Au salon 2 000 emplois 2 000 sourires, les entreprises draguent les demandeurs d’emploi

Après une dernière édition grimaçante, le salon de l’emploi était de retour dans un format plus restreint avec échange et convivialité comme maîtres-mots. Alors qu’elles rencontrent des difficultés pour embaucher, les entreprises sont désormais contraintes de draguer les demandeurs d’emploi.

Par Mael Petit


On l’avait quitté sur une pointe de déception lors de l’édition précédente au Zénith d’Orléans.
 Alex Vagner, l’initiateur du salon 2 000 emplois 2 000 sourires, reconnaissait volontiers que le nombre de visiteurs était en deçà de ses espérances, une affluence en berne peut-être due à la baisse des chiffres du chômage ou plutôt à l’évolution des attentes des demandeurs d’emploi. L’événement devait se renouveler, une promesse alors annoncée par son organisateur « Peut-être faudra-t-il mettre en place une manifestation moins imposante », imaginait-il. 

Premier tournant pour cette année, le choix du lieu d’accueil de l’événement. Fini, la grandiloquence du Zénith, une délocalisation à l’Espace Montission de Saint-Jean-le-Blanc a été opérée pour revenir à une taille plus humaine. « Nous voulions revenir à un événement plus convivial, plus en phase avec le slogan du salon : l’humain avant tout », confie Alex Vagner. Au final, le pari est réussi avec une organisation soulagée, au sourire retrouvée qui a enregistré presque 2 000 visiteurs (en majorité des 18-30 ans) à l’issue de la journée.

Dès l’ouverture des portes, les échanges entre recruteurs et demandeurs d’emploi se sont enchaînés. Photo Magcentre

Sur le salon, entreprises, écoles, formations en alternance, boites d’intérim, etc. se trouvaient sur un circuit serpentueux qui permettait au public en quête d’une nouvelle aventure professionnelle de ne rater aucun des 70 stands (120 l’année dernière) mis en place. Certaines boites n’hésitaient d’ailleurs pas à afficher les offres d’emploi ou même à interpeller les curieux de passage. « Nous recherchons constamment du renfort sur nos sites de Fleury-les-Aubrais et Ormes. Nous sommes ouverts à tout type de profil et ce genre de salon permet d’aller directement au contact des potentiels candidats », précise-t-on du côté du fabricant de matériel agricole John Deere. 

Le salon 2 000 emplois 2 000 sourires regroupait des recruteurs du Centre-Val de Loire dans des secteurs en forte tension comme l’industrie, la construction ou l’aide à domicile. Mais il est loin le temps où les entreprises avaient le confort de choisir ses collaborateurs avec exigence et rigidité. Le rapport au travail a évolué pour la population et les rôles se sont inversés. « Avant lorsque l’on nous proposait un poste, on devait dire oui. Maintenant, c’est fini. Notamment chez les jeunes qui veulent se sentir bien au travail et cherchent à se retrouver dans des projets », observe Alex Vagner. « On assiste à un changement de paradigme sur le secteur de l’emploi. Les gens recherchent à travailler autrement avec un métier qui les passionne. Ils sont plus exigeants mais aussi audacieux. Aux employeurs de s’adapter pour attirer les candidats », embraye Carole Canette vice-présidente de la région partenaire de l’événement. 

« Les recruteurs doivent séduire les candidats ! »

En ce sens, nombre de recruteurs tentaient de vendre leurs postes disponibles aux visiteurs parfois même interpellés dans les allées. Sortir des schémas et des clichés, c’est le vœu des acteurs du secteur professionnel présents ce mardi. Alors avant de parler de compétences, on souhaite d’abord mettre en confiance les demandeurs d’emploi et mettre en avant l’environnement de travail. D’autres vont même jusqu’à bousculer les codes dans le processus de recrutement et par exemple remettre en cause la nécessité du sacro-saint CV. « Il faut dépasser le cadre qui existe depuis plusieurs années. Aujourd’hui les employeurs doivent séduire les candidats et non l’inverse, prévient Mélanie Slufcik, fondatrice de la plateforme Colibree Intergeneration et marraine de cette 11e édition. L’entreprise doit présenter de nouveaux avantages au candidat notamment au niveau des conditions de travail. La forme est indispensable ». Mélanie Slufcik va jusqu’à organiser des ateliers de rencontre intitulés “Venez sans CV” lors desquels les recruteurs se concentrent sur les personnalités des candidats. Une idée qui séduit et permet de mieux cerner les personnalités des potentiels futurs collaborateurs. Pour les profils sans expérience ou en processus de reconversion, c’est même une méthode particulièrement appréciée. 

Sur les stands en tout cas, la question de l’expérience professionnelle n’était pas forcément au centre des échanges. Les candidats étaient nombreux à repartir avec plusieurs cartes de visite en mains. Des rencontres qui suscitaient pas mal d’espoirs du côté des visiteurs à la sortie de l’Espace Montission, notamment chez les plus jeunes. Et peut-être même plus encore à l’intérieur du côté des recruteurs.

De l’autre côté du mur, la bienveillance professionnelle illustrée…


Toutes les collectivités partenaires de l’événement – Métropole, département, région –étaient représentées lors de l’inauguration ce mardi matin.
 L’occasion au cours d’une conférence de presse dans l’auditorium de souligner et féliciter Alex Vagner de son implication pour l’emploi sur le territoire et d’évoquer les grandes difficultés des collectivités à recruter dans des interventions rarement aussi alignées ces derniers temps.
Des chefs d’entreprise ont emboîté le pas pour témoigner également des nombreux postes à pourvoir au sein de leurs structures avant que certains ne nous enseignent « les fondamentaux » du fonctionnement d’une boite.

Un entrepreneur nous a notamment appris la règle des tiers au sein de chaque entreprise. « Un tiers de bons employés (qu’il faut conserver), un tiers de moins bons (qu’il faut faire progresser) et 1/3 de très mauvais (qu’il faut dégager) ». Et quand on demande plus d’explications concernant « ces très mauvais », il faudrait les « flinguer » précise-t-il hilare dans un contraste pour le moins pernicieux quand on sait que de l’autre côté des centaines de personnes, dotées parfois de parcours professionnels chaotiques, recherchent un emploi. « Mais je vous rassure, cette règle des tiers s’applique également aux employeurs ». Ouf nous voilà apaisés…

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