Au théâtre à Orléans : Angelica Liddell au sommet de son art provocateur

L’artiste espagnole questionne le pardon aux crimes les plus monstrueux, en référence à la parole de Jésus, en interrogeant le plus loin possible le spectateur dans ses certitudes, dans son dernier spectacle, « Caridad ».

 Par Bernard Thinat.


Sur le plateau de la salle Barrault, côté cour, une immense guillotine rouge symbolisant l’absence de pardon chez l’être humain ; côté jardin, un clavecin qui apaisera le public à la toute fin du spectacle. C’est tout pour le décor.

En 9 tableaux, Angélica Liddell dresse le portrait d’une société plus prompte à la vengeance qu’au pardon, à la compassion, et l’actualité du Moyen-Orient en donne l’exemple. Pour ce faire, elle  interpelle l’humanité dans ses travers les plus sordides, convoquant les trois derniers guillotinés en France (même si l’un d’eux était peut-être innocent) ainsi que Gilles de Rais, compagnon de Jeanne d’Arc, brûlé sur un bûcher pour le meurtre de centaines d’enfants, et dont la longue « plaidoirie » glacera d’effroi le spectateur.


Neuf tableaux donc, numérotés sur le mur en fond de scène, traversant la folie, l’amour, l’érotisme, Angélica Liddel plus provocatrice que jamais avec ses compagnons, mimant une scène des plus suggestive avec la guillotine, le cours d’un prof aux enfants sur l’histoire de ce qu’on appelait familièrement la veuve. Mais Angélica Liddell revient à l’amour avec Françoise Hardy qui nous rappelle que « le temps de l’amour dure toujours, que c’était le temps des copains », avant de mimer l’horreur et de conclure par un éclat de rire. Et de nous rappeler le Psaume 23, « le Seigneur est mon berger ».

Des animaux traversent le plateau, un petit chien (quelque peu apeuré), celui d’un aveugle, et au final six moutons viendront saluer le public, laissant le spectateur libre d’en interpréter la présence sur la scène.

Spectacle abouti, particulièrement bien construit, sans doute plus facile à comprendre et à démêler le sens des paroles de l’artiste espagnole que dans ses deux précédents spectacles à Orléans, que furent « Térébrante » et « Liebestod » à l’automne 2021.

 

Texte, scénographie, costumes et mise en scène Angélica Liddell
Avec David Abad, Yuri Ananiev, Federico Benvenuto, Nicolas Chevallier, Guillaume Costanza, Angélica Liddell, Borja López et Sindo Puche
Chanteurs Guy Vandaele, Frank Meeus et Andrew Pett
Escrimeurs paralympiques Alex Prior (champion d’Espagne de sabre) et Ayem Oskoz
Lumière La Cía de la Luz (Pablo R. Seoane)
Création sonore Antonio Navarro
Conception scénographie Readest Montajes, S.L.
Accessoires Francisco García-Calvo Rodríguez
Directeur de production Gumersindo Puche
Traduction en français Christilla Vasserot

Dates au CDNO :

Théâtre d’Orléans CDN d’Orléans (Salle Barrault)

  • le 17 octobre à 20 heures 30
  • le 18 octobre à 19 heures 30

Tarif plein : 18 €

Tarif réduit (+65 ans / -30ans) : 12 €

Gratuité étudiante

Commentaires

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  1. Ils ont dû se régaler en montrant ce spectacle La belle et grande artiste et sa bande de mecs.
    Mis à part trois ou quatre tableaux remarquables, dont la Charité Romaine, du début et la confession satisfaite de Gilles de Rais et l’intimité entre la vestale Jeanne et son pote GillesLa scène de bacchanale était certes réussie, mais devait-elle être aussi interminable: Angelica montrait une grande jouissance interminable tandis que les masturbateurs s’ennuyaient. Aurions dû nous joindre à eux.
    Je me suis souvent ennuyée.
    De plus, j’ai été scandalisée par l’utilisation des enfants dans des contextes barbares ou obscènes ( les vieillards qui font danser les petites filles objets après les mots sadiques concernant les enfants violés. Comment des parents peuvent laisser utiliser ainsi leurs enfants?!
    C’est un spectacle complaisant et n’était pas clair le lien entre le but annoncé et le spectacle lancé à la figure.
    Applaudissements faibles, et avec plusieurs je n’ai pas pu applaudir.
    L’année dernière un spectacle, tout aussi interpellant, avec la nudité d’une femme enceinte était lui remarquable. A revoir.

  2. madame Liddell a toute raison d’être contente car c’était sans doute le but : elle a choqué le bourgeois.

    Et ensuite ? l’Art en sort-il grandi ?…

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