[PUBLI] Entre Beauce et Pays fort, se découvrent des trésors d’arrière-saison #1

Certes, les vacances sont finies mais la région Centre-Val de Loire offre des tas d’occasions de prolonger sorties et découvertes en famille. En voiture, train ou vélo, sortez des grands axes, et fendez la campagne jusqu’aux villages, parfois perdus… Là, éleveurs de chèvres angora, producteurs de safran, et autres artisans de talent vous plongent dans leur quotidien en partageant leur savoir-faire avec bonheur et passion. [Partie 1/2]

Il n’y a pas que dans le Gâtinais que l’on cultive le safran ! Dans la ferme de Badonville en Eure-et-Loir, la famille De Smet récolte chaque année 1,5 kg d’or rouge. Photo Ferme de Badonville

La Beauce couleur safran

Septembre… Allez oust, tout le monde dehors ! De belles parties de campagne sont encore à faire sous la douceur de l’arrière-saison, comme un air de vacances qui se prolonge… Pour cette première escapade, cap au nord de la Loire, tout en haut de l’Eure-et-Loir, à l’ouest de Dreux, en limite de la Normandie. Perdue entre Perche et Beauce, la ferme de Samuel De Smet est un îlot au cœur des étendues céréalières de Badonville (Broué). Mais d’ici un mois, entre le 1er et le 10 octobre, un long ruban violet réveillera les plaines alentours de 150 000 bulbes de crocus sativus en fleurs pendant un mois. Le Gâtinais et le Quercy ne seraient donc pas les seules terres de prédilection du safran ? « En 20 ans, le safran a essaimé un peu partout en France : il y a aujourd’hui un à deux safraniers par département », présente Samuel, installé avec son frère sur la ferme familiale. « En 2013, j’ai souhaité faire une culture différente pour réagir à la PAC et aux courants mondiaux. J’ai opté pour le safran en circuit court : on vend à qui l’on veut au prix que l’on veut. »

Une production ici confidentielle de 1,5 kg de safran par an, sachant qu’il faut entre 80 000 et 100 000 fleurs pour obtenir un kilo de cet « or rouge » commercialisé en pistil aux professionnels, sur les marchés, et aux particuliers. « 95% sont destinés aux restaurateurs, le reste part en poudre chez les artisans : bouchers, pâtissiers, pisciculteurs, apiculteurs. » Quant à la différence de saveur entre le safran de Beauce et celui du Gâtinais ? « Il y a un petit effet de terrain lié au climat de l’année, mais aussi à la qualité de la récolte et au type de séchage. À la ferme, il est séché entre 25 et 50 degrés dans un four à pollen. Ce qui va jouer sur les arômes en donnant au safran des notes florales ou épicées. » Une technique de récolte qui donne lieu à des visites sur réservation via l’office de tourisme et à une Fête du Safran le dernier dimanche d’octobre avec démonstration de cueillette et d’émondage de la fleur autour d’un marché et d’un repas dégustation sur l’exploitation. « Le safran se laisse infuser longtemps à l’avance dans le lait, la crème fraîche, le jus de citron… pour extraire un maximum d’arômes. »

Fanny et Romain font partie des rares éleveurs de chèvres angora de la région Centre. Ils produisent ainsi la laine mohair si douce et si recherchée. Photo LA Bouquetière

Au pays des chèvres angora

Chemin faisant, à une trentaine de kilomètres plus à l’ouest, Fanny et Romain ont fait le choix d’une vie pastorale au grand air à Torçay : « Une reconversion ! » Depuis 12 ans, ils élèvent à La Bouquetière un troupeau de 40 chèvres angora pour la laine mohair. « C’est une race de chèvre très ancienne dont la trace remonte à 3000 ans avant J-C. au Tibet. Puis elle est introduite au VIIIe et au IXe à Ankara, d’où son nom Angora ». Très réputée, cette laine, travaillée en vêtements et réservée au sultan turc, arrive en Europe vers le XVIe siècle. « Nombreuses en France au Moyen Âge, ces chèvres ont disparu pendant les grosses famines, tuées pour alimenter les familles. Dans les années 1980, l’élevage a été relancé avec aujourd’hui 150 éleveurs environ ». 

Sur l’exploitation paisible, des visites sont organisées deux fois par semaine, le mercredi et le samedi matin. L’occasion de suivre et de comprendre le travail de ces jeunes éleveurs, voire d’assister à la tonte deux fois en août et en février : « La laine pousse d’un millimètre par jour, poursuit Fanny. Après la tonte, la laine est débarrassée des impuretés, puis triée et classée selon sa finesse. Plus le poil est fin plus la laine est douce. » Une laine qui sera ensuite lavée, cardée, filée et teinte par une coopérative de Castres avant d’être renvoyée 6 mois plus tard à La Bouquetière où Fanny la tricotera pour en faire bonnets, pulls, gants, écharpes, plaids…

L’atelier Picol de Chartres utilise la technique du verre fusionné et du thermoformage pour créer des verrières modernes. Photo Atelier Picol.

Chartres, le vitrail revisité

En descendant sur Chartres, l’éblouissante aux mille-et-une lumières, la route fend la vastitude de la campagne beauceronne, alternant paysages de grandes cultures et passages forestiers de la Vallée de la Blaise et du Thymerais. À 20 minutes de la cathédrale, Kevin Picol s’est forgé une belle réputation dans l’univers du vitrail. Un univers un peu atypique. Dans son atelier qu’il partage avec son père Denis depuis 25 ans, il a insufflé de nouvelles techniques de verre fusionné – du vitrail sans plomb comme un fondu de plusieurs morceaux de verre – et du thermo-formage, un ensemble fusionné dans un moule. « Des techniques qui permettent des décors modernes, qui allègent le graphisme, permettent l’assemblage de couleurs et de matières, qui apportent aussi du relief, et font ressortir certains éléments comme une création 3D. Une démarche différente d’un vitrail classique religieux, qui associe technique ancienne et moderne ».

Ainsi, tous les styles prennent forme en décoration intérieure et arts de la table mais aussi tables basses, lampes, bijoux, soliflores… « Des réalisations uniques chez nous, où tout est personnalisable, auxquelles s’ajoutent la création de grandes verrières d’intérieur qui donnent des jeux de lumière incroyables ».

Envie d’expérimenter ce savoir-faire ? Kevin propose des ateliers-découvertes à la carte dont un cours d’une demi-journée à l’issue de laquelle chacun repart avec la réalisation d’un petit vitrail carré.

Sur son exploitation à Autry-le-Châtel, Marie-Line Houdou est la seule de la Région à cultiver la rose Centifolia pour en faire des cosmétiques. Photo Estelle Boutheloup

Autry-le-Châtel, au nom de la rose

Autre territoire, autre paysage. Autry-le-Châtel transitionne en pays Giennois : on enjambe la Loire en rive sud et on flirte avec le Haut-Berry en limite du Cher. Lavoir XIXe avec toit en pagode, église de 1890 dont le porche affiche un étonnant “Liberté, Egalité, Fraternité”, un ravissant petit château Renaissance marqué du souvenir de Madame de Sévigné, les vestiges d’un ancien château médiéval et un bel étang constituent le cadre du village. Sur les hauteurs, au lieu-dit Les Genêts, Marie-Line Houdou exploite au Domaine de Beau-Lièvre 2 hectares de plantes à parfum, des carrés d’aromatiques et de médicinales, et des parcelles de petits fruits rouges en permaculture. Sur d’anciens champs incultes, cette horticultrice et cosmétologue a planté sur 6 000 m2 3 200 rosiers Centifolia en culture bio. En pleines fleurs en mai et juin, les pétales de rose sont ramassés le matin avant d’être effeuillés et transformés selon une méthode innovante. « Les modes utilisés aujourd’hui altèrent une partie des molécules actives. Il y a peu de fleurs qui en ont autant ! L’idée est donc de respecter les fleurs. Avec une start-up spécialisée dans la recherche et un laboratoire du Cher, nous travaillons sur la préservation de la qualité sur les arômes et avons breveté le process et le mode de transformation de nos roses qui nous permettent ainsi de fabriquer nos propres cosmétiques formulés ici et de maîtriser la chaîne du champ au flacon. » 

Situé sur la Route de la Rose, le Domaine de Beau-Lièvre est par ailleurs très engagé dans la préservation de la biodiversité. Pour preuve, Marie-Line a également planté trois lignes de haie pour protéger sa roseraie et réinstaller de la vie : « Un engagement avec Loiret Nature Environnement à l’initiative d’une reconnaissance des activités agricoles de l’exploitation sur l’environnement. Si certaines médicinales servent à préparer les tisanes, d’autres sont destinées au purin d’ortie et de consoudes pour apporter le traitement naturel et des compléments de nutriments aux rosiers. » 

Ouvert à la visite tous les jours de l’année, le site propose des ateliers pour les écoles primaires (« Plantes potager », « Plantes florales » et « Fabrication de tisanes »). Dans l’ancienne étable sera aménagée une exposition en 2024 sur la technique de culture et de transformation. Avant de partir, un tour à la boutique : confiture aux pétales de rose, sirop de rose mais aussi vinaigres, tisanes de fleurs des plantes du domaine et un sérum Label Slow cosmétique, 100% végétal avec 92% de rose, en attendant une gamme plus étoffée.

À lire prochainement la partie 2, sud Loire.

Photo de Une La Bouquetière.

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