Entre terre et mer, l’Aude a tout bon

De l’eau, encore de l’eau, toujours de l’eau. L’Aude ne manque pas d’immenses étendues de marais, de salins, de dunes et de lagunes. Pour s’en rendre compte il faut, conseille Mickaël Falguera, grand amoureux de la nature et sympathique guide, « prendre de la hauteur pour admirer le paysage ».

Par Bénédicte de Valicourt

 

Aujourd’hui, il nous conduit au sommet de la colline du Mour à proximité du beau village de Peyriac-de-Mer. De là, les étangs scintillent à perte de vue, bordés au loin par le littoral méditerranéen et le massif de la Clape, 15 000 hectares – dont 8 000 protégés – de vertes pinèdes, de vignes, de garrigues et de falaises. Des terres sauvages juste trouées çà et là par quelques îles, les cheminées d’usine de Port-La Nouvelle, la vieille tour de Gruissan ou la ligne de chemin de fer Narbonne/Perpignan qui serpente sur le lido entre deux étendues salées.

Peyriac-de-Mer vu de la colline du Mour © Laurent Rizzo


En attendant, nous cheminons sur les pontons en bois des anciens salins de Peyriac-de-Mer, entre les oiseaux et les muges qui font des bonds impressionnants hors de l’eau. Une balade d’autant plus précieuse que ce lieu très préservé, aménagé sur une lagune sauvage au XVIe siècle et exploité jusqu’en 1969, a failli disparaître sous les assauts d’un promoteur. C’était en 1987. L’homme, comme tous ses semblables, voulait construire une marina. Les habitants ont vu rouge et ne se sont pas laissé faire. Et entretemps, le Conservatoire du littoral a racheté le site et le parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée a été créé. De quoi préserver la riche biodiversité locale, les oiseaux et le littoral, l’un des moins urbanisés de France, malgré les stations balnéaires comme la Franqui, Gruissan, Leucate plage, Saint-Pierre-la-Mer…

Un peu comme la Mer morte


Juste à côté, les pontons mènent à l’étang du Doul, qui communique avec la saline. C’est le plus profond et surtout il présente un taux d’hyperhalinité – soit un taux de sel – deux fois supérieur à celui de la mer. De quoi, flotter à la surface ce qui lui vaut le surnom de « mer Morte languedocienne ». A six kilomètres de là, après avoir longé une belle route entre deux eaux, on arrive à l’étang de Bages, le plus vaste de la région, dominé par son village juché sur un promontoire rocheux. Il y reste deux pêcheurs, dont les activités varient suivant le temps. Ils pêchent notamment l’anguille, très prisée à l’époque par les Romains et aujourd’hui par les Italiens. Si vous avez de la chance et une fois que vous aurez un peu grimpé au-dessus du village, vous pourrez apercevoir au loin leurs longues barques… C’est beau, calme, doux et apaisant.

Visites guidées avec Mickaël Falguera, guide naturaliste. Tél. : 06 84 43 82 30. www.jevousemmene.wix.com/aude

Et aussi :

Côté culture

– Visiter le L.A.C,
un formidable centre d’art contemporain privé, sis dans une immense et ancienne cave viticole de Sigean, restaurée et transformée par le peintre hollandais Piet Moget, qui y stockait des œuvres. Depuis 1991, c’est devenu un lieu d’exposition, tenu de main de maître par Layla Moget, sa fille, qui y organise deux expositions par an. C’est aussi elle, qui vous fera visiter avec une extrême gentillesse, la très belle collection permanente débutée par son père, qu’elle prend soin de renouveler sur les murs régulièrement. Ouverture l’après-midi du jeudi au dimanche de 14H à 18H en période d’expositions ou sur rendez-vous : Tél. : 04 68 48 83 62. www.lac-narbonne.art – 1 rue de la Berre Sigean.

L.A.C  © Laurent Rizzo


Exposition « Néerlandais de Paris » Yvan Cremer, Pieter Ceizer, Ceese Viser, Du 2 juillet au 24 septembre du jeudi au dimanche 15H-19H. www.lac-narbonne.art


– Découvrir Narbo Via à Narbonne
.
De quoi en savoir plus, grâce à une très belle muséographie, sur la longue histoire romaine de Narbo Martius, première colonie romaine de Gaule, devenue capitale de l’immense province de la Narbonnaise et premier port de la Méditerranée occidentale. Paradoxalement, il ne reste quasiment aucun vestige visible. La ville a en effet commencé à être détruite au début de l’ère chrétienne. Puis au XVIe siècle, les pierres de la ville romaine ont été utilisées pour construire le mur d’enceinte de la ville qui a ensuite été dynamité quand il n’y a plus eu besoin de remparts…

Narbo Via © Laurent Rizzo


Le visiteur est accueilli par une impressionnante galerie lapidaire de 76 mètres de long sur laquelle reposent 760 blocs de pierre issus des nécropoles romaines de la ville antique. Ils sont disposés sur une double rangée, séparés par un rail ce qui permet de pouvoir les déplacer. On y apprend aussi au travers des 1 300 pièces exposées, comment et pourquoi la ville, très bien située, était devenue la base arrière des Romains pour conquérir la Gaule. Ou comment fonctionnait le port antique et son évolution, parfaitement reconstituée en 3D.

C’est aussi l’exposition temporaire « Narbo Martius, renaissance d’une capitale », une reconstitution en images de synthèse de la ville romaine. Jusqu’au 17 septembre 2023.

www.narbovia.fr


– Suivre des comédiens en grand costume pour visiter Narbonne.
Ils vous raconteront le passé romain de la ville, vous feront cheminer le long du pont des marchands, l’un des derniers ponts habités de France, s’arrêteront devant la cathédrale dont la première pierre a été posée en 1272 et qui ne sera jamais achevée et longeront avec vous les bords du fleuve aménagés au XVIe siècle sous Louis XII, comme le quartier des halles, autre lieu très sympathique de la ville à ne pas rater. Renseignements à l’Office de tourisme.


– Monter jusqu’à la chapelle Notre-Dame Des Auzils,
sur le massif de la Clape sur les hauteurs de Gruissan. Pour y parvenir, on traverse une forêt de pins avant d’arriver au cimetière des marins créé au début du XIXe siècle. Le chemin qui grimpe jusqu’à la chapelle à environ 1 kilomètre, est bordé d’une trentaine de cénotaphes, des tombes vides construites par les familles pour rendre hommage à leurs marins partis faire fortune au loin sur des navires de commerce et disparus sans laisser de traces. D’où son surnom d’« allée des naufragés ». Au sommet, la chapelle offre une vue à 360° sur les alentours. C’est aussi un repaire spirituel émouvant dédié aux marins où les Gruissanais se rendent encore régulièrement en pèlerinage. Les ex-voto offerts par les marins ont pour la plupart été volés en 1967. Heureusement sur décision de l’abbé de Gruissan qui avait fort à propos pris des photos de chaque tableau, ils ont pu être reproduits directement sur les murs en trompe l’œil cadre compris. Incroyable !


– A voir à Gruissan, le beau village ancien construit en escargot dominé par une tour du XIIIe
siècle. Il y a aussi là une vingtaine de pêcheurs, dont on peut aller voir les cabanes à l’Ayrolle, tout au bout de l’île Saint-Martin après les salins, au bord de l’étang. A ne pas rater non plus, la plage des cabanes, une succession de maisons en bois colorées sur pilotis, son immense plage, avec en toile de fond le massif de la Clape. Un lieu unique rendu célèbre par le film 37°2 le matin (1986).

Le vieux village de Gruissan @ OT Gruissan


www.gruissan-mediterannée.com


Côté détente

– Louer un kayak à la base nautique de Fort-Mahon à Sigean pour sillonner les étangs.


– Aller sur l’île de Sainte-Lucie,
une réserve naturelle régionale (tél. : 04 68 48 00 51), accessible à pied qui offre une belle vue sur les lagunes et les massifs environnants. Le refuge rénové vient de réouvrir. C’est rustique (grands dortoirs) mais sympa et on peut y dîner et prendre le petit-déjeuner. Il y a là aussi l’immense et sauvage plage du Grau de la Vieille Nouvelle. C’est l’un des seuls graux sauvages de France. Des circuits aménagés mènent aux vestiges de la cantine des ouvriers du sel et autres vestiges. Refuge de St Lucie
https://refuge-littoral-sainte-lucie.fr/

Un parc régional pour protéger les oiseaux et les espèces végétales

Le parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée créé en décembre 2003, c’est 70 000 hectares, 21 communes, 42 kilomètres de littoral, 12 000 hectares de zones humides et 28 000 hectares de garrigues qui attirent chaque année 250 espèces d’oiseaux et ont permis le développement de 1 400 espèces de végétaux. 56% du parc est classé Natura 2000 et 3 500 hectares sont gérés par le conservatoire du littoral. Sont protégés le Plateau de Leucate, l’île Sainte-Lucie, le massif de la Clape, Fontfroide et le gouffre de l’œil doux. Observations ornithologiques, découverte des plantes, lecture de paysages. Les animations, conférences et visites sont gratuites. www.parc-naturel-narbonnaise.fr.

En 2021, pour compléter cet espace naturel le parc naturel régional Corbières-Fenouillèdes a vu le jour. Il s’étend sur 99 communes (soit 7 intercommunalités) et deux départements : l’Aude et les Pyrénées-Orientales. Soit une superficie totale de 1 781 km² pour un peu plus de 29 000 habitants. Comme un trait d’union entre les zones méditerranéennes et pyrénéennes.

Carnet de bord

– Manger au Portanel à Bages avec vue imprenable sur l’étang. Tél. 04 68 42 81 66.

– Boire un verre ou manger une cuisine simple et de terroir à « Ô vieux tonneaux » sur la place de la mairie à Peyriac-de-Mer.

– Manger une bonne cuisine de terroir au restaurant, façon ginguette « La Pacheyrasso », au bord des salins de la Palme, où l’on est fort bien accueilli. Plat du jour à 18 euros avec le dessert. Visites des salins en petit train. Réservation au 06 17 23 01 16.

– Diner au Paparazzo sur la plage des cabanes à Gruissan. 50 av. de la jetée Place Alain Colas.

– Dormir à la chambre d’hôtes La Lagune ou à la villa Firsherman’s View à Bages

 – Dormir à la chambre d’hôtes Le Chai de Marguerite ou au lodge La Milouyette à Peyriac-de-Mer.

– Faire une pause à Gruissan au Château le Bouïs, un grand domaine viticole et un petit havre de paix authentique dans une belle maison, loin des parasols et de la foule de Gruissan. Visite, restauration et dégustation sur place. www.chateau-lebouis.com

– Faire une petite incursion dans les Corbières au domaine de Castelsec, une authentique maison entièrement écologique perchée à 267 mètres en pleine nature. C’est route de Fraisse à Roquefort des Corbières. Demander de préférence le gîte. www.domainecastelsec-aude.fr

– S’échapper à vélo le long du canal de la Robine, de l’écluse de Moussoulens à Port-la-Nouvelle (6 écluses) On peut également le longer à bicyclette en partant de Narbonne jusqu’à Port-La-Nouvelle. C’est comme une remontée dans le temps, qui traverse une étonnante langue de terre enserrée entre deux véritables mers intérieures… Sur le chemin de halage, au cœur de la réserve de Sainte-Lucie, on pédale entre terre et eau jusqu’à une plage donnant sur l’immensité de la Méditerranée. www.canaldes2mersavelo.com

Pour plus de renseignements contacter : www.audetourisme.com

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Zoo de Beauval, symbole des dérives du surtourisme

Commentaires

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  1. Merci infiniment pour cette idée tourisme pas loin de chez nous, car en France et non à l’autre bout du monde, et cette belle présentation de ce beau département que je n’ai pas encore pu visiter à ce jour.

    C’est une belle carte postale et brochure découverte et touristique que vous nous avez offerte là. Merci beaucoup. Ne vous privez pas si d’aventure, vous avez l’occasion de le faire pour d’autres départements. Je pense que cela pourrait en intéresser plus d’un.

    Un bon et beau moyen de se changer les idées et de se faire du bien dans ce monde de brutes dans lequel nous vivons.

  2. L’Aude de la Mer, c’est bien ! Mais à l’autre bout du département, L’Aude du Marbre, c’est à voir aussi: Caunes Minervois, où déjà les romains exploitaient plusieurs des 12 différentes variétés de marbre recensées, et dont sont faites les cheminées de Versailles… et chut, quelques sculptures d’un artiste qui a replanté ses racines dans l’orléanais à la fin des années 70…
    L’autre aspect de l’intérêt de ce site, où l’on peut vérifier qu’ici encore, la géographie fait lien avec l’histoire…les marbres colorés de Caunes à Rome où à Florence, les sculpteurs italiens à Versailles, et le parcours par voie d’eau de ces blocs de plusieurs tonnes pour rejoindre la capitale de l’époque…

    https://www.grand-carcassonne-tourisme.fr/la-destination/les-beaux-villages/caunes-minervois/

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