Pour son dernier week-end de festival, La Bamboche d’Olivet a certes slalomé entre les gouttes mais n’a pas pour autant (et heureusement) échappé à l’ouragan musical soufflé par la vertigineuse diva China Moses. Entre vices et tranches de vie, la chanteuse s’est livrée sans détour sur fond d’American black music.
Par Mael Petit
China Moses ce samedi 29 juillet au Parc du Poutyl pour le festival La Bamboche. Photo Marie-Line Bonneau
China Moses sur scène, ce n’est pas juste un concert. Celui ou celle qui pense venir écouter des titres à la chaîne pour s’évader le temps d’une soirée sera désorienté. Surpris ils en étaient d’ailleurs plus d’un ce samedi. Sur la route de son It’s complicated Tour se trouvaient Olivet et sa Bamboche qui avaient tout du cadre idéal pour instaurer un climat plus intimiste, plus confidentiel. Pendant plus d’une heure et demie, la chanteuse s’est livrée à une longue confidence sur fond de blues, jazz, funk, deep soul, RnB jusqu’au rap par moment, dans un mélange foisonnant que plus d’un rendrait imbuvable, mais qui sorti de China devient délicieusement équilibré et harmonieux. Un voyage au cœur de la culture musicale noire américaine avec pour guide la voix puissante et profonde de cette diva élevée au jazz et au gospel de sa mère Dee Dee Bridgewater.
Depuis, de nombreuses influences sont passées par là, plusieurs Queen de la scène musicale noire américaine notamment, venues s’agréger pour développer un style inimitable. « Tout ce que je crée, ça vient de la culture noire américaine, tout ce que je fais, c’est moi », explique-t-elle. Accompagnée pour cette soirée de trois musiciens – basse, claviers, batterie -, elle jongle avec les styles brisant la monotonie. China n’est pas docile et n’a jamais été disposée à se formater. Certains ont bien essayé de l’enjoindre à s’y résoudre mais ce fut peine perdue. « Il faut arrêter de diviser pour nous mettre dans des cases », prie-t-elle. La chanteuse a toujours refusé de se plier aux injonctions du milieu et a fait le choix de s’affranchir de toute étiquette pour mieux embrasser l’ensemble des styles.
Des vices partagés sans complexe
Une personnalité affirmée qui n’est pas sans part d’ombre, avec des travers assumés qu’elle veut confier lors de cette tournée. Ainsi elle pose les bases, cash dès le départ comme pour prévenir tout jugement du public. C’est le fil rouge de son concert : ses vices. Ses addictions qui ont marqué sa vie jusqu’ici comme sa relation difficile avec la cigarette qu’elle compare à un amant « bon à rien » dans “Nicotine“, son goût prononcé pour le whisky, ses rencontres amoureuses mais surtout ses séparations douloureuses et la dépression qui accompagne la reconstruction difficile qui s’en suit… C’est aussi ça un concert de China Moses. Une musique joyeuse à la recherche du sourire du public entrecoupée d’anecdotes de vie parfois dures loin d’intimer à la fête. Alors on écoute, on apprend sans jugement. On la regarde évoluer, échanger avec ses musiciens, reconnaissante, virevoltant sur scène, hypnotique presque en transe, comme pour exorciser les secrets tout juste dévoilés. Et quand vient la fin de la séance, elle choisit de solliciter le public de La Bamboche, lui demande de joindre son énergie à la sienne dans un « I keep running » qui fait sens, de monter sur scène pour offrir un moment de communion rare, une véritable thérapie de groupe.
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