Pas de transition écologique, sociale et solidaire sans mobilité durable et « inclusive »

Les mobilités douces sont au cœur d’une mobilisation pour une autre économie et un « futur désirable ». Par le biais d’un forum tenu à Orléans, la CRESS (Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire) s’interroge sur les impacts environnementaux et surtout sociaux de cette révolution.

Par Jean-Jacques Talpin.


« Autosolisme », ce néologisme qui désigne des pratiques où le conducteur voyage seul dans son véhicule : voici l’ennemi ! L’économie de demain, celle qui ne reposera plus exclusivement sur les fondamentaux financiers du capitalisme s’appuiera nécessairement sur d’autres pratiques, sur une mobilité durable associant transports en commun, véhicules électriques, autopartage, covoiturage, vélos, etc. Pour accéder à cette nouvelle économie, des efforts importants devront être engagés. « Il faut refuser l’angélisme explique Jean-Louis Desnoues, président de la CRESS, cette transition aura des impacts certes environnementaux mais aussi économiques et surtout sociaux. Il est indispensable que cette transition soit démocratique et équitable ». C’est tout l’objet du forum pour une mobilité durable que la CRESS vient d’organiser à Orléans en associant des collectivités (notamment le conseil régional) mais aussi l’Ademe, l’État, des élus, des entreprises et de nombreuses associations. Mais l’économie sociale et solidaire, hier concentrée sur l’économique doit aussi faire sa révolution environnementale. « Nous avons des marges de manœuvre avoue Jean-Louis Desnoues, il nous faut changer de boussole ».

Jean-Louis Desnoues, président de la CRESS, présente le forum. Photo Magcentre


Le transport gros émetteur de CO2

La question essentielle est de définir une alternative au « système tout voiture » et donc de se déplacer autrement pour arriver à la neutralité carbone en 2050. Mais aujourd’hui « la bagnole » régit encore notre vie quotidienne, d’abord pour le travail : 6 actifs sur 10 utilisent leur véhicule pour des déplacements inférieurs à 2 kilomètres. C’est notamment vrai dans le Cher, l’Indre et le Loir-et-Cher, là où le réseau des transports en commun est le plus faible. C’est ainsi que le transport routier représente le secteur le plus émetteur de CO2 (mais aussi la principale dépense dans le budget des ménages) malgré une petite baisse en 2022. Chaque Français émet 10 tonnes de CO2 par an avec une cible de 2 tonnes d’ici à 2050. Certes des évolutions se font sentir avec le télétravail (qui a entraîné une baisse de 10% des déplacements dans le Loiret), les téléconsultations médicales, le covoiturage et l’amélioration du réseau de transports en commun. Mais il faut aller encore au-delà avec trois mots d’ordre selon Pierre Taillant de l’Ademe, « éviter, changer, améliorer ». L’Ademe a d’ailleurs défini plusieurs scénarios de transition plus ou moins contraignants avec plusieurs leviers à activer : améliorer l’offre de transports (rouvrir des lignes ferroviaires), assurer un report modal notamment en faveur du vélo, améliorer le taux de remplissage (fin de l’autosolisme), augmenter l’efficacité énergétique des véhicules (notamment électriques).

Ne pas infliger de « double peine »

Mais cette transition doit aussi être « inclusive » ou « décente ». Alors que plus de 9 millions de Français connaissent la précarité énergétique, la transition environnementale doit avant tout être sociale. Pas question donc d’infliger une double peine financière à ceux dont le véhicule est d’abord un outil de travail. C’est vrai notamment avec les ZFE-m (Zones à faibles émissions-mobilité) qui doivent être mises en place dans les métropoles d’Orléans et de Tours. Mais cette disposition, visant à restreindre l’accès des véhicules très polluants dans les villes, vient en partie d’être vidée de sa substance puisque ces ZFE ne concerneront plus désormais que les véhicules… de plus de 26 ans.

Le vélo solaire Vhelio. Photo Magcentre


C’est au service de cette mobilité inclusive que des collectifs de citoyens, des entreprises et le monde de l’ESS se mobilisent.
Le forum d’Orléans a ainsi mis en valeur plusieurs initiatives régionales comme « les cycloposteurs » (collecte de biodéchets à vélo), « Mobicoop » pour l’autopartage, « Vhélio » pour un véhicule solaire et collaboratif ou encore « Railcoop » la première coopérative ferroviaire en France. C’est aussi le cas des collectivités territoriales. Ainsi le département du Loiret vient de se doter d’un schéma départemental des mobilités qu’il présentera lors des assises de la mobilité du Loiret le 28 novembre à CO’Met. Le cap est désormais donné ! Encore faut-il le faire partager au plus grand nombre, nouvelle mission que la CRESS veut assumer pleinement.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Loiret : pour son schéma des mobilités, le département voit grand mais loin

Commentaires

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  1. Ouais… Je pense à la récentre inauguration du C.H.U. à la Source. Où peux-t-on obtenir sa compta analytique, en termes d’émissions de CO2, et de coût directement financier (nb de véhicules officiels mobilisés, service d’ordre public et privé, raout au champagne, etc), histoire de me sentir un peu moins coupable de mon propres coût de vivre simplement et pas aux frais du contribuable ?

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