Henri Alfandari, le petit jeune qui monte en Touraine

Quel chemin parcouru par le député de droite Henri Alfandari, désormais grand chef tourangeau du parti Horizons, le groupuscule de l’ex-premier ministre technocrate et affairiste Édouard Philippe, censé le faire gagner en 2027 contre Marine Le Pen en récupérant les débris de LREM et LR !
 
Par Joséphine


Un chemin emprunté à toute allure par un Alfandari en passe de devenir l’un de ces barons que la Touraine aime tant, avec un Jean-Gérard Paumier parti à la retraite au Sénat et un Philippe Briand meurtri par sa condamnation dans une des affaires Sarkozy et désormais ayant à gérer la crise dans son groupe immobilier Arche, où des collaborateurs indiscrets parlent de licenciements imminents sur toute la France.

Un Gavroche apolitique ?

 
On se souvient encore l’an dernier lorsque Alfandari refourguait son story-telling au sujet de sa candidature aux législatives sur la Nouvelle République : « Natif de Chambray-lès-Tours, il a grandi à Tours puis est monté à Paris, à l’âge de 18 ans, pour des études d’économie et de gestion. Sans succès, il se tourne alors vers le monde du cinéma où il occupe plusieurs postes : régisseur, assistant à la décoration, à la production ou à la réalisation. Puis il bifurque vers la communication d’entreprise au sein du groupe Saint-Gatien (…) il s’est installé à Genillé en 2012-2013 où il a évolué, ensuite, pendant sept ans, comme joueur, au sein de l’ESG, le club de football de Genillé (…) Non encarté politiquement – « le plus tard possible », glisse-t-il -, il affirme avoir déjà voté à gauche par le passé. « Si je trouve que quelqu’un est bien et que j’ai envie de travailler avec, je ne regarde pas la couleur politique ». Presque un Gavroche apolitique du Lochois, le Henri. Bien entendu, dans ces articles, pas un mot sur sa famille, sa fortune personnelle et ses nombreuses fonctions dans le groupe Saint-Gatien, mastodonte des cliniques privées, créé par son père et dirigé par son frère, et qui pèse a minima 200 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.

 
 
 
Mais maintenant, monsieur le député Alfandari entend jouer dans la cour des grands. Il est passé en 18 mois de “non encarté” à patron d’Horizons dans le coin, de modeste fan de foot à cador de la boxe, de petite main de la politique rurale à aspirant VIP en 2027. Notons du reste que ces métaphores sportives sont particulièrement éculées, introduites en France par Giscard dans les années 70 pour faire proche du peuple et mec en bonne santé – après la disparition de Pompidou, malade, et De Gaulle, vieux -, reprises par de Villepin et ses bains de mer ou Sarkozy et ses inoubliables footings en Ray Ban et t-shirt New York Police Department.

Bref, le choix de la boxe, c’est un élément de communication politique explicitement mis en avant par Édouard Philippe himself depuis 2017, histoire de faire croire à un gars combatif, qui sait prendre les coups et se relever, un dur à cuire, un mec des bas-fonds – et pas un énarque ou un administrateur de grosses boîtes -, le tout avec ce virilisme qu’on aime tant à droite.
 
Résultat ? Alfandari reprend en copier-coller la technique et lance le comité Horizons de Tours dans… une salle de boxe, posant pour la photo devant les « ennemis à abattre » écrits en phrases choc sur un panneau digne des meilleurs pubs de PME dans un salon d’expo de sous-préfecture. On y remarque d’ailleurs une belle synthèse de slogans qui se veulent flamboyants : d’un côté, maximes libérales de cours de première année d’école de commerce, d’autant plus savoureuses que c’est Édouard Philippe l’artisan du « quoi qui l’en coûte » pendant la pandémie – coucou l’argent public magique -, de l’autre côté, tirades de drague à l’extrême-droite, au sujet de l’immigration ou de la repentance, un des thèmes fétiches du Sarkozy de la grande époque, soufflé à son oreille par Patrick Buisson, puis repris par Fillon en 2017.
Bref, comme d’hab’ à droite, un nouveau monde directement issu de l’ENA et du giscardisme, avec un arrière-goût de Pasqua.
 
En tout cas, croisons les doigts pour que l’Hôpital Public ne fasse pas office de punching-ball à l’issue de la séquence…
 
 

   

Commentaires

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  1. “d’un côté, maximes libérales (…), de l’autre côté, tirades de drague à l’extrême-droite, au sujet de l’immigration ou de la repentance” :

    pas que, si on lit bien : on en trouve même “marquées (très) à gauche” qui ne devraient pas être pour vous déplaire, Joséphine !

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