La menace du moustique tigre en Centre-Val de Loire

Le moustique tigre, originaire des forêts d’Asie du Sud-Est, est désormais présent en France métropolitaine. Il a déjà été signalé dans cinq départements et 30 communes de la région Centre-Val de Loire. Par sa piqûre il peut récupérer puis transmettre des virus. Les autorités sanitaires cherchent à l’éradiquer par divers procédés, pas tous inoffensifs.

Par Jean-Paul Briand.

Aedes-albopictus (moustique tigre) – Pixabay


Le moustique tigre (Aedes-albopictus) est petit (5 millimètres environ). Il a cinq rayures blanches sur les pattes et une ligne blanche sur la tête et le dos. Il vole en mode silencieux. Si le mâle se nourrit exclusivement de nectar de fleurs et meurt au bout d’une dizaine de jours, le temps de s’accoupler, la femelle peut vivre 6 semaines. Une fois fécondée, elle pique, principalement en début et fin de journée, afin d’obtenir des protéines nécessaires au développement de ses œufs. Elle est anthropophile, c’est-à-dire qu’elle préfère le sang humain.

L’Aedes albopictus femelle est potentiellement vectrice de virus

La piqûre du moustique tigre est plus douloureuse et démange plus longtemps que celle des autres moustiques. Malgré cette nuisance, sa piqûre serait sans danger si l’Aedes albopictus femelle n’était pas potentiellement vectrice de virus de la dengue, du chikungunya ou du zika. Ces virus ne circulent pas dans nos régions tempérées mais peuvent être importés par des voyageurs en provenance des zones tropicales.

De mai à septembre 2023, en Centre-Val de Loire, où seul le département d’Eure-et-Loir semble actuellement épargné par l’Aedes albopictus, 35 cas de dengue importée ont été identifiés. Ainsi, après qu’un voyageur soit diagnostiqué atteint par la dengue, des opérations de démoustication, commanditées par l’Agence régionale de Santé (ARS) du Centre-Val de Loire, ont été menées dans plusieurs localités d’Indre-et-Loire.

Des inquiétudes persistent pour la nocivité des pyréthrinoïdes

La démoustication consiste en une pulvérisation d’insecticide par un véhicule depuis la voie publique, éventuellement complétée à l’aide d’appareils portatifs dans les espaces extérieurs des propriétés privées ou publiques. Les produits utilisés sont habituellement à base d’un pyréthrinoïde. Les qualités insecticides du pyrèthre naturel, extrait de certaines fleurs, sont connues depuis longtemps. Les chimistes ont synthétisé des pyréthrinoïdes plus puissants mais pas sans dangers d’autant qu’ils sont souvent associés à un solvant au potentiel toxique parfois bien plus grave que le pyréthrinoïde seul. Des inquiétudes persistent pour la nocivité des pyréthrinoïdes sur la santé humaine et plus largement sur l’environnement.

Pulvérisation d’insecticide – Pixabay


Les traitements pyréthrinoïdes de démoustication, perçus comme un moyen radical pour venir à bout des Aedes-albopictus, accentuent le risque de résistance de l’espèce et impactent défavorablement l’écosystème du fait de leur non-sélectivité. Ils sont très toxiques pour les chats, les organismes aquatiques et la plupart des insectes dont les abeilles et les libellules. Sur l’homme, aucune lésion chronique d’organes n’a été mise en évidence mais des effets perturbateurs endocriniens sont fortement suspectés. Des travaux d’un groupe d’experts réunis par l’Inserm signalent un lien entre des troubles du comportement chez des enfants et l’exposition des mères pendant leur grossesse à des produits à base de pyréthrinoïdes. Le potentiel toxique des pyréthrinoïdes oblige les ARS de faire les démoustications de nuit et d’alerter les populations dans les zones traitées (rentrer le linge, les jouets, les animaux domestiques, fermer toutes les fenêtres, ne pas consommer fruits et légumes des jardins…).

Les traitements chimiques doivent être réservés à des situations sanitaires exceptionnelles

Afin de freiner la propagation du moustique tigre, un nouveau moyen de lutte semble très prometteur. La méthode consiste à lâcher des moustiques mâles stériles afin de réduire la fécondité de leurs congénères femelles sauvages. Soutenue par l’ARS de La Réunion, une première expérience de cette technique de l’insecte stérile (TIS) sur le quartier de Duparc à Sainte-Marie a permis d’atteindre localement jusqu’à 60% de réduction de la fertilité du moustique tigre. Si la TIS semble être une solution d’avenir, les moyens écoresponsables sont à privilégier : éradiquation de toutes les eaux stagnantes (lieux de ponte de la femelle), protection des prédateurs naturels (hirondelles, chauves-souris) et en particulier des libellules qui naissent dans le même biotope que le moustique tigre. Elles dévorent larves et moustiques adultes mais sont tuées par les insecticides. 

Compte tenu de leurs effets nocifs collatéraux mal maîtrisés, les traitements chimiques doivent être réservés à des situations sanitaires exceptionnelles.

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Commentaires

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  1. Puisque ces traitements chimiques sont avérés toxiques il semble cohérent de les ranger , ou plus précisément d’en arrêter la fabrication, c’est une simple question de bon sens.
    Mais qui fabrique ces produits ? Entre autre Bayer le même groupe industriel qui produit le Round up et autres poisons dont le glyphosate.
    Et comme pour les fonds financiers qui possèdent ces entreprise le bon sens c’est le profit , encore du profit , toujours du profit …

  2. j’habite à la Chapelle St Mesmin, depuis deux ans nous sommes envahis pas ces moustiques. Je ne peux même plus sortir de chez moi et d’avoir les fenêtres ouvertes. Le peu que la fenêtre et la porte soit ouverte ils rentrent et je suis piquée. UNE HORREUR. Je ne sais pas si c’est dans toute la ville?et si la mairie fera quelque chose mais moi je n’en peut plus

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