Un colloque organisé ce 16 juin rend hommage à celui qui fut un des grands maires d’Orléans, mais aussi une personnalité intellectuelle et politique incontournable du XXe siècle. L’historien Pierre Allorant nous rappelle les multiples facettes du résistant, de l’homme de presse et du bâtisseur.
Propos recueillis par Jean-Jacques Talpin
Pourquoi organiser aujourd’hui un colloque en hommage à Roger Secrétain ?
Il est vrai que son empreinte est puissante. C’est lui qui à partir de terres de Sologne a créé une ville nouvelle, la Source, autour du renouveau de son université, l’arrivée du CNRS et du BRGM. Il fallait être vraiment audacieux et visionnaire alors pour projeter Orléans dans ce développement urbain incertain et novateur. On lui doit aussi la construction du théâtre, de l’École des Beaux-Arts, la reconfiguration de nouveaux quartiers.
Il fut aussi une figure intellectuelle…
On lui doit plusieurs ouvrages, il était un des meilleurs connaisseurs de Péguy et un critique littéraire reconnu. Sa vie aurait pu se limiter à la culture comme intellectuel autodidacte après avoir créé des revues, Le Mail, Le Grenier, avec d’autres intellectuels comme Marcel Abraham, René Berthelot directeur du conservatoire, Maurice Genevoix et bien sûr Jean Zay. C’était aussi un journaliste, fondateur en 1944 de La République du Centre dont il fut aussi le PDG et l’éditorialiste redouté avec sa tribune scrutée chaque samedi matin par tous les Orléanais.
Homme politique, sa mission n’a pas dépassé l’Orléanais ?
Avec son passé de grand résistant, il fut député d’un groupe central, l’UDSR (Union démocratique et socialiste de la Résistance) dont il fut le responsable national aux côtés de François Mitterrand et d’autres personnalités de centre gauche foncièrement
anti-communistes. Fondamentalement engagé dans l’Orléanais, il ne fut jamais député-maire ni ministre et ne le souhaitait sans doute pas.
Malgré son emprise sur Orléans, il fut battu par les Orléanais…
C’est vrai, les Orléanais le mirent en échec et il perdit son mandat municipal au profit de René Thinat. La bourgeoisie orléanaise avait ainsi sa revanche. Ce fut sans doute sa plus grande blessure. Lui, l’Orléanais viscéral, le résistant a vécu cet échec comme une injustice.
Ce qui le poussa vers la droite…
Parti du centre gauche, il finit à droite, gaulliste ou proche du Général de Gaulle sans pour autant être un affidé inconditionnel. A la fin de sa vie il représentait une droite humaniste, sociale sans pour autant se revendiquer d’un parti ou d’un clan. Il était avant tout un chantre du pessimisme.
Quels échecs lui attribuer ?
Quelques-uns sans doute. Créer la Source sans véritablement l’inscrire et l’insérer durablement dans le paysage orléanais, le quartier gare et la non-réalisation d’une gare unique qui pèse encore aujourd’hui, l’absence de vision régionale, sans parler des Floralies en 1967 au nouveau parc floral qui ont accéléré sa chute en 1971. Mais son bilan reste largement et globalement positif !
Colloque Roger Secrétain
Vendredi 16 juin 2023 8 h 30 – 18 h
Musée des Beaux Arts d’Orléans 1 rue Fernand Rabier 45000 Oréans
Le programme ICI