Retour sur les Soli du CDN d’Orléans

La première semaine des Soli, qui ouvre l’année nouvelle du Centre Dramatique National au Théâtre d’Orléans, a de nouveau attiré le public avide de nouveautés théâtrales, de celles qu’on ne voit pas ailleurs…


Par Bernard Thinat

Lullaby for Scavengers

Kim Noble, artiste anglais, avec son spectacle « Lullaby for Scavengers » qui se traduit par « Berceuse pour charognards », explose tous les codes de la bienséance, sans tomber néanmoins dans l’immoralité. Il était pour deux soirées salle Vitez au théâtre d’Orléans, dans le cadre des Soli du Centre Dramatique.

Kim Noble – Photo Studio Narki


Quelques vidéos sur écran géant accueillent le public, afin de préparer les spectateurs à ce qui va suivre. L’artiste a plusieurs compagnons, sur scène et sur vidéo : un asticot qu’il considère comme sa fille, il nous parlera abondamment de la sexualité des dits asticots, quand il en égarera un dans le public ; un écureuil roux, sorte de petite marionnette qu’il manipule très adroitement, et qui tiendra même une conférence filmée et projetée sur l’écran en fond de scène ; enfin, quelques renards qui vont s’écraser sur le plateau, après avoir tenté d’en appâter et les avoir suivis dans leurs terriers.

Le spectateur peut ne garder du spectacle de Kim Noble, que le côté presque outrancier, voire provocateur pour les bonnes âmes. Mais en y regardant de plus près, nul doute qu’il dénonce l’actuelle société basée sur le fric (son intrusion comme homme de ménage dans une banque où il photocopie des documents confidentiels, se comparant alors à Wikileaks), son amour déclaré aux animaux dénonçant le sort que l’être humain leur réserve, le fait qu’il urine dans la rue sur des gros SUV dont on connaît la nocivité en matière de pollution carbonée, la présence dans la vidéo de ses parents très âgés et dont il prend soin, pour dénoncer le sort réservé souvent au 4ème âge dans nos sociétés occidentales, tout concourt à faire de ce spectacle un réquisitoire contre un monde de profiteurs, les « charognards » en quelque sorte !

Cécile

Un jour, Marion Duval rencontre Cécile Laporte. La première est metteuse en scène, danseuse, actrice. La seconde mène une vie aux quatre coins du monde, là où une cause mérite d’être défendue. Le contact entre ces deux femmes va déboucher sur un spectacle, « Cécile », où la « globe-trotter » nous raconte sa vie, enfin depuis qu’elle vole de ses propres ailes. Elle est trentenaire.

Trois heures durant, ou presque, elle nous livre ses moments les plus forts comme de petites choses insignifiantes, en confidences, presque par chuchotements. Un détour au Mexique, un autre en Mongolie, dans un centre pour handicapés, en hôpital psy, dans une célèbre ZAD ou ailleurs encore. Confidences entrecoupées de moments de théâtre absolu.

Cécile – Photo Mathilda Olmi


Déguisée en clown, Cécile change radicalement de registre, elle n’hésitera pas à s’aventurer dans le public, plaisanter avec tel ou telle spectatrice, puis redescendre des gradins en vol plané. Elle nous relate ensuite, vidéo à l’appui, sa venue à Notre-Dame des Landes, près de Nantes, avec d’autres « activistes » afin d’empêcher la construction d’un aéroport. On en connaît la conclusion. Le public aura droit à un moment de théâtre extraordinaire sur le plateau de la salle Barrault, quand l’affrontement entre manifestants et policiers atteint son apogée. Avec lacrymo à l’appui, flics marionnettes à taille humaine, la lutte se termine en une sorte d’épopée sexuelle, voire orgiaque. Sublime !

Un dernier moment fulgurant fut une comédie musicale créée par Cécile, chanteuse de rap, entourée de pantins à taille humaine encore, musique tonitruante. Du grand art ! Même si le spectacle pouvait être quelque peu élagué, il gagnerait en efficacité.

Dernière image de Cécile – Photo B.T.

2ème semaine des Soli au CDN d’Orléans

Partout le feu, création de Patrice Douchet, au Théâtre de la Tête Noire, les 24, 25 et 26 janvier

Personne, du Yann Frisch, du 24 au 27 janvier, sur le parvis du théâtre

Sur la voie royale, d’Elfriede Jelinek, mise en scène de Ludovic Lagarde, les 26 et 27 janvier, salle Barrault

Billetterie

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