RSA : la réforme chère à Macron testée dans le Loiret

Le Loiret va participer à l’expérimentation France Travail dès cet été. La convention avec l’Etat a été adoptée pour un renforcement de l’accompagnement des bénéficiaires du RSA dans l’agglomération Montargoise. La phase d’expérimentation est prévue sur 2023-2024 avant une généralisation du dispositif espérée dans la foulée. 

Par Mael Petit


« La situation financière nationale et internationale nous impose la plus grande
vigilance !
 » En introduction de son discours à la session du Conseil départemental, le président Marc Gaudet veut désamorcer d’entrée tout emballement à venir lié à la hausse « inévitable » des dépenses. Augmentation du coût de l’énergie et des matières premières, point d’indice de la fonction publique relevé, revalorisation de l’allocation pour les bénéficiaires du RSA… Le budget est soumis à de nombreuses perturbations mais le capitaine tient la barre. D’après lui, le département gère au mieux cette période inflationniste, et même la minorité de gauche s’incline sur ce terrain-là bien que de son point de vue, il pourrait davantage soutenir « ses missions sociales ». En bon petit père de famille qu’il est, Marc Gaudet sait compter ses deniers et défendre le travail de son équipe face à ceux qui dénoncent une frilosité des moyens déployés.

Ce clivage gauche droite est d’autant plus visible sur la valeur travail. Depuis le temps qu’on en parle du côté du gouvernement, la mise en place de France Travail se fait attendre. Entre report, une réforme des retraites qui a phagocyté le calendrier ou encore un projet de loi loin de faire l’unanimité (la Seine-Saint-Denis a annoncé son retrait), la révolution autour du RSA traîne en longueur. Dans le Loiret, territoire pilote sur ce projet, l’expérimentation de la réforme se concrétise. L’assemblée départementale a adopté en session la convention avec l’Etat pour l’accompagnement des bénéficiaires au grand dam des élus de gauche qui dénoncent là une énième stigmatisation des personnes les plus précaires. 

L’Est du département ciblé

Dans le Loiret 2 700 allocataires seront concernés dans les prochaines semaines par cette phase de test unique en Centre-Val de Loire, et déployée sur un territoire circonscrit à l’agglomération Montargoise. Un choix dicté par une concentration de bénéficiaires du RSA plus importante dans ce secteur du département. Il s’agira de renforcer l’accompagnement des demandeurs avec une meilleure orientation vers le référent le plus adapté, mais aussi organiser des entretiens réguliers et conditionner le versement du RSA à « des heures d’activités en insertion ». 15 à 20 heures hebdomadaires – qui prendront la forme d’ateliers CV ou de préparation aux entretiens, formations ou immersions en entreprise voire de l’engagement associatif – censées accélérer leur retour vers l’emploi. « Mais ce n’est pas du travail », insiste Marc Gaudet qui tient également à rassurer sur le caractère « bienveillant » de l’accompagnement de ses services bien que chaque bénéficiaire soit pressé de jouer le jeu. « Il peut y avoir des cas particuliers où les freins vers le retour à l’emploi constituent de réels obstacles », reconnaît Pauline Martin, vice-présidente chargée de l’emploi et de la solidarité. C’est tout l’argumentaire des opposants à cette réforme qui ne lui voient qu’un moyen de renforcer les contrôles, là où les familles en proie à la précarité et à une grande détresse sociale réclament un accompagnement positif sur le chemin de la réinsertion professionnelle. Mis en exergue, le cas des familles monoparentales est notamment au centre des débats. « On peut organiser des gardes d’enfants ou réserver des places dans des structures d’accueil », répond Marc Gaudet. Des solutions semblent toutes trouvées pour le département qui juge que personne n’est inemployable.

Si d’ailleurs le département se montre très enthousiaste à l’idée de débuter enfin l’expérimentation – il s’est porté volontaire pour faire partie des départements test -, il ne manque pas moins d’avertir sur le succès de la réforme qui passe, d’après lui, par une totale confiance accordée en l’expertise et l’expérience des collectivités. « Les profils des personnes au RSA sont très différents en fonction des territoires. Pour que cela fonctionne, il faut que l’Etat soit à l’écoute des acteurs sur le terrain, prévient Pauline Martin. Car nous sommes déjà actifs pour dynamiser le retour à l’emploi puisque nous avons lancé le dispositif 3 mois pour 1 job l’année dernière ». Le grand lancement est donc prévu cet été. Et gare aux sanctions pour les plus revêches. Cette réforme répondant au fantasme du plein-emploi rêvé par Emmanuel Macron, tout un « dispositif de sanctions » est déjà prévu pour ceux qui s’éloigneraient du parcours d’accompagnement. Dans tous les cas, cela ne pourra que rapprocher de l’objectif chiffré espéré…


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