Les émeutes urbaines : bon sens et pensée libérale

Le Billet de Joséphine

Pas la peine de revenir ici sur la mort de Nahel ni sur le traitement de la situation par le gouvernement et la Justice, pour une fois que tout se passe convenablement sur le plan de la procédure, la peur de rajouter de l’huile sur le feu étant palpable au sommet de l’État. Ceci dit, heureusement qu’il y a pas mal d’images qui ont été rendues publiques, qui sait ce qu’il serait advenu de cette histoire en l’absence de caméras… ? Bref.

Depuis trois jours c’est donc un déversement de bêtises mâtinées de peur sur les réseaux sociaux, mais des bêtises de natures différentes. Parfois, sous couvert de bon sens, certain.e.s finissent par raconter des horreurs, incapables d’analyser la situation autrement que par des critères moraux ou sans nuance, laissant poindre un désespoir politique certain. D’autres, plus bourgeois, s’étonnent que des groupes sociaux n’acceptent pas de jouer le jeu de la République-bien-sous-tout-rapport : distribuer des tracts, voter, manifester pacifiquement à 14h place de la Nation en formulant des slogans raisonnables et rentrer à la maison si ça ne marche pas. Petit tour d’horizon et tentative d’analyse à chaud :

  • Certain.e.s rejettent dos à dos le policier et le jeune sur fond de « moi j’ai des papiers et je respecte le code de la route, si on me contrôle je m’arrête. Ce jeune avait plein de trucs à se reprocher et il avait déjà été interpellé, c’est pas un ange ». Ok bravo pour le civisme automobile, mais plusieurs remarques : le policier ne savait pas tout cela quand il a arrêté le véhicule, probablement sur base de suspicion vu la bagnole, la gueule des occupants et tout un tas de stéréotypes plutôt vérifiés statistiquement mais qui ne peuvent valoir preuve, encore moins condamnation.

  • Il a donc tiré sur un individu pour un refus d’obtempérer où personne ne risquait sa vie de manière évidente – d’où la qualification d’homicide volontaire –, il n’a pas tiré sur un délinquant multirécidiviste avéré, ce qui, du reste, ne serait pas légitime non plus ; l’état de droit, c’est poser un cadre légal et procédural pour traiter les déviances, délits et crimes, ce n’est pas une sorte d’énorme machine à karma où chacun reçoit ce qu’il mérite. Rien ne justifie ni ne minimise le geste criminel du policier, ce n’est pas le jeune qui a commis une infraction qui est le responsable initial du coup de feu – « il a voulu jouer, il a perdu » lit-on souvent sur les réseaux –. Plus on a une procédure claire et un personnel bien formé, bien traité et bien rémunéré pour déployer cette procédure, plus on s’approche d’une société pacifiée. Ou alors il faut assumer vouloir sur-armer et couvrir la Police, dans un scénario à l’américaine, avec les violences qui vont avec. Ou bien un scénario à la brésilienne, où l’on envoie l’armée contrôler les quartiers populaires, là aussi avec une mortalité et une montée en tension évidentes, mettant entre parenthèses les libertés individuelles chèrement acquises.

  • Certain.e.s ne comprennent pourquoi les émeutiers des quartiers populaires s’en prennent d’abord à leur environnement, à la voiture de leur voisin ou au Lidl du coin. Là, on a besoin des outils de la sociologie spatiale qui démontre depuis 30 ans que les phénomènes d’auto-censure territoriale, de peur de la centralité, de limitation extrême de l’espace de vie sont typiques des classes populaires. Leur relégation effective, l’enclavement de leurs lieux de vie, les discriminations, les identifications par les attitudes, le langage et les vêtements leur rendent souvent les espaces centraux et les lieux de pouvoir et de culture dite légitime assez difficiles à supporter, ne se considérant pas bienvenus, stigmatisés, pas à l’aise. A Tours, il suffit de passer du parvis de la gare à la rue de Bordeaux puis au nord de la place Jean Jaurès pour voir la sociologie changer en à peine 200 mètres, ce n’est pas qu’une question de distance ou de transports, c’est un phénomène plus subtil qui joue aussi sur la recherche d’emploi, sur les loisirs, sur les commerces fréquentés, sur les choix d’établissements scolaires, tout cela traçant pour chacun.e un espace fréquenté, un espace fréquentable et un espace évité. En Ile de France, rares sont les jeunes de moins de 15 ans issus des quartiers populaires ayant visité la Tour Eiffel, par exemple.

  • Peu étonnant que ces populations auto-assignées à résidence commettent des violences et des destructions en cas d’éclatement de colère, d’abord dans leur quartier, d’abord contre des équipements et lieux qu’ils fréquentent et qui font partie de leur paysage symbolique quotidien. On pourrait imaginer qu’ils auraient intérêt à aller piller le Monoprix plutôt que le Lidl, mais c’est ignorer ces phénomènes puissants : le Lidl, ça fait partie du paysage et on y accumule des frustrations, des envies non assouvies, des embrouilles avec le vigile. Le Monoprix rutile, on ne sait même pas qu’il existe, c’est loin, c’est pour les richous, quelque part ça intimide. Idem, pourquoi cramer l’école plutôt que d’aller manifester devant la Préfecture ? L’école c’est la figure d’autorité de proximité, un lieu d’humiliation et de hiérarchisation sociale, le lieu des punitions, des engueulades, des frustrations, c’est d’abord là que des gamins ont envie de laisser libre cours à leur pulsion de destruction. La Préfecture, c’est loin, on ne sait pas ce que c’est, ça ne représente rien de concret dans les violences subies au quotidien.

  • Certain.e.s ne comprennent pas l’intensité de la violence déployée, disproportionnée par rapport à l’événement. Là, il faut bien comprendre ce qu’est la nature des passions collectives, de la colère, du sentiment de vengeance projeté et des phénomènes de groupe. Se plaindre de cette violence c’est aussi intéressant que de dire à un mec qui pète un câble et qui s’éclate la main contre le mur après une engueulade que c’est pas malin de faire ça et que c’est dommage de s’abîmer la main.

    Les colères collectives sont tout sauf rationnelles et elles ne sont pas des expressions politiques. Pas de stratégie, pas de mise en discours, pas de tactique, pas de pensée à long terme. Envie de tout péter, avec une bonne raison de tout péter et dans une ambiance où les tabous sautent, la violence fantasmée devient violence possible.

  • Certain.e.s considèrent que ces émeutes sont une énième preuve de la sauvagerie qui règne dans les quartiers populaires, le plus souvent racisés. Là, c’est ignorer concrètement la nature des rapports quotidiens entre la population et une partie de la police. L’émeute est l’expression ponctuelle et extrême d’un continuum de rapports conflictuels, lisez ou écoutez Didier Fassin, sociologue, pour vous faire une idée. Cette violence et le fait qu’elle privilégie le terrain du quotidien, ça ne sort pas de nulle part. Sans même parler des implications de l’hypervirilisation des jeunes garçons dans ces milieux, la valorisation de modèles de violence et d’auto-organisation, la culture de la compétition inter-quartier et inter-villes qui est poussée à l’extrême par les réseaux sociaux. Sans parler non-plus de la mémoire fantasmée des émeutes passées, racontées par les grands frères comme des faits d’armes, légitimant d’autant plus les passages à l’acte des plus jeunes.

    Il ne faut pas essentialiser non plus les quartiers populaires. La majorité des habitants sont les catégories les plus soumises à l’insécurité, même si elles l’expriment peu, contrairement à des bourgeois des beaux quartiers ou à des classes moyennes encellulées dans leurs pavillons qui se plaignent en continu du « tout fout l’camp ».

    Et puis, on le sait et des témoignages remontent du terrain : des membres de l’ultra-gauche tendance autonome ou d’inspiration vaguement “mao” participent voire organisent une partie de ces violences avec des perspectives politiques de participer à propager l’étincelle qui vient des cités, parfois en idéalisant et en fantasmant cette colère populaire vue comme « chimiquement pure », pensant donner un sens et une expérience à ces poussées de colère pour les orienter vers un processus révolutionnaire. De l’autre côté, quelques membres de la Police, plutôt dans les brigades anti-criminalité ou dans les CRS – on l’a vu avec les enquêtes sur les groupuscules d’extrême-droite du type FR-DETER – entendent profiter de ce contexte pour taper dans le tas et faire basculer la situation vers une guerre civile qu’ils fantasment et désirent, en une sorte de catharsis ethnique face au “grand remplacement” qui nous emporterait. Provocations, excès de violence, fascination pour la guerre, humiliations… font partie de la panoplie à disposition pour ceux qui veulent en découdre.

    Les émeutes de banlieue sont des phénomènes sociaux totaux, avec leur histoire, leur esthétique propre – le bus qui brûle, le pillage de magasins, les CRS qui tirent des lacrymos – et ne sont pas juste d’insupportables et incompréhensibles explosions interprétées comme des métastases d’une société malade. D’autant plus que ce phénomène social a au moins 60 ans et touche avec des modalités comparables tous les pays occidentaux développés, d’autant plus ceux marqués par le fait colonial. Sauf que tout cela, ça nécessite des expertises universitaires et des moyens, et ce n’est pas un gouvernement qui traite les sciences humaines d’usine à islamo-gauchisme qui prendra ce virage. Ce n’est pas non plus un gouvernement de technocrates sortis du VIIe arrondissement obsédés par les chiffres et les économies qui prendra la décision de revoir la fiscalité, la redistribution et les politiques publiques : davantage de police de proximité, de travail social, de prévention, de services publics, d’offre éducative.

    Eh oui, les inégalités, la violence symbolique, l’épuisement moral et physique au travail des prolétaires et la pauvreté, ça coûte cher au corps social. Les libéraux dogmatiques qui nous gouvernent depuis 20 ans ne semblent pas le comprendre.

Le Blog de Joséphine

Commentaires

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  1. Bravo et merci pour ce “papier”.
    Nous sortons des sentiers idéologiques de la bourgeoisie – “l’ordre bourgeois” : la pensée dominante, avec ses rouages politiques et policiers – qui est en grande partie responsable de ces situations de violences.
    Bien vu.
    Merci à MagCentre de publier ce genre de billet.

  2. intéressant mais pas sûr de saisir le lien avec la pensée libérale d’une part, attention à l’excuse de la violence par la sociologie. Le maire de l’Haÿ-les Roses par exemple explique avoir lui-même grandi dans une des barres des quartiers populaires de sa commune.

  3. Je pense aux jeunes de la Cité des sables de La riche que j’accueillais en formation au milieu des années 70. Leur vie était assez misérable, mais l’espoir était encore en eux. Depuis le chômage de masse que les discriminations ont accompagné l’a fait disparaitre. La police a remplacé la formation. Aujourd’hui, la marmite explose et malgré l’échec du système policier mis en place, la seule réponse offerte, c’est encore plus de police.

  4. Merci Joséphine, c’est un bel article qui tisse large dans la complexité de ce mouvement complexe…
    Perso, moi, petit retraité de 75 ans, quand je vois les véhicules de police municipale ou nationale foncer sur les voies du tram comme des cowboys à des vitesses excessives et réprimées pour le citoyen “Lambda”(qui a des papiers en règle..!) je commence à avoir peur, peur ces policiers qui se croient tout permis…
    Une part des policiers fait peur à ceux qu’elle est censée protéger…. Est-ce que Monsieur Geffroy en a conscience ? Ou est-ce le but recherché ?

  5. Bravo et merci pour ce billet. Belle hauteur de vue, sur un sujet complexe qu’il devient urgent de regarder en face.

  6. Attention surtout à bien saisir que la sociologie explique, mais n’excuse pas. Idem, la sociologie n’est pas une dépolitisation en substituant le déterminisme au libre arbitre.
    Les politiques libérales basées sur les les économies et les statistiques qui par définition réduisent les politiques sociales et de préventions, tout en produisant du chômage et de l’individualisme favorisent les enclavements géographiques et sociaux et à mon sens expliquent en partie les poussées régulières de violence de ce type depuis 40 ans.

  7. Si “certain.e.s” alors pourquoi pas “D’autres plus bourgeois.e.s” ou “…rejettent le.a policier.ère. Etc… on n’en sort pas.
    Donc ce type d’écriture illisible, je bannis et je ne lis pas.

  8. Qui est Joséphine??? Je ne pense pas avoir connaissance de son blog…
    Pas très courageux d’analyser “pour soi”: On fait quoi “à chaud”? et demain? on part en vacances…

  9. trois commentaires
    1) Pour rassurer Joséphine, les dealers qui tiennent à maintenir leur chiffre d’affaire vont faire cesser le désordre.
    2) comment les milliards attribués pour les quartiers pauvres depuis quarante ans ont été utilisés ?
    3) a qui profite ces évènements ? le RN se frotte les mains

  10. Je confirme l’agacement produit par l’écriture inclusive.
    Le lumpenprolétariat, bien utile à la bourgeoisie, date du XIXe siècle. Comparons le silence sur le nombre de voitures brûlées à Noël et l’actuel déploiement de poubelles et de vitrines brûlées dans les médias. Diversion bien utile après la loi sur les retraites et les manifestations politiques (pas au sens de récupérées par les partis) qu’elle a provoquées.

  11. Bonjour, concernant l’écriture inclusive “illisible” , il est vrai qu’une règle doit être trouvée et, comme “ce qui n’est pas nommé n’existe pas”, on y tient !! On existe !
    Notons que, bizarrement, l’introduction permanente d’anglicismes et d’expressions argotiques diverses dans nos dictionnaires ne semblent déranger personne …
    Pour en finir et nous simplifier la vie, je propose qu’après des décennies de “c’est le masculin” qui prime , et à partir d’aujourd’hui, plus d’écriture inclusive : TOUT AU FEMININ !

  12. Merci Joséphine de ton éclairage décalé.
    De mon côté, je pense que le sujet du trafic de drogue est grandement passé sous silence dans tout ce que je lis et entend ces jours ci. La drogue, ou plutôt les drogues se repandent à grande vitesse dans notre société. Pas que le H.
    Gaz hilarants, crack , médocs, la gamme ne cesse de s’étendre. Cette économie ravage toutes les références . L’argent de la drogue c’est aussi les voitures de luxe super puissantes, les fringues de marque, l’argent facilement gagné. C’est aussi des clients qui achètent et de l’argent qui circule dans les quartiers les plus pauvres, avec les taux de chômage les plus élevés.
    La légalisation des « petites » drogues est un échec en Europe, la répression max a New York un autre échec.
    Alors comment faire? Personne n’a su faire. Il y a pas d’autres solutions que de réfléchir et ´d’agir entre tous les acteurs de notre société. Agir pas a pas , rue par rue, immeuble par immeuble, … avec humilité et persévérance
    JPC

  13. Merci Joséphine, c’est ton meilleur blog qui apporte une bouffée de réflexion dans Mag. Je le diffuse.

    A propos de la proposition de tout écrire au féminin, lire l’ouvrage de Martin Winckler: « L’école des soignantes », qui se trouve en poche, où tout est écrit au féminin. Depuis que je l’ai lu et relu, j’ai enfin d’appréhendé ce que représente que la primauté du masculin.
    La solution n’est pas trouvée, car ni l’un ni l’autre ne conviennent. Les linguistes ont du travail …

  14. Bravo pour cette analyse que j’ai relayée sur mon profil Facebook. À l’évidence tenter de comprendre les événements autrement que par de oppositions sommaires en dérange certains. Pourtant on ne résout rien sans comprendre.

  15. Merci, merci, cet article nécessaire fait du bien, me lave le cerveau de tout ce que j’ai pu lire ou entendre jusqu’à présent.

  16. bravo
    vous etes juges et parties avant le debut de la procedure judiciaire. comme d’habitude c’est encore le associationts qui edictent leurs venins anti republicains alors que nous les rétribuons grassement à l’aide de nos impots.

  17. cet article analyse finement notre époque confrontée aux violences urbaines
    je suis d’accord aussi que nos sociétés se focalisent sur la consommation excessive des drogues qui masquent la misère sociale et provoque des réactions explosives et sporadiques
    le monde du travail est violent et n’offre aucune perspective d’émancipation, il entretient un climat de course effrénée vers toujours plus de production avec une destruction des conditions de travail
    de l’autre côté, certains choisissent la solution de se construire aux travers de la vente de drogues pour obtenir le nirvana matériel
    entre ces deux choix, il serait peut-être judicieux de repenser nos sociétés et retrouver des valeurs du vivre ensemble sans être avide de ces biens matériels
    acquisition à la propriété, posséder le dernier smartphone,
    arrêtons de croire aux vertus de la ruée vers l’or qui pourrit l’homme

  18. A propos de l’écriture inclusive, qui est une proposition volontariste, les linguistes n’y peuvent rien. Ils ne font pas évoluer la langue. Ils en constatent l’usage. Seul l’usage fera évoluer le français et l’égalité des salaires n’y sera pas pour rien. Tant que les femmes seront payées 30 % de moins que les hommes, le masculin aura la primauté dans la langue.

  19. Analyse intéressante pour les personnes de bonne volonté qui cherchent à comprendre. Après, selon moi, au contraire, dans certains contextes, la question du ” libre arbitre ” se pose bel et bien. Quant à ” expliquer n’est pas excuser “, cela implique une posture de jugement.

  20. Trois mots d’écriture inclusive à peine et les esprits sont déjà épuisés …. Ça en dit long sur la capacité de chacun à pinailler sur des détails sans vouloir faire le moindre effort de réflexion sur le long terme.
    Merci Joséphine pour cet article. Effectivement, le chemin va être très long avant que l’humanité ne retrouve le chemin des valeurs communes ….

  21. “le policier ne savait pas tout cela quand il a arrêté le véhicule, probablement sur base de suspicion vu la bagnole, la gueule des occupants et tout un tas de stéréotypes plutôt vérifiés statistiquement mais qui ne peuvent valoir preuve, encore moins condamnation.”

    Oui, enfin, moi je dirais, plutôt vérifiés concrètement, parce qu’il semblerait que pour ce jeune homme les statistiques étaient bonnes. Alors, coup de “chance” ou l’expérience d’un policier ?

    Si on cherche la cause racine, elle ne se trouve pas chez la police. Peut-être dans la politique menée depuis des dizaines d’années en matière d’intégration.

    Quand à l’écriture inclusive, et bien merci de penser à tous ceux qui souffrent d’handicap de type dyslexie, ou ceux qui ont des difficultés de lecture tout simplement… Ce qui en fait tout, sauf une écriture inclusive…

  22. Certain exprime l’indétermination. C’est pas la peine d’en rajouter des tartines sur l’écriture inclusive, ça ne sert qu’à polluer le discours. Faute d’orthographe ou écriture inclusive, c’est direct poubelle!

  23. Bonne analyse, de Joséphine qui exerce son métier tout en finesse. Écrire qu’elle fait état de considérations sociologiques, ne fait qu’étayer sa démonstration. Je renverrais également à Alain Touraine ou au fameux “La richesse est dans la différence” d’Albert Jacquard ! La sociologie et les sciences humaines permettent de concevoir, puis de comprendre, même si comprendre ne veut pas dire accepter. Mais comprendre permet de réfléchir, de prendre de la distance, de ne pas dire et écrire des âneries à chaud.

    J’ai lu à de nombreuses reprises, qu’en brûlant les écoles, ils et elles s’en prennent aux institutions de l’état. Un état dont aucun dirigeant.e ne s’est vanté.e d’avoir mis ses propres enfants dans les dites écoles, qui sont dans un état lamentable pour la plupart. Mais j’arrête tout de suite les commentaires qui vont jaillir ici ou là : non les écoles, qui accueillent des 6-10 ans et relèvent de la gestion des municipalités, ne sont pas dégradées de part les écoliers mais par manque de moyens. Il vaut mieux faire des ronds-points, ce qui permet de renouveller les demandes annuelles de budgets municipaux, que de faire des dossiers comptables pour les écoles publiques dans les ZAC, anciennement les ZUP. Les élèves, trop nombreux par classe, sont vite décroché.es du système scolaire. Ce pourquoi, on les retrouve entre 16 et 25 dans des programmes de remises à niveau en écriture, calcul, mathématiques et des activités physiques et culturelles de prise de conscience de leurs propres qualités, facultés, forces, tout ça se nommant : la confiance en soi.
    Auparavant, il y avait des programmes financés par l’état, qui étaient gérés dans des GRETA ou des lycées professionnels. Cela concernait les niveaux pré-qualification. J’y est été enseignant vacataire pendant plus de 5 ans, 5 jours par semaine. Toute l’équipe de formation avait obligatoirement une réunion collective avec une psychologue. Nous avons travaillé avec les jeunes “les plus dur.es”, 16-25 ans, puisque les plus jeunes déscolarisé.es ! Il y avait de bons résultats quand ces jeunes, issu.es des quartiers dits difficiles, cherchaient un stage ou un emploi. Quoique, je mettrai un bémol en n’oubliant jamais Ahmed, toujours en costume cravate, sous les railleries vestimentaires de ses camarades. Son seul objectif, sa passion, était d’être cuisinier et de sortir de la cité. Nous lui trouvons une place en CFA, il a largement le niveau, puis un stage dans un restaurant de quartier, ouvert le midi. La réaction des clients ne s’est pas faite attendre “Si tu gardes un arabe en cuisine, tu ne nous reverras plus”. Le patron a viré Ahmed sans autre forme de procès. J’ai vu ce jeune français de 21 ans avec dans un premier temps de l’incompréhension dans ses questions, puis j’ai vu la haine dans ses yeux. Ahmed, si doux, si “jeune sans problème” a été licencié car derrière son tablier de cuisinier sans idéologie, il n’était juste pas de la bonne couleur !
    Cinq ans après le début de ce programme financé principalement par le ministère du travail, destinés à des recherches d’emplois, coupes budgétaires. L’état devait faire des économies et dans ces là, où récupère t-on les budgets ? Sur les pauvres. Fin des équipes pédagogiques qui se sont retrouvées elles aussi sur le carreaux…. Jeunes à l’ANPE, enseignants vacataires également ! y compris un psychologue, non fonctionnaire,

    Qu’est ce à dire ? Les cités pleines de gens considérés comme des sous-citoyens, étouffent. Or quand quelqu’un étouffe, il se débat. C’est une réaction naturelle face à la mort. L’état peut mettre des financements de programmes en place, le racisme est tellement présent, qu’il vaut mieux parquer les non caucasien.nes ! Là où, dans les années 1960-1970, les logements étaient décents mais le manque d’entretien des habitations, combien d’ascenseur en pannes pour monter du 5e au 12e étage ? a été de plus en plus crucial.
    Le Sanitas partait d’une excellente initiative : Tours fut la première ville à implanter une “cité”, non vécue comme ça au départ du projet, dans la ville. Puis on a parqué les étrangers ! Ces étrangers indispensables à la bonne marche de la nation ont eu des enfants Français, de double culture. Quelle chance ! Ne dit-on pas qu’un enfant qui comprend et parle deux langues aura des facilités d’apprentissage ? Mais c’est sans compter sur la xénophobie ambiante, qui n’a pas contribué, loin de là, à l’intégration de l’Autre en tant qu’être humain. Tout juste en tant que main d’oeuvre ou ramasseurs d’ordures.
    “La richesse est dans la différence” ! La pauvreté également. Les cités se sont repliées sur elles-mêmes, le communautarisme tant décrié par bonne pensance, a fait son effet. Tel un le nénuphar dans le poumon de Vian, la misère a vu le jour, et la nuit. La drogue… Le vecteur financier d’un problème à l’échelle mondiale. Chacun.e voit midi à sa porte, mais penser un seul instant que c’est un problème franco -francais, c’est faire montre d’un narcissisme collectif sans limite. Comme sanction judiciaire, renvoyer un français d’une origine étrangère dans son pays d’origine, c’est lui redonner une chance en France. Ce n’est pas en faire un expatrié qui reviendra sur son sol de naissance, parce que l’on revient toujours à ses racines.
    Je ne propose pas de solutions miracles mais ce qui m’a mis hors de moi, c’est de lire que la faute des émeutiers.es revient aux parents ! La responsabilité est celle des parents. Souvent des femmes seules qui élèvent vos enfants pendant que vous travaillez, qui font le ménage chez vous, dans vos bureaux, de jour ou de nuit. Ce sont des mères courage qui ont averti depuis un bon moment que la violence intrinsèque aux cités allait exploser. Penser donc : 13 tués par balles dans des confrontations avec la police en six mois ! Ça fait 1 mort en moyenne tous les 15 jours. Admettons toutes et tous que c’est beaucoup. Je ne dédouane pas la responsabilité d’une voiture qui force un barrage, mettant en danger, parfois de mort, la vie d’un policier. Je dis que tirer sur le conducteur n’est pas une solution. La loi est claire ! Tirer sur quelqu’un à bout portant, pendant que le collègue crie “shoot”, c’est… désarmant ! La voiture conduite par Naël est partit s’encastrer., signifiant par là qu’il avait démarré. A titre d’information, lorsque vous mourrez, vous avez une contraction immédiate de vos muscles. Le pied de Naël n’est pas exempt de cette contraction corporelle et a pu, c’est fort probable, appuyer sur l’accélérateur, déclenchant ainsi le mouvement de la voiture jusqu’à la collision. Ceci, juste pour prendre du recul sur la situation et réfléchir en dehors des réseaux sociaux, ou de certaines chaînes d’informations partielles, voire de désinformation. Il en va de même pour certaines radios et journaux.

    Pour en finir, j’ai lu comme Joséphine, des réactions assez ignobles ! Comme d’écrire sur
    Sur un compte gay ” vous soutenez quelqu’un qui vous aurait cassé la gueule, passé à tabac, tué “. Faire de Naël le bouc émissaire de la haine homophobe et transphobe, tweets signés par des personnes qui se présentent avec le drapeau national, ce n’est plus mesquin, c’est à méditer.
    Comment oser faire le portrait d’un jeune inconnu ? Qu’il ait été connu par les services de police n’en fait pas l’exutoire de la haine des autres, d’une minorité d’individus qui n’ont pas hésité à s’habiller tout en noir pour profiter du désordre ambiant et faire des ratonades ! Ou l’on lit, info et non intox, que ce sont des personnes liées à l’extrême droite et des militaires non en service. Qui a lancé la première pierre dans la mairie à proximité, symbole des services de l’État ? Le ras le bol ou la haine de l’Autre, accusé de tous les mots car pas de la bonne couleur ?

    Tout était prévisible, il ne manquait qu’une étincelle. Elle est venue d’une balle en plein thorax. Dommage, il n’avait que 17 ans
    “La richesse est dans la différence” ! La liberté, l’égalité et la fraternité en sont les ossatures…

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