Honneur aux féministes aux Temps Modernes à Orléans

La célèbre librairie orléanaise a accueilli ce jeudi 25 janvier 2024, l’autrice Dominique Bréchemier pour la présentation de son anthologie Écrits féministes II. De 1970 à aujourd’hui. L’occasion de mettre en pleine lumière des femmes engagées plus au moins connues.

L'autrice orléanaise Dominique Bréchemier aux Temps Modernes pour son dernier livre "Écrits féministes II. De 1970 à nos jours.

L’autrice orléanaise Dominique Bréchemier aux Temps Modernes pour son dernier livre “Écrits féministes II. De 1970 à nos jours.” Photo Sophie Deschamps


Par Sophie Deschamps

Salle comble ce jeudi soir pour la venue de Dominique Bréchemier aux Temps Modernes à Orléans. Cette docteure en littérature française, spécialisée dans l’histoire des femmes qui vit à Saint-Jean-le-Blanc près d’Orléans venait présenter Écrits féministes II. De 1970 à aujourd’hui : « Un livre qui tient toutes les promesses d’une anthologie. C’est de la belle ouvrage » a souligné Sophie Todescato, la patronne du lieu. 

27 écrits féministes et 6 entretiens 

Alors ouvrons ce livre qui offre à la lectrice et au lecteur le plaisir de découvrir 27 féministes des années 70 à aujourd’hui donc, d’origine et de fonctions très variées. Ce qui lui a demandé un énorme travail de recherche d’autant qu’elle n’est pas historienne. D’emblée Dominique Bréchemier, habilement interviewée par Diane Marchand, prof de lettres au lycée Voltaire à Orléans, a exprimé son embarras de devoir se limiter au départ à “seulement” vingt féministes. « J’avais établi une liste d’une centaine de noms, donc le choix a été déchirant. J’ai réussi à en faire figurer vingt-sept, plus six entretiens mais j’ai des regrets. J’aurais voulu y inclure la journaliste Caroline Fourest, la femme de théâtre Ariane Mnouchkine ou bien encore la sociologue Margaret Maruani. » Sur la couverture, on reconnaît ainsi Annie Ernaux, Michelle Perrot, Gisèle Halimi, Françoise Héritier, Alice Coffin, Camille Froidevaux-Metterie et Nadia Yala Kisukidi. 

Dominique Bréchemier a ensuite expliqué qu’elle a choisi de regrouper ces écrits par thématique (place des femmes, les combats, féminismes et politique, le corps des femmes, l’art au féminin, et la suite du combat) plutôt que par ordre chronologique afin « de permettre aux textes de dialoguer entre eux ».

Plusieurs féminismes et non un seul 

Dans son introduction, l’autrice retrace les luttes des femmes qui leur ont permis d’obtenir des avancées décisives des années 70 à aujourd’hui. Du droit à la contraception et à l’avortement, au travail ou en politique aux luttes actuelles de #MeToo et les débats sur la langue française. Une mémoire vive à sortir de l’oubli car comme le rappelle joliment l’historienne Michelle Perrot : « Au théâtre de la mémoire, les femmes sont ombre légère. »

Dominique Bréchemier a aussi insisté sur le nécessaire caractère pluriel du féminisme. Elle-même concède que sa pensée évolue car tout en restant universaliste, elle reconnaît l’apport essentiel du courant intersectionnel (dont le concept a émergé dans les années 70 aux États-Unis par le biais de l’afro-féminisme) notamment à travers les écrits d’Amandine Gay dont elle reproduit un extrait de la préface Ne suis-je pas une femme ?

Et comme le souligne la sociologue Andrée Michel disparue en 2022, « le féminisme est un mouvement social dont la raison d’exister est d’abattre la domination des hommes pour assurer la dignité des femmes et réaliser une véritable égalité entre les genres ».

 

Dominique Bréchemier, Diane Marchand et Coraline Cauchi aux Temps Modernes pour son dernier livre "Écrits féministes II. De 1970 à nos jours. Photo Sophie Deschamps

Dominique Bréchemier, Diane Marchand, enseignante et Coraline Cauchi, lectrice aux Temps Modernes pour “Écrits féministes II. De 1970 à nos jours”. Photo Sophie Deschamps


Enfin pour illustrer les propos de l’actrice, la jeune comédienne et lectrice Coraline Cauchi a lu tout au long de la rencontre avec gourmandise des passages de cet opus dont un extrait de La femme gelée d’Annie Ernaux, de Béatrice Slama Comment être femme et être écrivain ? Mais aussi à travers le collectif Roberte la Rousse la fiche Wikifémia “féminisée” de Madeleine Pelletier. Un collectif qui écrit ceci : « La langue est une système symbolique complexe qui reflète et véhicule les représentations des dominantes dans les différentes groupes et strates de la société (…) c’est aussi une milieu dans laquelle toutes les humaines sont immergées, elle influe sur leur perception et façonne le monde à leur image. » À méditer.

Écrits féministes II. De 1970 à nos jours présentés par Dominique Bréchemier (éditions Flammarion, collection champs classiques), 10 euros.

Pour aller plus loin sur Magcentre : dossier sur le sexisme 

 

 

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