Et si les plantes éclairaient nos villes ?

Utiliser la luminescence végétale pour éclairer monuments, parcs, jardins ou encore centres urbains, c’est le pari d’Aglaé, jeune start-up incubée à la Cité de l’Innovation à Chartres. Grâce à une formulation secrète, sa fondatrice, Sophie Hombert, propose ainsi une alternative durable à l’éclairage public tout en associant utilement les plantes au quotidien.

Grâce à un élixir absorbé par leurs tiges ou leurs racines, les plantes deviennent luminescentes. Photo Aglaé


Par Estelle Boutheloup

Eurêka, elle a trouvé ! Après un an de recherches en école d’ingénieur à Rennes et des démarches auprès de laboratoires, Sophie Hombert, 33 ans, a trouvé LA formulation magique ! « Elle est non toxique pour les plantes ni pour l’environnement et fonctionne selon une absorption par capillarité de la tige ou des racines », explique la jeune start-upeuse diplômée de l’École européenne supérieure d’art de Bretagne. Un élixir qui agit comme une potion magique « sans modification génétique et dont le procédé est fait à huis clos en laboratoire et pas du tout en pleine terre ». 

Si sur terre, lucioles, vers luisants, certains insectes et coléoptères utilisent la bioluminescence, pas moins de 80% des espèces abyssales aussi. Et c’est ce qui a intéressé et intrigué Sophie, alors étudiante en Master de design : « J’avais l’idée d’associer le design au biomimétisme, à la bioluminescence, et trouver dans ce phénomène une source d’inspiration, permettant au végétal de retrouver une place de choix dans notre quotidien. » C’est désormais chose faite avec Aglaé – image allégorique d’une des Trois Grâces de la mythologie grecque – grâce à la luminescence végétale.

Après des études de design, Sophie Hombert, a fondé Aglaé, la start-up incubée à Chartres. Photo Aglaé.

Chartres, ville expérimentale 

Herbacées ou à massif, d’hiver ou d’été, les plantes adultes sont traitées entre 24 heures et une semaine avant d’être implantées dans des aménagements ou des décors paysagés. « Elles s’activent dans le noir, grâce à une source de lumière noire, comme en discothèque, dont le spectre va révéler la luminescence ». Et l’effet phosphorescent gagne à coup sûr l’émerveillement du public, plongé dans « la contemplation et une bulle de bien-être avec un côté science fiction qui plaît bien, sachant que la luminescence ne dure que deux mois et demi sans altérer la plante qui continue à vivre après. » 

Mais pas que ! La luminescence végétale permet non seulement de revisiter la dimension culturelle d’événements et d’expositions en installant un côté immersif, pédagogique et sensoriel, mais aussi de moderniser et de faire évoluer des décors ou des sons et lumières. « Des expositions qui s’exportent bien, souligne Sophie Hombert, notamment à Singapour, au Canada et au Maroc. » En France, l’effet a séduit les propriétaires de châteaux, pour camper des ambiances de Noël ou des déambulations dans les jardins, mais aussi le parc européen du végétal Terra Botanica à Angers, et des collectivités territoriales comme Nevers et Chartres, où la start-up est incubée au CM101 (Cité de l’Innovation de Chartres Métropole) jusqu’à l’été 2024. « C’est la première ville qui nous a fait confiance pour aménager son paysage urbain. Nous y avons lancé une expérimentation dans le jardin devant la mairie pour la Fête des lumières. L’objectif étant de laisser les plantes en observation pendant trois mois, et d’avoir un retour d’expérience des habitants, voir comment les plantes évoluaient en milieu urbain et l’intérêt de cette technologie en ville. » 

La luminescence végétale, l’éclairage de demain ? 

Car s’il est un autre enjeu au cœur de la transition énergétique, c’est bien celui de l’éclairage public et de la réduction de la nuisance lumineuse sur la biodiversité. « Dans les villes, 60% des lampadaires ne sont pas aux normes. Une installation d’un mètre carré de massif correspond à 200 candelas (200 bougies/m2), soit un spectre lumineux plus doux que des lampadaires électriques qui désorientent la biodiversité la nuit. » Plus encore, une alternative au coût de l’électricité : de la lumière noire pourrait être déployée, via des balises et des capteurs de présence, pour alimenter des panneaux solaires. « Sans oublier que la végétalisation des centres urbains rentre désormais dans la politique des villes pour créer des îlots de fraicheur », conclut Sophie Hombert. 

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Commentaires

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  1. La lumière noire, c’est du rayonnement ultraviolet. En dehors du fait que ce n’est pas forcément très bon pour la santé, il faut de l’énergie électrique pour produire cette lumière noire.
    Mon opinion :
    – oui pour la beauté esthétique de certaines compositions végétales traitées de cette façon
    – mais non, ça n’est pas comme ça que nous pourrons éclairer nos villes. Le coût serait bien trop grand, et le bilan carbone désastreux.

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