L’illettrisme en France touche près de 2,5 millions de personnes soit 7% de la population âgée de 18 à 65 ans. Des données encore très difficiles à affiner localement. Pour la première fois, une étude menée en Centre-Val de Loire a donné des résultats qui devront conduire à l’élaboration d’un plan de lutte contre l’illettrisme sur le territoire.
Par Mael Petit
A l’occasion de la rencontre régionale Libres Savoirs ce mardi 27 juin à Tours, la région Centre-Val de Loire a livré les résultats d’une enquête « inédite », commandée au GIP ALFA CVL, sur l’illettrisme et l’illectronisme sur son territoire. Si l’éclairage reste partiel en raison de l’impossibilité à fournir des résultats précis localement (à savoir par département), cette étude inédite sur 6 mois permet en revanche d’obtenir « de manière très très fiable » des données au niveau régional. A savoir que la région présente un taux d’illettrisme – à différencier de l’analphabétisme – de plus de 10% quand la moyenne nationale émarge aux alentours des 7%. « Les résultats de ce type d’enquête sont difficiles à obtenir. Il faut déjà que les personnes soient repérées car elles ont tendance à se cacher puisque l’illettrisme est malheureusement souvent associé à un sentiment de honte. Puis vient l’étape suivante où l’on accepte de se confier, ce qui est tout aussi difficile à obtenir », détaille Jean-Patrick Gille, vice-président de la région délégué à l’Emploi, à la Formation Professionnelle, à l’Orientation et à l’Insertion.
Le Centre-Val de Loire fait ainsi partie des territoires les plus touchés par ce fléau. Aussi les personnes les moins à l’aise avec la lecture se situent le plus souvent dans les petites communes ou vivent sans surprise dans les quartiers les plus populaires des agglomérations. Démarches administratives, lecture de documents ou même simplement dans l’espace public, l’illettrisme handicape les personnes concernées au quotidien même s’il ne constitue pas toujours un frein vers l’emploi alors qu’une personne sur deux présente tout de même une activité professionnelle.
Un nouveau plan de lutte contre l’illettrisme
Autre combat à mener pour la région et apparu bien plus récemment sur le champ des inégalités sociales, l’illectronisme. C’est-à-dire les difficultés voire l’incapacité à utiliser les outils numériques ou informatiques aujourd’hui omniprésents dans la société. « C’est toujours un sujet difficile à manier sans stigmatiser. L’idée est de dédramatiser le sujet tout en le mettant sur la table pour en parler. On cherche à mener une politique territorialisée car c’est à nous d’aller vers les gens et non l’inverse », explique Jean-Patrick Gille. Dans cette étude, on estime à 6 % la part de la population en illectronisme total dans la région.
Dans sa lutte, la région va continuer de s’appuyer sur les 26 espaces Libres Savoirs pour offrir la possibilité d’acquérir gratuitement un socle de connaissances fondamentales. Initié en 2004 ce service public de formation de proximité dispense des formations labellisées à tout âge qui couvrent les six départements. Visas numérique, bureautique, langues, mathématiques… les stagiaires reçoivent une formation adaptée à leur niveau de compétence pour tenter de combler leurs lacunes. « Cette étude nous conforte dans l’idée de renforcer le volet formations qui prendra toute sa part dans le prochain plan de lutte contre l’illettrisme prévu sur 4 ans », indique la région. On en saura plus sur les contours de ce plan dans les prochaines semaines puisqu’il doit faire l’objet de discussions avec les différents réseaux et acteurs investis sur le sujet. Une signature prévue à la rentrée qui doit permettre d’enclencher une nouvelle dynamique dans la lutte contre l’illettrisme, fléau déclaré « grande cause nationale » mais pourtant bel et bien présent dans la région.
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