Rencontre avec les auteurs de la comédie musicale “La Lettre”

Depuis trois ans, une équipe travaille sur une comédie musicale, La Lettre. A l’initiative, Guy-Claude Charcellay, directeur du conservatoire de Saint-Jean-de-la-Ruelle, et Jean-Claude Giffaut, professeur de trompette nous racontent l’histoire de cet énorme projet. Trois représentations sont prévues à l’Unisson les 8, 9 et 17 décembre, et à Ormes un peu plus tard.

Propos recueillis par Bernard Cassat, photos Marie-Line Bonneau

C’est quoi, l’histoire de cette comédie musicale ?

Guy-Claude Charcellay : Avec Jean-Claude, ça fait 25 ans qu’on collabore sur plein de projets différents, que ce soit de la musique classique, du jazz, de la salsa. On avait envie de faire un spectacle complet, d’aller plus loin, de sortir de notre pré carré. Du coup, est venue l’idée d’une comédie musicale. Pendant plusieurs années, on n’a eu ni l’idée d’un sujet, ni l’occasion. Mais il y a 3 ans, les planètes se sont alignées, on a eu tout au bon moment. Trois ans, quasi pile-poil. On a donc développé l’idée, on a fait un scénario qu’on a soumis à Philippe Honoré, théâtreux, directeur de théâtre, romancier… Il a bien voulu écrire les textes, le livret, et aussi les paroles de chansons. On s’est mis à écrire les musiques, et voilà.

Jean-Claude Giffaut : Oui, en plus on a soumis l’idée à Saint-Jean-de-la-Ruelle. Toute l’équipe de la mairie a été conquise par ce qu’on leur proposait. Ils ont été d’accord pour travailler avec nous.

Guy-Claude Charcellay reprend : Oui, c’est une mairie très pro-culture. Quelle ville soutiendrait la création d’une comédie musicale faite par des inconnus ? On n’est pas totalement inconnus, mais on n’a jamais fait ça. Donc il faut quand même avoir… du courage pour nous soutenir. Ils savent qu’on est des gens sérieux, moi je suis directeur du conservatoire, Jean-Claude est professeur et musicien. Mais c’est quand même prendre un sacré risque.

Des dessins racontent l’ouverture de l’histoire. Photo Marie-Line Bonneau


Et l’histoire, elle vient d’où ?

Charcellay : Quand on a eu l’occasion de faire quelque chose, on s’est demandé ce qu’on avait envie de raconter, de transmettre. On a beaucoup discuté entre nous. Il en est ressorti l’envie de parler du respect, de l’humanité, de l’acceptation de soi, des sujets qui nous tiennent à cœur. Ensuite, on s’est demandé comment on pouvait mettre ça dans une histoire. Et on a eu l’idée de la trêve de Noël, en 1914. Des gens qui se font la guerre, et pour un bref instant, deviennent potes, deviennent frères. On y a vu un gage d’espoir et d’humanité. Ça a été notre prétexte. On fait se rencontrer quatre personnages qui vont écrire une lettre pour transmettre à leurs descendants ce moment fraternel. Ce sont les premières minutes qui enclenchent le reste. Après, on a affaire à leurs descendants dans l’époque moderne.


Argument terriblement actuel !

Charcellay : Oui, pourtant on a commencé il y a trois ans. Quelques mois après, début de la guerre en Ukraine, et depuis, encore bien pire, alors que le conflit n’est pas fini ! L’autre jour, à des scolaires, je leur ai dit que l’histoire qu’on racontait, c’était eux. Je leur ai dit : « Vous êtes des copains, mais ça vous arrive plein de fois, dans la cour de récré, de vous chamailler pour rien et de recommencer à être copains juste après ». En fait, ce qu’on dit, c’est ça. Faire en sorte que si on peut s’écouter, se tolérer… on a le droit de ne pas être d’accord sans se taper dessus. Maintenant, dès que tu n’es pas d’accord, c’est un conflit.

Maxence Thireau et Quentin Delépine. Photo Marie-Line Bonneau


Giffaut : Cette histoire de 1914, c’est vraiment l’ouverture du spectacle. Comme dans un opéra, moment instrumental, avec des projections de dessins. Mais une fois l’ouverture passée, c’est aujourd’hui. On fait se rencontrer les descendants de ces hommes des tranchées, et on s’arrange pour qu’ils ne s’apprécient pas forcément, pour que toutes les situations arrivent.


Avec narratif et chansons ?

Charcellay : Oui, il y a de la mise en scène théâtrale, du texte et des chansons. 14 musiques dont 12 chansons. On a découpé en scènes, précisées ensuite par Honoré. Puis quand on a eu une trame précise, on s’est mis à l’écriture de la musique.


Pendant ces trois ans, vous avez rencontré des moments difficiles ?

Charcellay : Pas de découragement, mais des aléas de production. Deux metteurs en scène pour des raisons d’agenda. Deux chanteurs aussi. Après le travail d’écriture et de précision, on est en résidence avec tout le monde depuis trois semaines. Dégrossie pendant les vacances de la Toussaint.

Giffaut : On voulait un orchestre. 12 musiciens. Parce que c’est notre vie, on aime entendre ça, la texture musicale, etc. La salle de l’Unisson n’a pas de fosse comme dans les théâtres à l’italienne. Donc l’orchestre est visible pendant le spectacle.

Les quatre acteurs chanteurs dans le final. Photo Marie-Line Bonneau


Quelle type de musique ?

Charcellay : Pour faire simple, c’est de la musique qui nous ressemble. On est tous les deux trompettistes, mais classique, jazz ? Les deux en fait. Donc c’est ce qu’on aime faire, ce qu’on aime entendre, c’est un mélange de ce qu’on aime écouter. Nous sommes influencés par des grands noms. Et aussi un petit vent de variété.

Giffaut : Musicalement, les morceaux sont différents, et malgré ça c’est cohérent. Parce qu’on l’a écrit pour raconter une histoire, suivre des personnages. Donc on a essayé de les décrire à travers la musique.


Et côté production ?

Charcellay : C’est une association, Millie et une note, qui porte tout ça, en partenariat avec la ville de Saint-Jean-de-la-Ruelle. Moitié moitié. La mairie a intégré ce spectacle dans le festival “Comment ça s’écrit ?”. Beaucoup d’actions sont parties de La Lettre. L’idée de départ, avoir un vrai projet de territoire. La Région nous soutient aussi, ça rentre dans leur programme Nouvelles Renaissance(s).

Giffaut : Tous les services s’y sont mis, médiathèque, les scolaires, le conservatoire, etc. Pour amener des gens au spectacle, dans leur ville, leur salle. Une comédie musicale à 12 euros, c’est vraiment du soutien municipal.

Charcellay : Gros projet, réalisé dans de bonnes conditions. Les gens sont payés correctement. On a voulu créer une troupe. Fédérer une ville et fédérer des gens, qu’on soit tous contents d’être ensemble et de faire ça. Travailler avec des copains qui jouent bien et qui adhèrent à notre façon de voir.

Giffaut : Et ça donne un spectacle vraiment pour tous, même bien avant 10 ans. C’est vraiment familial.

Les photos de Marie-Line

L’équipe de La Lettre

Production Association Millie et une note

Livret, musique, direction artistique : Guy-Claude CHARCELLAY et Jean-Claude GIFFAUT
Dialogues : Philippe HONORÉ
Mise en scène : Franck JUBLOT
Chorégraphie : Noémie LENOËL
Lumière et son : Emmanuel DELAIRE
Chef d’orchestre : Guy-Claude CHARCELLAY
Avec Elodie ANAHY, Noémie LENOËL, Quentin DELEPINE et Maxence THIREAU
Violons : Pauline DHUISME et Caroline GIMENEZ
Alto : Béatrice BARBERON
Violoncelle : Lucile LOUIS
Flûte traversière : Carole BONAMY
Trompettes : Jean-Claude GIFFAUT et Bernard PETIT-BAGNARD
Trombone : Philippe DESMOULINS
Cor : Benoît FALLOU
Piano : Hervé MASSON
Basse électrique : Stéphane DELALANDE
Percussions : Thierry FAUTREL

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