La prévention : éternel parent pauvre de la santé

La prévention est négligée par les politiques de santé française. Dans sa conférence de presse du 16 janvier 2024, le chef de l’État a déploré que la France soit « un pays qui soigne bien mais qui ne fait pas de prévention ». Les derniers choix gouvernementaux vont-ils changer cette situation ? Malgré les paroles présidentielles, on peut en douter.


Par Jean-Paul Briand.

Selon l’OMS « la prévention est l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps ». Si les actions de prévention ne visent pas un problème spécifique, on est dans le cadre de la promotion de la santé protégeant les consommateurs soit par la réglementation ou grâce à l’éducation. Quand le choix d’une démarche préventive est précisément déterminé on distingue alors trois types de prévention :

  1. La prévention primaire essaye de diminuer, dans toute la population, le nombre de personnes atteintes par une maladie définie et de réduire la survenue de nouveaux cas. Elle agit avant que les effets sur la santé ne se produisent. Les campagnes de vaccinations sont de la prévention primaire.
  2. La prévention secondaire s’oppose à l’apparition d’une maladie dans une population spécifique. Elle agit au tout début de la manifestation d’un problème de santé pour empêcher sa complication, son accentuation, en luttant contre des facteurs de risque. C’est le cas de la prescription d’aspirine chez certaines personnes ayant fait un accident cardiovasculaire.
  3. La prévention tertiaire essaye de restreindre les récidives, les complications et les invalidités chez les personnes déjà touchées par une maladie ou un handicap. Les aides financières et techniques pour aménager un logement occupé par une personne handicapée sont des exemples.

Les principaux facteurs de risque sanitaire français

En prévention primaire, l’État peut agir sur les principales causes de mortalités évitables que sont l’obésité, le tabagisme et l’alcoolisme.

  • Le surpoids et l’obésité sont définis à partir de l’indice de masse corporelle (IMC). En France, 47,1 % des adultes sont en surcharge pondérale, dont 15,0 % d’obèses et 32,1 % de personnes en surpoids. Dans ce cadre, depuis juin 2023, la France applique une taxation sur les boissons contenant des sucres ajoutés.
  • Le tabac reste la première cause de décès évitable : 17,9 % des personnes âgées de 15 ans ou plus fument quotidiennement, dont 4,1 % sont de grands fumeurs. Toutefois on constate une régression du nombre de fumeurs quotidiens dans la population, qui coïncide avec l’alourdissement de la fiscalité du tabac. 
  • Un niveau élevé de la consommation d’alcool demeure une caractéristique française. Elle est la cause de mortalités, d’invalidités et de dégâts sociaux évalués à plus de 100 milliards d’euros en 2019. C’est un facteur de risque pour les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux (AVC), les cirrhoses et certains cancers. De nombreux accidents de la route, de suicides, d’actes de violence intra-familiale ou d’homicides sont en lien avec l’alcool. L’alcool serait ainsi impliqué dans un féminicide sur trois. Même si la part de la population buvant de l’alcool a un peu diminué, la France, avec 10,5 litres d’alcool pur consommés par an et par personne, est dans le peloton de tête des pays les plus consommateurs au monde.

La prévention alcoolique

Alambic artisanal

En France, la prévention de l’alcoolisme reste pour le moins ambiguë. Elle repose sur la fixation de repères que l’on sait impossible à tenir pour un buveur excessif. Il est ainsi recommandé de ne pas dépasser deux verres par jour, avec au moins deux jours par semaine sans consommation d’alcool. A l’heure où l’on double les franchises médicales, il n’est pas question d’infliger une augmentation de la taxation sur les boissons alcoolisées. Mieux encore, le gouvernement, qui refuse de soutenir le Dry January, vient de supprimer l’ancienne taxe sur la distillerie artisanale. Jusqu’au 31 décembre 2023, il existait une taxe de 9 euros par litre d’alcool pur pour les dix premiers litres distillés puis de 18 euros pour les litres suivants. Depuis le premier janvier 2024, sous prétexte de simplification administrative, il n’y a plus aucune taxe pour les 50 premiers litres d’alcool distillés par les particuliers.

La tradition des bouilleurs de cru, qui persiste en région Centre-Val de Loire, devrait ainsi avoir un regain d’intérêt et la France va maintenir, voire améliorer, son rang dans les indicateurs de consommation et des dommages associés à l’alcool

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Pourquoi pratiquer le Dry January ?

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