Frédérique de Lignières, de l’écriture à l’édition

Afin de soutenir les talents littéraires d’ici et d’ailleurs, l’écrivaine loirétaine Frédérique de Lignières a ouvert en 2022 une petite maison d’édition associative, L’Andriague. Avec une prédilection pour les beaux textes, le voyage, l’exil mais aussi la poésie et la Fantasy. Rencontre avec une passionnée de bonne littérature.

Par Sophie Deschamps

Frédérique de Lignières, fondatrice de la maison d’édition L’Andriague au salon du livre de Combreux. DR


Comme l’on est jamais mieux servi que par soi-même, la romancière Frédérique de Lignières a sauté le pas en créant sa propre maison d’édition L’Andriague par le biais d’une association. Je la retrouve chez elle à la campagne du côté de Montargis.


Magcentre : Tout d’abord, pouvez-vous nous indiquer ce qu’est un andriague et pourquoi votre maison d’édition porte son nom ?


F.de.L :
C’est un
animal fabuleux que montaient les chevaliers des premières chansons de geste. Donc on n’a pas d’images. Mais je pense que cette créature se situe entre le dragon et le griffon et qu’il devait voler. Et à l’origine je voulais éditer de la Fantasy en langue française. C’est pourquoi j’ai choisi ce nom. Malheureusement, je n’ai reçu aucun manuscrit publiable. Donc j’ai choisi au départ de m’orienter vers une collection de littérature générale contemporaine.

En fait, il fallait juste patienter un peu puisque nous venons de publier un recueil de nouvelles fantastiques Épiphanies écrites par un jeune auteur de 23 ans, Foucault Barret. Je le trouve très prometteur avec déjà à 23 ans un style très travaillé et affirmé. 


Parlons à présent de votre maison d’édition, comment est-elle née ?


À l’origine je n’avais pas du tout l’intention de créer une maison d’édition. Mais quand je me suis fâchée avec l’éditeur de
L’Alliance (premier roman de Frédérique de Lignières écrit en 2017 pour donner le goût de la lecture à ses deux filles, NDLR), mes filles étaient un peu tristes que leur livre n’existe plus. Donc j’ai dit : « On va aller chercher un imprimeur et on va en imprimer nous-mêmes une centaine d’exemplaires et on verra bien. » C’est à ce moment que j’ai réalisé que le livre est un objet. Et la création de cet objet m’a passionnée. C’est comme ça qu’est née l’idée de la maison d’édition.

Au départ, je voulais éditer les poèmes d’une amie que j’ai depuis longtemps, Enza Palamara, écrits lorsqu’elle avait 20 ans. Du coup, elle a ressorti un vrai manuscrit avec l’encre pâli et des feuilles volantes éparpillées. On s’est un peu arraché les cheveux avec l’imprimeur car quand on lui a envoyé les épreuves par Internet pour qu’elle les relise et les corrige, elle nous a tout renvoyé dans le désordre ! 

Entretemps, j’avais envoyé mon second roman Bigué (voir encadré) à des tas d’éditeurs. Mais là je n’ai pas eu de chance. Albin Michel a bloqué le manuscrit durant des semaines pour finalement me dire non. Une petite maison d’édition parisienne voulait le prendre mais elle a fait faillite tout comme un éditeur d’Indre-et-Loire qui lui est décédé subitement. Du coup je l’ai édité moi-même. C’est donc le premier livre qui est sorti de ma maison d’édition. Et ensuite en plein Covid, on ne doutait de rien, les poèmes d’Enza. Mais malheureusement, la poésie se vend mal en France. 


Vous avez aussi accueilli chez vous l’écrivaine-journaliste Marieke Aucante.


Oui nous nous sommes rencontrées au salon du livre de Lamotte-Beuvron. Elle venait de publier son dernier roman 
Fureur Atlantique quasiment à compte d’auteur. Un bon roman que j’aurais aimé publier d’ailleurs. Du coup, j’ai republié son recueil de nouvelles sur la gastronomie, Pour un panier de morilles. Donc je suis très contente qu’elle soit chez nous aujourd’hui.

Le second roman Bigué de Frédérique de Lignières lui a été inspiré par ses souvenirs d’enfance à Dakar au Sénégal dans les années 50. C’est l’histoire romancée et douce-amère d’une jeune Sénégalaise, Bigué, qui était la personne à tout faire dans la maison de ses parents. Une jeune fille née en Casamance et plus ou moins vendue par ses parents à une “tante” qui en fait voulait la prostituer. Une pratique malheureusement courante au Sénégal encore aujourd’hui à la campagne, les filles restant la “propriété” du village. Un livre à deux voix construit autour de ce que pense le père et ce que raconte la petite fille avec ses yeux d’enfant.

Photo de Bigué. DR

L’actualité de Frédérique de Lignières est riche. Ce sera tout d’abord la sortie le 12 septembre 2023 à Paris d’un livre jeunesse Le berger des chevreuils, illustré par l’artiste japonaise Izoomi. De plus, tous les bénéfices seront reversés à Filles à l’Ecole et Solidarité (AFAES). Une association tourangelle qui milite en Afrique noire pour la scolarisation des filles et contre le mariage forcé.

C’est aussi le premier Prix Guillaume de Lorris remis cet automne à Lorris à un manuscrit inédit pour adultes. Un roman qui sera édité bien sûr par L’Andriague.

A lire aussi sur Magcentre : À Combreux, on y lit comme dans un moulin

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    17°C
  • mercredi
    • matin 11°C
    • après midi 13°C
Copyright © MagCentre 2012-2024