Jusqu’au 23 décembre, François Lenhard et Jean-Marc Prévault exposent à Saran (45), au château de l’Etang. Deux glaneurs humanistes passionnés de couleurs et de bois qui ravissent les yeux autant qu’ils interpellent les émotions.
Par Jean-Luc Bouland
François Lehnard devant ses œuvres – Photo JLB
Les deux artistes se connaissent bien, ont l’habitude de se retrouver pour différents évènements, tel du Land’art, et comme ils demeurent aussi tous deux sur Ingré, il n’est pas surprenant qu’ils soient encore ensemble pour exposer à Saran, au Château de l’Etang. Ces deux “compères humanistes”, comme ils aiment à se définir, ont posé leurs oeuvres le 1er décembre en ce lieu réputé, et fort demandé, et ne les retireront que le 23 décembre, peut-être pour en mettre quelques-unes dans la hotte du Père Noël, qui sait.
Au milieu d’une salle, François Lehnard, le peintre, a installé une suite de 24 toiles qu’il peint sur place, une par jour, à l’inspiration. « Chaque jour, une toile peinte ainsi que des marqueteries contemporaines se substituent à la toile vierge. La table, espace sans cesse réinventé, autour duquel se confrontent les générations et les visions du monde, où se partage, ici, avec le visiteur, le travail de l’artiste », nous dit la notice. Ce « festin de couleur et de bois à goûter, à partager » n’est pas là que pour compléter l’exposition. Il a vraiment une ambition de partage. Car, précise François Lehnard, « les œuvres sont proposées au prix de 50€ l’unité. Et les artistes reverseront 30% de ces ventes au Secours populaire du Loiret ».
Les marqueteries de Jean-Marc Prévault – Photo JLB
Mais comme ont aussi pu s’en rendre compte ce jeudi 14 décembre les enfants des écoles, fort intéressés, l’exposition ne se limite pas à cela. Déjà venu en 2009, François Lehnard y présente toute une série de tableaux très colorés, « mais qui ont tous été commencés avec une surface noire », précise-t-il, sur laquelle il a étalé et réparti des couleurs. Une peinture sans pinceau, réalisée selon l’humeur du temps, spontanément et sans prédire du résultat, explique-t-il. A y regarder de plus près, ces œuvres colorées nous font presque penser à des reflets sur l’eau, presque veloutées. Aussi abstraites que saisissantes.
A côté de lui, son compère Jean-Marc Prévault, ancien paysagiste, se dit sculpteur, voire marqueteur, travaillant du bois d’arbre, comme il a été précisé aux enfants. Du vrai. Par le dessin, dit-il, « il transforme et décompose des formes ou des images captées ici et là pour aboutir à une marqueterie abstraite qui sera collée sur un support inattendu mais figé dès le départ ». Là encore, on oublierait presque la matière initiale, pour recevoir pleinement les formes, les courbes et les arêtes, les superpositions, comme des messages implicites.
En découvrant, et appréciant, les œuvres des deux compères, en oubliant presque leur abstraction pour se laisser porter tout simplement par ce qu’elles transmettent, on ne tarde pas à les rejoindre dans leur démarche. « Ils ont en commun des œuvres qui traduisent plastiquement ce qui dans la vie les bouscule, les révolte, les émeut, les éblouit ». Certes. Et qui donnerait presque envie de les imiter, ou du moins d’essayer, si le cœur nous en dit.