Le maire-président d’Orléans Métropole n’en finit pas de décontenancer les Orléanais. On le pensait devenu macroniste, il s’affiche zemmourien dans ses vœux publiés sur les réseaux sociaux.
Par Jean-Jacques Talpin
A l’heure où les rumeurs de remaniement se font pressantes Emmanuel Macron a-t-il déjà trouvé un remplaçant à Élisabeth Borne que l’on dit sur le départ ? S’il ne l’a pas encore fait, conseillons lui de visionner les réseaux sociaux et de savourer les vœux de Serge Grouard le maire-président d’Orléans Métropole. S’il cherche à conforter son glissement progressif et incontrôlé vers la droite alors le président de la République a un Premier Ministre putatif idéal en la personne du maire d’Orléans. M. Grouard avait déjà milité -quand il se présentait à la tête des Républicains avec le succès que l’on sait !- pour un accord de gouvernement avec En Marche. Et depuis quelques mois une rumeur insistante le disait en phase avec les Macronistes au point même que certains évoquaient un éventuel ticket Grouard-Rist (députée Renaissance-En Marche) pour les prochaines municipales. Cette fois Serge Grouard a peut-être poussé le bouchon un peu loin. Certes ses errements politiques amusent déjà la classe politique départementale et même au-delà avec ses allers et retours entre Les Républicains, le mouvement Utiles, et « une posture à-partisane » entre autres.
Tout à reconstruire
Mais cette fois la parole de Serge Grouard vient de franchir un pas avec un message de vœux particulièrement réactionnaire, décliniste et même proche des thèses d’Éric Zemmour. Pour ses vœux, M. Grouard pense que « 2024 va être pire que 2023, qui a été pire que 2022 » et cela « parce que la France est en voie de disparition. Depuis 40 ans nous faisons n’importe quoi ou presque ». Pour cela il illustre sa démonstration avec « 10 morceaux choisis » : climat, indépendance énergétique, « immigration massive et incontrôlée, délinquance explosive, valeurs bafouées, santé et l’hôpital à vau l’eau, désindustrialisation et déclin agricole massifs, école de la République menacée, dette publique abyssale, État paralysant et paralysé, influence de la France en recul partout dans le monde ». Après un tel tableau il n’y aurait plus qu’à se tirer une balle dans la tête ou dans le pied. Mais « tout peut se reconstruire ».
Droit du sang et rejet de l’Europe
Et Serge Grouard de décliner ses solutions : « mix 100% énergies renouvelables et nucléaire, immigration zéro, avec expulsion des clandestins, droit du sang et retrait de la Cour européenne des droits de l’Homme, tolérance zéro, etc baisse massive des charges, renégociation des traités européens pour mettre fin à l’ultralibéralisme de la Commission Européenne, assimilation, retour au zéro déficit, réforme puissante de l’État avec décentralisation ».
« Impossible ou fou me direz-vous, s’interroge Serge Grouard, ce qui serait fou, c’est de ne pas l’essayer. Il faut juste le courage de le faire ! ». Un. véritable programme présidentiel qui amène à s’interroger : Serge Grouard a-t-il abusé de la dinde à Noël tout en levant le coude sans modération ? Certes on retrouve dans cette diatribe son discours nationaliste habituel et son gaullisme obsessionnel notamment sur l’indépendance de la France. Mais il franchit cette fois le Rubicon en reprenant des thèses chères à l’extrême droite comme le droit du sang (et donc la fin du droit du sol pour les enfants de parents étrangers), le retrait de la Cour des Droits de l’Homme et un rejet viscéral de l’Europe.
Des vœux supprimés sur YouTube !
Avec « courage » Serge Grouard va sans doute rompre avec quelques-uns de ses amis ou même de ses adversaires politiques locaux qui le traitaient parfois avec indulgence. Le socialiste Baptiste Chapuis a ainsi déjà dénoncé ce discours de « déprime et poncifs de la droite extrême ».
Serge Grouard n’avait-il que ses vœux réacs à adresser aux Orléanais ? Peut-être pas si l’on en croit la chaîne YouTube d’Orléans-Métropole sur laquelle le maire-président avait inséré une traditionnelle vidéo de vœux retraçant les succès notamment sportifs de la Métropole orléanaise. Cette vidéo, sans doute trop optimiste aux yeux de son président, n’est restée en ligne que quelques heures avant d’être subitement supprimée sans explications et remplacée par un écran noir. Une preuve -un aveu ?- que ces vœux indignes n’avaient pas leur place sur la scène publique ?
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