Ce week-end le gratin du monde anti-vaccin, ou pas franchement pour, et du complot d’État sera réuni au Centre des Congrès de Vierzon pour des « Rencontres Citoyennes Internationales » organisées par l’association locale Cher à tout cœur. Prévenue par des lanceurs d’alerte, la Comcom Vierzon-Berry-Sologne, gestionnaire de la structure, ne peut pas juridiquement annuler le rendez-vous.
Par Fabrice Simoes
Recevoir un ensemble de conférences sur les effets du Covid long, à Vierzon, cela pouvait s’entendre. Dans une ville où le service « Soins de suite réadaptation » (SSR) du centre hospitalier avait été choisi, au cœur de l’année 2022, comme étant le seul dans le département à s’occuper de la prise en charge des covid long, c’était d’ailleurs assez logique. Le fait que des personnalités locales soient investies sur le sujet rendait même ces Rencontres Citoyennes Internationales potentiellement instructives. En première lecture on avait mis de côté la fin de la phrase introductive « autour des effets indésirables du Covid long … et des vaccins » qui aurait pu interpeller un chouia. Et puis, contrat de location des installations signé, quelques signes avant-coureurs d’un joli foutoir à venir sont apparus.
Des participants qui cochent toutes les cases
Dans un premier temps quelques messages interrogateurs quant à divers intervenants, sous la publication Facebook du centre des congrès annonçant la manifestation, ont interpellé les services de la communauté de communes Vierzon-Sologne-Berry. Dans la foulée, ce sont des organismes lanceurs d’alerte spécialisés, à l’image du groupe d’études des mouvements de pensée en vue de la protection de l’individu (Gemppi), qui ont marqué leur surprise de voir Vierzon s’afficher avec des associations cataloguées, peu ou prou, complotistes.
Le site debunkersdehoax.org explique par exemple que pour Verity France, une des associations qui devrait être présente en Berry, « nous avons pu rassembler des éléments qui constituent un faisceau de présomptions à charge contre cette association ». A titre individuel cependant « rien ne nous permet de dire que les membres de Verity France sont d’extrême droite… En revanche, sur la forme, l’association promeut un thème qui a une écoute dans les milieux confusionnistes. Il s’agit d’un discours clairement antivax qui se mêle à une croisade pour la vérité au ton citoyenniste… En revanche, il suffit de gratter un peu pour trouver un écosystème que l’on connaît bien : un pied dans le complotisme et un pied dans le confusionnisme. Et notre collectif antivax ne semble pas trouver malice à se faire inviter par ces médias de ré-information, qui cultive la confusion, faux-nez de l’extrême droite. »
Largement suffisant pour que les gens du Gemppi, dont l’objet est de contribuer à « endiguer les multiples problèmes d’ordre public, de misères et souffrances humaines et les drames familiaux qui résultent de dérives sectaires ou de thérapeutes holistiques », s’intéressent à l’association et fassent connaître ses doutes auprès des villes qui lui donnent de la visibilité.
La publication du Centre des congrès a disparu. Capture d’écran
Pas de recours possible selon la préfecture
Sous couvert d’une formulation passe-partout, le congrès accueillera ainsi plusieurs intervenants pour le moins clivants. Par exemple, devrait être présente Cécile Maïchak, organisatrice du Doctothon en 2021. Pour Tristan Mendès France, de France Inter, le Doctothon « c’est une sorte de téléthon complotiste antivaccin en ligne… » On devrait aussi entendre François Dubois, « ancien gradé de gendarmerie qui s’exprimera sur les mécanismes sociaux et psychologiques qui ont mené la population a accepté les politiques abusives des autorités » selon France-Soir (média qualifié bien à droite).
Autant d’indicateurs qui, additionnés, ont fait des remous dans les bureaux de la Comcom. Depuis le début de semaine, en premier lieu, la publicité de l’événement n’apparaît plus sur la page du Centre des congrès. Cependant les rencontres auront bien lieu.
Même si François Dumon, le président de la communauté de communes, a contacté la préfecture, « il n’y a pas de recours possible. Et je ne souhaite pas me retrouver dans la situation de Bourges avec la venue de Dieudonné. Hors de question de donner de l’argent à ces gens-là ».
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