Fortement mobilisés, les agriculteurs de toutes régions ont réussi à obtenir gain de cause auprès du gouvernement. En oubliant peut-être que parfois, en semant le vent, on récolte plus tard une tempête à haut risque.
Par Mag’Dom
« Labourage et pâturage sont les deux gamelles de la France ». Après cette chaude fin de janvier, la tribu taupienne buvait du petit-lait en imaginant Sully regarder de son château ligérien les forces de police voulant empêcher la cohorte de tracteurs agenais franchir le fleuve royal, comme s’ils craignaient de se prendre quelques pruneaux. D’aucunes, venues du Maine-et-Loire, fredonnaient amusées un petit air mêlant mamelles et framboises, en se moquant des 300 agriculteurs angevins qui, par crainte d’avanies, s’étaient contentés le 1er février de n’engager qu’une opération escargot autour de la ville préfecture, avant de rentrer dans leur coquille.
Symbole d’un combat faisant les choux gras des technocrates de Bruxelles, l’épopée a comblé les médias, offrant de fortes images où John Deere et Massey-Ferguson montraient leurs mécaniques face à quelques blindés estampillés Leclerc, tout comme la marque de grande distribution vilipendée. La souveraineté réclamée emprunte parfois d’étranges carrefours pour mettre sur le marché les produits récoltés aux champs, et bien soupçonneux sont ceux imaginant que ces mesures accordées dans la fureur seraient le fruit longtemps mûri d’une entente préalable entre les syndicats et le gouvernement.
Fonctionnant en mode bonsaï « pour que les ministres majeurs se fassent un nom », celui-ci doit être complété dans les jours à venir, sans trop d’espoirs d’y voir figurer d’autre élu de notre région que le Loir-et-Chérien Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture. L’Eurélien Philippe Vigier, ancien saisonnier pour l’Outre-mer, ne devrait pas rempiler, surtout après avoir été épinglé par Mediapart pour continuer sa fonction en toute clandestinité (avec tous les avantages afférents), et le Loirétain Richard Ramos n’y croit pas trop, malgré ses combats médiatisés pour la souveraineté alimentaire. Au nom de la parité, c’est une femme qui est souhaitée pour représenter le Modem de François Bayrou, leur courant à tous les trois, si le jugement du 5 février concernant d’éventuels emplois fictifs au Parlement européen ne leur est pas trop défavorable.
Revenus sur leurs terres après avoir engrangés quelques succès, les agriculteurs peuvent continuer à moissonner ici et maintenant, dans les conditions qui leur conviennent, tout en restant vigilants sur la suite. Et tenant là une prose qu’un certain M. de Pourceaugnac n’aurait pas désavouée, sans trop vouloir se mettre au vert.