Imagine Dragons au château de Chambord : une partition d’alchimie royale

Après de longs mois de contraintes Covid repoussant la date, l’organisateur tourangeau de concerts, AZ Prod, et le Domaine national de Chambord avaient permis de concert à un large public de chanter en juin 2022 avec le britannique Sting dans le décor naturel du château de feu François Ier. Le duo a réitéré comme promis l’expérience live le vendredi 8 septembre 2023 en plaçant la barre plus haut. Cette fois, ce fut un show savamment distillé par les Américains Imagine Dragons.

Par Émilie Rencien

Le chanteur Dan Reynolds à la voix et plastique parfaites, avant de tomber la chemise, au tout début du show grandiose à Chambord le 8 septembre. (c) Émilie RENCIEN


Tout feu tout flamme. Un Dragon, Dan Reynolds, torse nu sculpté et musclé sous une pluie de confettis, face à 30 000 personnes (*) et un château de Chambord sous un feu d’artifice, dans un dôme climatique de chaleur caniculaire en septembre 2023. L’image restera assurément autant dans les livres d’Histoire française que le roi François jadis sur son fidèle destrier, habitué aux fastes de sa Cour en Loir-et-Cher. Les tickets pour Imagine Dragons en tournée « Mercury World Tour », s’arrêtant le 8 septembre à Chambord, s’étaient royalement vendus en dix minutes le 1er décembre 2022, créant de nombreuses déceptions chez moult fans et simples amateurs de bonne musique. Il faut reconnaître que la plastique du leader du groupe précité, très charismatique, à la voix puissante, ne peut laisser aucune femme indifférente, a particulièrement séduit la gent féminine au château (y compris les fans de la première heure qui connaissaient par cœur ce numéro de tombé de chemise, sans lassitude).

Imagine Dragons sur scène, avec le chanteur Dan Reynolds, torse nu, sur le “catwalk” (avancée dans la scène), face au château de Chambord noyé sous une pluie de confettis ! (c) Émilie Rencien.


Et ce plaisir des yeux manqué aura pu frustrer les interdites de soirée ! Imagine Dragons, ce n’est bien sûr pas qu’un physique. Le band américain excelle dans son art musical pop rock et a livré un vrai show US le 8 septembre, non pas à Marseille ou à Las Vegas, mais en Centre-Val de Loire ! C’est-à-dire avec puissance des effets scéniques, talent des musiciens, et également, émotions décuplées au gré de leurs tubes (« Waves », « Enemy », « Sharks », « Whatever It Takes », « Symphony »…), et même des mots poignants de Dan Reynolds entre deux sons, narrant la disparition récente de certains de ses proches ainsi que le suicide de son ami d’enfance, insistant sur l’importance de la vie. Et justement, l’expérience événementielle et artistique « Chambord Live », qui avait lancé sa première édition avec Sting l’an passé, a permis au Loir-et-Cher de vivre en live ce deuxième instant suspendu.

Une mélodie d’organisation quasiment parfaite

Un moment féerique et sans fausses notes : l’organisation était cette fois mieux rodée en termes de parkings, d’accueil du public et de la presse, de stands, etc. La météo étouffante n’aura pas déstabilisé les équipes mobilisées qui ont su orchestrer une partition quasiment parfaite. Le public n’aura pas eu, lui, peur des moustiques et autres insectes volants campagnards. Malgré, à lire les réseaux sociaux, encore de longues attentes routières dans la forêt, ou encore des contrariétés d’emplacements. « François Ier n’avait pas envisagé le site en son temps pour de tels shows, il faut patienter, cela fait partie du jeu, et ce n’est pas très grave au final quand on a la chance incroyable d’avoir obtenu un billet et d’être de la fête ! » essayait de relativiser le jour J la Nordiste Pascale. « Nous sommes venus d’Amboise. Nous n’avons pas hésité à prendre des places : Imagine Dragons, à une heure de chez soi, ça ne se refuse pas ! » confiait enthousiaste, Laëtitia, la cinquantaine, avant de grommeler puis tempérer. « Le seul bémol, c’est que j’ai acheté des billets en catégorie Fosse or à plus de 130 euros l’unité. J’ai été opérée entre-temps et je me retrouve en fauteuil. Et on ne m’a pas proposé de solution satisfaisante pour être avec mes enfants qui sont en Fosse or donc. Je me retrouve très loin de la scène avec mon beau-frère… Mais nous passerons sans doute une très belle soirée ! »

Plus loin, un jeune et joyeux couple de trentenaires, qui s’était déplacé de Rodez, dans l’Aveyron, en avait profité pour faire du tourisme. « Nous ne connaissons pas du tout cette région, nous avons pris une réservation à Center Parcs (en Sologne, à Chaumont-sur-Tharonne, ndlr). Et puis, nous avons visité le zoo de Beauval et la ville d’Orléans, » a relaté Ornella. « Pris par le temps, nous n’avons malheureusement pas eu le temps d’entrer dans le château de Chambord. Nous sommes tout de même face à ce monument pour Imagine Dragons que nous rêvions de voir s’il y avait des dates en France ! Une inscription à des préventes nous a permis d’obtenir les précieux sésames. Nous aurions pu choisir de les voir à Paris, en août (les 22 et 23 à la Défense Arena, ndlr), mais Chambord, c’est un cadre beaucoup plus magique et inédit ».

Le concert d’Imagine Dragons aura duré environ deux heures, se clôturant royalement par un feu d’artifice au-dessus de la scène et du château. (c) Émilie Rencien


Après ce carton plein, qui en 2024 ?

« Rendez-vous en 2024 », ont à nouveau promis les écrans géants dans cette géante salle de concert à ciel ouvert qu’est devenu le Domaine national de Chambord, aujourd’hui dirigé par Pierre Dubreuil, succédant à Jean d’Haussonville. En dépit de son grand âge, soit plus de 500 ans, cette propriété de l’État sait vivre avec son époque. Alors, sinon, qui, qui? La question circulait et les pronostics allaient bon train parmi la foule ce vendredi soir. Parce qu’une poignée d’experts affirmait que le cachet demandé par les Red Hot Chili Peppers était désormais trop élevé, quelques-uns pariaient déjà sur une femme peut-être la prochaine fois, Pink ou carrément, Lady Gaga ! Pourquoi pas, après ce carton plein 2023 dragonesque.

(*) Dont bon nombre de médias, d’invités de Chambord et d’AZ prod, et d’élus cette année encore dans les VIP. Mais pas de surprises dans les tribunes : Cf. https://www.magcentre.fr/234909-chambord-sting-et-le-fantome/

La musique fut bonne à Vendôme, aussi…

Ce mois de septembre en Loir-et-Cher rime décidément avec concerts. Et pour tous les goûts et publics. Les spectateurs n’ont pas seulement vibré le 8 septembre à Chambord. Le lendemain, le samedi 9 septembre, c’est le Tour Vibration qui a posé ses rythmes sur le site des Grands Près, près de la piscine, à Vendôme, avant Romorantin, le 16 septembre. Pas de poids-lourds comme Imagine Dragons ni de billets à acheter ici, mais des artistes à succès en live tout de même et ce, gratuitement : Hervé, Christophe Willem, Sola, Ronisia, Broken Back, etc.

La manifestation, proposée par la radio Vibration donc, réunit toujours jeunes et moins jeunes, familles et fans, dans une ambiance conviviale. À Vendôme, ce sont pas moins de 8 000 personnes qui avaient ainsi répondu à l’invitation du 9 septembre, alors que les organisateurs planchaient sur 5 000. À tel point que certain(e)s se sont vu(e)s refuser l’entrée pour des raisons de sécurité et d’autorisation des autorités sous-préfectorales compréhensibles. Le maire, Laurent Brillard (Udi), croisé dans les coulisses pendant cette soirée festive, avait un large sourire aux lèvres. C’était la première fois que sa ville accueillait ce type de soirée, et ce ne sera sans doute pas la dernière. C’est précédemment Blois qui était historiquement une municipalité étape de l’évènement (qui s’arrête aussi dans d’autres contrées également depuis le lancement en 2017 de cette tournée musicale ; Châteauroux, dans l’Indre, par exemple, depuis longtemps), dans l’enceinte de son parc des expositions. Mais … Le 14 avril 2023, lors d’un concert privé de Claudio Capéo à la Halle aux grains de Blois que Vibration offrait à ses auditeurs, l’animateur Nico avait publiquement déploré le refus de l’édile Marc Gricourt de recevoir comme d’ordinaire, depuis plusieurs années déjà, le Tour Vibration.

La presse présente avait alors interrogé la mairie qui avait répondu par voie de communiqué de presse en ces termes : « Habituellement, la Ville mettait à disposition des moyens logistiques, comme elle peut le faire sur d’autres opérations, pour accueillir le Tour Vibration. Il n’avait jamais été question jusqu’alors d’un soutien financier, puisque la radio demande 40 000 € à la Ville pour financer son concert, ce que la Ville refuse. » Le 9 septembre, Jean-Éric Valli, président du groupe-holding 1981 qui possède la radio précitée (ainsi que Forum, Voltage, Oui Fm, etc.,), a accepté de revenir sur l’ « affaire ». Il a déploré depuis Vendôme : « Pour Blois, après plusieurs années, nous n’avons pas compris, alors c’était bien de le dire. Oui, nous demandons une aide financière aux villes hôtes, nous n’avons pas eu d’aides Covid locales. Mais notre but n’est pas de faire de l’argent avec ces concerts qui sont ouverts à tout le monde. C’est un moment important à chaque fois ; notre objectif est de nous intéresser à notre public. Notre tournée coûte 1 million d’euro pour 5 dates et au-delà de cet aspect, nos spectacles gratuits ont une valeur tout autre ! » En somme, offrir de la culture n’a pas de prix. Puisque par ailleurs, rien n’est jamais gravé dans le marbre, le succès vendômois fera peut-être réfléchir et changer d’avis Blois pour l’édition 2024….

É.R.

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