Cette semaine a débuté, dans chacun des départements de la région, la 1re édition du Festival AR(t]CHIPEL issu d’une collaboration entre le Centre Pompidou et la Région Centre-Val de Loire. Dans le Cher, c’est à Méry-sur-Cher, en la maison conçue par Pascal Haüsermann, que la manifestation a été lancée.
Par Fabrice Simoes
A Méry-sur-Cher, à quelques encablures de Vierzon, au bord du canal de Berry, entre Cher et Loir-et-Cher, comme des Galilée des temps modernes, ils sont encore nombreux à affirmer « et pourtant elle tourne ». Depuis plus de cinquante ans la maison baleine créée par le couple d’architectes Pascal Haüsermann–Claude Costy alimente la légende. A l’approche du bourg, on donne toujours un petit coup d’œil pour voir si elle n’a quand même pas tourné, un peu, juste un petit peu par rapport au dernier passage. Il faut se rendre à l’évidence, la maison baleine, pour les uns, la maison coquillage, pour les autres, ne tourne pas. L’actuel occupant des lieux, l’architecte Bruno Liance, explique simplement que, selon sa conception actuelle, c’est « impossible de faire pivoter plusieurs tonnes de béton comme ça. Une structure bois, oui. Mais pas là ». A y est la maison qui tourne pour être toujours en phase avec la rotation de la terre, c’est foutu ! A flanc de coteau, la maison baleine expose sa grande bouche ouverte et ses vitrages comme des fanons au soleil de l’après-midi. Et pas à d’autres moments de la journée.
Les fanons de la maison baleine de Pascal Haüsermann offrent une vue imprenable sur la nature environnante.
Photo FS
Une maison pas comme les autres
C’est en 1967 que la Maison Coquillage de l’architecte Pascal Häusermann est exposée aux Floralies, à Orléans–La Source, sous la forme d’un prototype. Elle est alors lauréate du concours de la revue “La Maison de Marie-Claire”. C’est un « pavillon type » réplicable et juxtaposable selon les besoins du commanditaire. L’exposition et la parution dans la presse de cette architecture novatrice et révolutionnaire, déclencheront, déjà un coup de cœur, et pour Pascal Häusermann, la commande de la maison à Vierzon dans un premier temps, puis à Méry-sur-Cher après des divergences administratives. Dès sa conception, la maison bulle est adaptée aux besoins du propriétaire : un grand séjour, une cuisine, une salle de bain et trois chambres cabines juxtaposées pour former un agrégat de cellules. Les portes, la cheminée, et une partie fixe du mobilier, sont adaptées aux lignes courbes de l’architecture.
Bruno Liance et l’artiste plasticienne Cécile Le Talec ont pris possession de la maison, et de son cadre de verdure, un parc paysager méditerranéen de 2 ha, voilà une grosse dizaine d’années. Un autre coup de cœur pour cette bâtisse aux formes si particulières qui s’harmonisent avec la piscine extérieure ovale, mais « de nage », juste à côté, et de la maison de réception cachée un peu plus loin. Cette autre maison bulle toute aussi avant-gardiste est, depuis, devenue l’atelier de Cécile. De fait, entre le festival qui veut « mettre en valeur à la fois les richesses patrimoniales et artistiques de la région Centre-Val de Loire et la diversité de la collection pluridisciplinaire du Centre Pompidou, en faisant dialoguer des artistes de la collection du Centre qui ont eu un rôle important en Centre-Val de Loire (Alexander Calder, Max Ernst, Olivier Debré, Henri Dutilleux…) avec des artistes actuels » et Cécile la transition est aisée.
Lors de la Biennale du Frac Centre-Val de Loire 2022, décentralisée à Vierzon, son œuvre monumentale mais fragile, sous les structures du B3, occupait une grande partie de la surface de la structure. Son Atlas des partitions silencieuses, un tapis de sable fin blanc couvert de pictogrammes inspirés des écritures secrètes utilisées par les tisserandes berbères, était ancré dans cette « infinie liberté, un monde pour une démocratie
féministe » vierzonnaise.
ART(t)CHIPEL pour aller à la rencontre de nouveaux publics
Leur coup de cœur, Bruno Liance et Cecile Le Talec l’ont expliqué au Président François Bonneau lors de sa visite inaugurale dans le Cher pour le 1ere édition du Festival AR(t]CHIPEL : parcours au cœur de la création ! « Ce festival ambitionne d’aller à la rencontre de nouveaux publics et de contribuer à un accès plus large à l’art et à la culture, tout en diversifiant les approches en termes de médiation et d’éducation artistique et culturelle et en renforçant l’association des publics aux projets culturels », mais aussi il permet d’ouvrir au public des ateliers, des maisons d’écrivains et de musiciens, des lieux qui ne le sont pas en général. Entre ce dernier week-end et le 5 novembre prochain, c’est une cinquantaine d’endroits en région Centre-Val de Loire à visiter, à voir, à rencontrer, ouverts exceptionnellement pour la plupart.
Leur coup de cœur, ils l’ont expliqué aussi à Laurent Le Bon le président du Centre Pompidou, l’autre partenaire de ce festival particulier. L’ancien directeur du musée national Picasso a apprécié la démarche avant de se rendre à Bourges au Musée de l’École où plusieurs œuvres du Centre Pompidou sont actuellement exposées, sous le commissariat artistique d’Anne-Laure Chamboissier, à l’exposition Jeu Libre de Claude Pasquer, au Palais Jacques-Cœur.
À Bourges encore, le Festival AR(t]CHIPEL présente également des œuvres inspirantes de la commande publique comme « L’écoute » d’Olivier Leroi, un travail de sculpture sur les toits qui met en résonance les trois lieux de la place Séraucourt à Bourges : l’ancienne Maison de la Culture « Malraux », le château d’eau et la nouvelle Maison de la Culture.
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Des œuvres du Centre Pompidou disséminées en région Centre-Val de Loire