Par Jean-Marc Dumas
Le lycée Charles Péguy d’Orléans et la Maison de l’Architecture Centre-Val de Loire poursuivent le cycle « Présences du Design » dans le cadre de l’Université Populaire. 45 élèves de la section post-bac DN-MADE (diplôme national des métiers d’art et du design), et leurs professeurs assistaient à la deuxième conférence de l’architecte Jacques Boulnois sur le thème « Le Regard », accompagnés en visio des 21 étudiants du lycée de Blois Camille Claudel DN-MADE, mention objet et graphisme.
La conférence portait sur l’attitude nécessaire pour concevoir, dans le champ du design. Quelques bases étaient ainsi posées : le geste du concepteur, qu’il dessine, sculpte ou fabrique, devrait être précédé d’une profonde compréhension du lieu, de l’objet, de l’époque, de ce qui apparaît dans le champ. Cela nécessite de dépasser les idées préconçues, les stéréotypes, tout ce qui enferre, enferme, ferme les yeux et/ou les oreilles et la pensée. Le regard précède donc le geste. Le geste créatif n’est que la phase finale de la conception. Les images projetées sont souvent interrogatives devant conduire à une méditation. Elles étaient accompagnées de citations de René Magritte, Baptiste Morizot, Gilles Deleuze, Gilles Clément, Antoni Gaudi, etc.
Rencontre avec Jacques Boulnois
Magcentre : Selon vous, quelle est la méthode pour poser son regard ?
J.B. : Une méthodologie du regard ne peut pas exister sans une sensibilité philosophique et humaniste propre, permettant de porter un regard élargi et ainsi d’échapper au voir ou au swiper. Une culture du « comment poser son regard » s’affirme comme elle s’affine lorsqu’elle embrasse tous les sujets de notre monde.
Et quel regard l’architecte, le paysagiste, le scénographe ou le designer devrait-il poser ?
Il n’y pas d’intention architecturale, paysagère ou scénographique profonde et pertinente sans un regard sur tout ce qui entoure le sujet du projet. Cette intention doit être fondée sur une analyse complète dite aussi systémique du site et de ses multiples interactions biologiques, géographiques, physiques, géologiques, climatiques, sociales ou encore culturelles… autant de regards et d’égards à porter.
Vous évoquez la transdisciplinarité…
Si l’on considère la disparition de la biodiversité, alors l’esthétique* de l’ingénieur doit être complétée de l’esthétique de l’écologue. Pour concevoir différemment nos villes, nos paysages et architectures, il nous faut donc nous enrichir des connaissances de l’écologue comme de celles de l’ingénieur, l’un ne remplaçant pas l’autre.
Photo de Une : Freepik
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