Nouveau festival JustiCiné : rapprocher la Justice du peuple grâce au cinéma

A l’initiative de gens de Justice, un nouveau festival a été monté aux Carmes, JustiCiné. Au travers de films initiateurs de débats, il va tenter d’amoindrir la distance entre le peuple et l’institution. La première mouture a pour thème l’enfance.

Par Bernard Cassat.

Rien à perdre, un film de Delphine Beloget. Photo Alexis Tonetti


Christine Einaudi dirige le Centre de la Protection Judiciaire de la Jeunesse. La PJJ en abrégé s’occupe du suivi éducatif et d’insertion des mineurs sous protection judiciaire. Soit en milieu ouvert, soit dans des unités éducatives, et même éventuellement en centres collectifs fermés. Par ailleurs, Christine Einaudi fréquente très souvent les cinémas.

Julien Simon-Delcros préside le Tribunal Judiciaire d’Orléans et le CDAD (Conseil Départemental d’Accès au Droit) du Loiret. « Un président du tribunal, c’est d’abord un juge, et ensuite un homme à tout faire. Pas comme un directeur d’hôpital, qui n’est pas médecin. Donc à la fois DRH, directeur du budget, de l’administration. Mais d’abord un juge. Je fais des audiences, comme mes collègues ». Et il se trouve que lui aussi est un cinéphile assidu.

La Fille au bracelet, un film de Stéphane Demoustier. Photo Melissa Guers


Tous deux se sont rencontrés dans un cinéma. De cette rencontre est née l’idée d’utiliser le cinéma pour expliquer, discuter et rapprocher la justice de la population. « Lorsqu’on n’est pas concerné, on a une certaine représentation de la justice. Et quand on l’est, elle est très partielle. Ça paraît très compliqué. Ça ne l’est pas tant que cela dans la réalité. L’idée de permettre au public de partager, d’échanger, débattre avec des acteurs de la justice à partir d’un film nous a paru intéressante. Etant un support de la vision du réalisateur, un film n’a pas vocation à être la vérité vraie. Mais il peut permettre de lancer un débat. », résume Christine. « Redonner un visage humain à la justice, rappeler qu’elle est incarnée par des gens comme tout le monde. On peut discuter, se renseigner. Ce n’est pas une statue avec glaive et balance », continue Julien.

Il développe : « J’ai toujours pensé que la justice doit être rendue dans la lumière. Pas du tout les feux de la rampe, théâtre ou spots de plateaux télévisés. Elle est rendue au nom du peuple français, elle doit être vue et connue de tous. Or les gens ne vont pas dans les palais de justice. Ça fait peur, il faut passer les colonnes, les lions, etc… La lumière du grand écran, c’est un moyen de faire un éclairage sur les gens de justice. Et la culture, l’art permet d’aborder des sujets plus difficiles. Parce que là, c’est quand même la protection de l’enfance, avec des mineurs délinquants, de la misère sociale, des placements d’enfants, etc. Ce ne sont pas des sujets faciles. »

La tête haute, un film d’Emmanuelle Bercot.


Ils ont contacté Michel Ferry et l’affaire était sur les rails. L’affaire, c’est l’idée d’un festival. Une dizaine de films bien choisis, regroupés sur quelques jours. Avec pour thème cette année l’enfance. Chaque film ouvre une discussion avec le public, menée conjointement avec un représentant de la justice, avocat, juge, éducateur, et des gens de cinéma.

Ce nouveau festival, JustiCiné, prend place fin novembre et souhaite devenir pérenne. La première mouture est bouclée.

Du 16 au 19 novembre, au cinéma Les Carmes, neuf films. Tous français. « Il faut balayer l’approche anglo-américaine, la représentation au cinéma de ce juge froid, distant, avec une perruque et un marteau… C’est insupportable ! », argumente Julien. Sauf un universel, Le Kid. Récents ou plus anciens. Avec une séance extraordinaire, la projection d’Anatomie d’une chute, de Justine Triet, dans la salle d’audience du tribunal. Le film dans le film dans la réalité !

JustiCiné

La fille au bracelet


Jeudi 16 novembre

19h30 : Rien à perdre de Delphine Beloget, en sa présence. Débat avec Mme Dietlin (ASE) et maître Deverge, avocat spécialiste des mineurs.


Vendredi 17 novembre

9h30 : Séance scolaire Ma vie de courgette

17h : Jusqu’à la garde, de Xavier Legrand. Débat assuré par Marie Pannetier, juge des affaires familiales

19h30 : La fille au bracelet, en présence du réalisateur Stéphane Demoustier


Samedi 18 novembre

10h : Les 400 coups de Truffaut

13h30 : La tête haute, d’Emmanuelle Bercot. Débat avec Mme Christelle Lamour, directrice du CEF et Madame De Sousa, juge des enfants à Montargis

17h : au Tribunal d’Orléans, Anatomie d’une chute, de Justine Triet, en présence d’Olivier Goinard, mixeur du film


Dimanche 19 novembre

15h : Le consentement, en présence de la réalisatrice Vanessa Filho, du distributeur Renaud Davy et de Vanessa Springhora, auteur du livre duquel est tiré le scénario (sous réserve)

16h : The Kid, ciné-goûter présenté par Julien Simon-Delcros

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