000 médecins formés annuellement
(3 500 en 1993) tandis que les CHU d’Orléans et de Tours verront leur nombre de médecins hospitalo-universitaires augmenter de 25 et 16 à l’horizon 2025.

(1) 54 % des médecins loir-et-chériens ont plus de 55 ans contre 47 % en France.

Congrès des maires

Grandes manœuvres pré sénatoriales

Le Carrefour des Territoires se combinait également avec le 64e Congrès des maires de Loir-et-Cher durant lequel Catherine Lhéritier présidente de Maires 41 et 1ère vice-présidente du département a notamment apporté un ferme soutien à ses collègues, piliers de notre vie démocratique mais « qui ont besoin d’être reboostés » à la suite des crises successives.

Vice-présidente nationale de l’AMF et co-animatrice d’un groupe de travail sur le sujet, Catherine Lhéritier a annoncé que des propositions seraient faites rapidement pour améliorer l’exercice des mandats touchant l’adaptation des indemnités, la protection sociale, la formation, la reconnaissance de l’expérience acquise, la bonification de retraite ou la protection face aux agressions.   

Mais au-delà du travail de cette préoccupation, les observateurs attentifs n’auront pas manqué le ballet des candidat.e.s potentiel.les aux Sénatoriales. Si Catherine Lhéritier (centre droit) est en position de force, une autre femme Karine Gloanec Maurin (PS) pourrait bien créer la surprise dans une élection toujours incertaine.    

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