Est-ce la fin de la guerre contre les moulins à vent ?

Au 31 décembre les municipalités auront défini les zones dans lesquelles elles acceptent l’implantation des énergies renouvelables. Le ruissellement a changé de sens, mais le temps presse… et les anti-éoliennes mobilisent.

Par Pierre Belsoeur


Les électeurs de Maron (36) sont retournés aux urnes en ce début de mois de décembre. A mi-mandat communal le conseil avait du plomb dans l’aile. Trois démissions et deux décès. Ce conseil avait la particularité de ne pas avoir été élu pour, mais contre. Contre le projet éolien en l’occurrence. Il avait d’ailleurs été assez largement élu, seulement si « on ne se pose qu’en s’opposant » comme le développait justement John Locke, il faut, ensuite, gérer la commune au quotidien.

Les éoliennes de Vouillon, n’auront pas de « cousines » à Maron, quelques kilomètres plus loin. Photo PB


La période où des collectifs voyaient le jour pour s’opposer à l’implantation d’un parc éolien touche peut-être à sa fin. Le gouvernement a décidé de redonner le manche aux « petits maires », puisqu’il est vrai que l’on plante plutôt les mâts à la campagne, en leur proposant de définir les zones de leur territoire où pourrait s’exercer l’accélération de la transition écologique.

Ces zones où les municipalités souhaitent « prioritairement voir des projets d’énergies renouvelables s’implanter » doivent être définies avant le 31 décembre ! Lorsque l’on fait remarquer à Thibault Lanxade, préfet de l’Indre, que le délai semble un peu court, il précise que la procédure est ouverte depuis le mois de juillet. Pourtant, si cette décision doit être prise après information et consultation de la population, force est de constater que l’on n’a pas beaucoup entendu parler de ce grand exercice de démocratie participative.

La Région Centre-Val de Loire bonne élève des « renouvelables »

Dans ces zones, on l’a compris, les candidats à l’installation bénéficieront de procédures accélérées pour mener à bien leur projet. Les communes bénéficieront elles aussi d’un coup de pouce de l’Etat. Mais il sera possible aux candidats investisseurs de s’installer à l’extérieur de ces zones (s’ils apprécient les parcours d’obstacles !). En revanche, passée la période de concertation, les zones d’accélérations seront cartographiées aux niveaux régional et départemental et si l’offre correspond aux objectifs, les communes qui proposent des zones d’accélération pourront définir des zones d’exclusion. C’est mieux que rien mais il ne s’agit donc que d’une liberté surveillée. On répond d’abord oui et ensuite, éventuellement non.

Thibault Lanxade et Claude Doucet, président de l’association des maires de l’Indre face à la carte du département où apparaitront bientôt les « zones d’accélérations » Photo PB


Cela dit, le système peut fonctionner harmonieusement en région Centre-Val de Loire. Qu’il s’agisse de l’éolien ou du solaire (les projets de méthaniseurs intéressent des zones bien particulières), les objectifs fixés pour 2030 et 2050 semblent en bonne voie d’être atteints. Trois départements : l’Eure-et-Loir, le Loiret et l’Indre contribuent particulièrement à cette production de renouvelables. Une situation qui explique les levées de boucliers enregistrées à Maron, on l’a vu, mais aussi à Heugnes et sur les bords de la vallée de la Creuse. « Il n’est pas très sain que des implantations soient décidées par le tribunal administratif, reconnait le préfet de l’Indre. En exploitant les toits des bâtiments communaux et les parkings, l’Indre couvrira facilement ses besoins en énergie photovoltaïque, estime encore Thibault Lanxade, il faudra faire des choix parmi les projets ».

La situation incite le préfet de l’Indre à la bienveillance lorsqu’il affirme qu’il n’attaquera aucune décision négative de la part des communes. De quoi laisser Don Quichotte comme deux ronds de flan.

Le brouillard ne s’est pas encore dissipé sur la place réelle des collectivités locales dans la transition écologique. Photo PB

Les anti-éoliennes mobilisent le 18 décembre à Déols

Lundi soir à Déols, le collectif « Indre énergies responsables » organise un débat qui a pour titre « Energies renouvelables dans l’Indre, faisons le point ». Les anti-éoliennes risquent d’y être sur-représentés, mais le préfet de l’Indre ne s’est pas dérobé. Il participera à la table ronde où il risque d’être très isolé puisque Marc Fleuret, président du Conseil départemental de l’Indre, également présent à cette réunion, est partisan d’un moratoire sur l’éolien dans l’Indre. Le président des maires ruraux de l’Indre, Roland Caillaud, plutôt pro éolien ne sera pas à Déols : « Personnellement je respecte les décisions prises par chaque maire et conseil municipal. Ce que je n’aime pas c’est quand ceux qui n’en veulent pas empêchent les autres d’en avoir ». Pour le maire de Pouligny-Saint-Pierre, qui s’exprimait dans la NR, le débat est faussé.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Contres / Sassay : Bientôt cinq éoliennes en Val de Cher Controis ?

Commentaires

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  1. Anti -éoliennes, donc prêts aussi à se passer d’électricité ou juste prêts à accepter que sa production ne se fasse qu’ailleurs , dans des marmites nucléaires vieillissantes…
    Dans ce cas , attention au retour des sites de stockage de déchets radioactifs à domicile , car c’est bien à la campagne qu’ils finissent leur vie …quasi éternelle .

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