Bollywood superstars, le spectacle total !

Place à la fantaisie à Paris où une belle exposition nous emmène en musique et en images dans les coulisses de Bollywood, l’antre du cinéma à Bombay. De quoi, à défaut de voyage lointain, rêver à des ailleurs merveilleux.

Par Bénédicte de Valicourt


Assez de la grisaille ambiante et des mauvaises nouvelles. Plongez dans une salle de cinéma indien au quai Branly à Paris qui retrace dans une exposition flamboyante, 100 ans de la fantastique épopée du cinéma bollywoodien et de ses superproductions. C’est gai, coloré, ludique. Comme le cinéma indien et ses films fleuves, une machine à faire rêver toute la nation indienne qui s’y rend régulièrement toute classe d’âge et toute origine confondue.

Les amours de Rama et de Krishna

Bollywood

On passe de hautes arches rouge, orange ou bleu. Et on chemine entre les amours de Rama et de Krishna sous un beau clair de lune où les combats héroïques que se livrent les héros du Mahâbhârata ou le Rāmāyaṇa, ces épopées qui servent souvent de toile de fond aux films indiens. En face dans une salle, une jeune visiteuse danse ravie en contemplant son reflet qui se dédouble de tous les côtés dans une salle équipée d’un jeu de miroirs qui s’inspire des scènes de danse kaléidoscopiques du cinéma dans lesquelles les personnages et les angles de prises de vue se démultiplient. On y voit des danseuses de Bharatanatyam (sud de l’Inde), de Kathak (nord de l’Inde) et une danse inspirée du folklore rajasthani, souriant de toutes leurs dents blanches éclatantes.

Avec plus de 1 500 films par an, l’Inde, 22 langues et autant de cultures, croyances et coutumes, est aujourd’hui le premier producteur de cinéma au monde, une production qui dure depuis plus d’un siècle. Pas seulement à Bollywood, une industrie régionale parmi d’autres, mais aussi à Tollywood, Mollywood ou Kollywood, autant d’autres lieux de production très actifs.


Et c’est le principal intérêt de cette exposition, avec sa mise en scène ludique et les pièces de musée, costumes chatoyants et autres peintures, figurines et extraits de films à visionner, de remonter aux sources de ce fantastique divertissement populaire, qui fut aussi apprend-on, un véritable ciment lors de la construction de la nation indienne à peine libérée de l’occupation britannique. Dès 1896, moins d’un an après les premières projections des frères Lumière à Paris, le chalachitra (cinéma) arrive à Bombay puis s’impose bien vite comme un nouveau divertissement. A la façon des représentations de théâtres d’ombres, de lanternes magiques – dont on voit quelques beaux exemples dans l’exposition – et des conteurs itinérants qui ont précédé et coexisté avec le cinéma, les films sont projetés dans des salles ambulantes. Ils s’inspirent des dieux et des grands monarques des récits mythologiques millénaires.

Un spectacle total

Depuis, le spectacle, mêlant théâtre, danse et musique, est total. Décors dignes des « Mille et une nuits », le cinéma véritable machine à distiller du rêve et pour qui rien n’est trop beau devient très vite en Inde un véritable « opium » du peuple. Pétris de références culturelles et obéissant à un ensemble de codes visuels savamment orchestrés, les films, qui véhiculent une vision idéale du passé de l’Inde, connaissent très vite un succès retentissant, et déplacent les foules dans les « single screens », ces temples de la dévotion cinéphilique qui quadrillent le territoire. Aller au cinéma, ce n’est pas s’asseoir dans le noir et regarder passivement un film. On crie, on chante, on danse, on montre sa dévotion aux stars qui apparaissent sur l’écran. Ils deviennent d’ailleurs des demi-dieux ou en tout cas plus que des êtres humains. Car rien n’est trop beau pour sortir le spectateur de son quotidien et lui faire oublier les affres de la condition humaine.

Seul intermède dans cette débauche de costumes chatoyants, de danses et de chants, la partie de l’exposition dédiée au réalisateur Satyajit Ray, le pape du cinéma d’auteur bengali, qui apporte un contrepoint social à cette débauche de strass et de paillettes tout en rappelant judicieusement que le cinéma indien ne se réduit pas à l’industrie régionale de Bombay.

Le tout est envoûtant et hypnotique comme Bollywood.

A ne pas rater ce dimanche et tous les dimanches jusqu’au 14 janvier, un petit voyage en Inde en danses et en musique avec Indian Arts Lab/ mahina Khanum, dans le jardin du musée.

Musée du quai Branly. www.quaibranly.fr

 

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