Les vins du Val de Loire retrouvent le sourire

Une semaine après les manifestations d’agriculteurs, le salon des vins du Val de Loire démontre que toute la viticulture française ne souffre pas des maux du Bordelais ou des Côtes-du-Rhône.

Restauratrice dans une vie antérieure, Mathilde Favre d’Anne (au centre), présidente du salon « Angers Loire dégusT’ » n’est pas dépaysée au milieu des vignerons. Photo PB
 
Par Pierre Belsoeur

« C’est sûr qu’on n’est pas les plus malheureux. » Ce pourrait être la punchline du salon 2024. Premier sourire, celui de Mathilde Favre d’Anne. La présidente de « Destination Angers », installée à ce poste par Christophe Béchu – passé depuis du siège de maire à celui de ministre de la Transition écologique – menait une mission de sauvetage, l’an dernier. Il lui fallait sauver le salon des vins du Val de Loire déserté par les négociants partis chercher fortune au salon Wine Paris (qui a ouvert ses portes ce lundi 12 février). L’adjointe au maire d’Angers avait fait le pari de réunir les trois entités : salon des vins du Val de Loire, Levée de la Loire (salon des vins bio) et Demeter (groupement privé de vins biodynamiques) dans un même espace. Ce qui paraissait une hérésie aux yeux des vignerons voici dix ans, est devenu une évidence. Pour cette édition 2024, avec 800 exposants « Angers Loire dégusT’ » enregistre une fréquentation en hausse de 9%, mais de 17% si l’on s’en tient au seul Salon des Vins du Val de Loire, base de cette transhumance des vignerons et des acheteurs vers l‘Anjou depuis 37 ans.

Le retour des étrangers

Deuxième sourire évidemment, celui des exposants. Non seulement la fréquentation est orientée à la hausse pour cette édition 2024, mais on parle beaucoup anglais, espagnol, allemand et italien dans les allées du salon. Les acheteurs étrangers sont de retour. Pour ceux qui viennent de loin, enchaîner un premier séjour en Anjou et un second à Paris quelques jours plus tard, avant de reprendre l’avion n’est pas incohérent.

Sourire des vignerons enfin. Lorsqu’ils voient les difficultés dans lesquelles se débattent leurs collègues du Bordelais, du Languedoc ou de la vallée du Rhône, ils ont conscience que le travail effectué dans les vignobles du Val de Loire est en train de porter ses fruits. Les « petits vins » n’en sont plus, on trouve du Sancerre dans les restaurants gastronomiques du monde entier et ce succès tire vers le haut non seulement les vignobles du Centre, mais aussi ceux de Touraine qui ont entrepris de différencier leurs origines en créant les Touraine Oisly, Mesland, et bien sûr les appellations liées aux châteaux de la Loire : Chenonceaux, Azay-le-Rideau et Amboise. Les Muscadet et désormais le Gros-plant ont renoncé, eux aussi, à la quantité pour mettre l’accent sur la qualité et à l’autre bout de la Loire les Côtes d’Auvergne, terreur des dégustateurs de Ligers offrent désormais de grands rouges soyeux.
C’est cette diversité que viennent chercher les cavistes en particulier, soucieux de se démarquer de ce que l’on peut trouver sur les rayonnages de la grande distribution… ou de leurs voisins.

Un millésime unique en son genre

L’intérêt du salon d’Angers c’est aussi de présenter le millésime de l’année. Le 2023 est particulier, marqué par des excès d’humidité et fortes chaleurs. L’année dernière il fallait lutter contre les maladies sans matraquer la vigne et vendanger au moment où les raisins allaient basculer du bien mûr au desséché. Les blancs 2023 sont élégants et dotés d’un équilibre aromatique remarquable. Les Chenins ont donné lieu à un tri soigné et à un travail en chai attentif. Seuls les Cabernets de Touraine (Chinon, Bourgueil, St. Nicolas) fortement touchés par le mildiou offrent des rendements inférieurs à la normale. Pour les vignobles du Centre en particulier, oubliés par le gel et la grêle, le 2023 sera un bon souvenir.

Camille Poyer et Maxime Delaille sur leur stand du domaine du Salvard. Photo PB

Rendez-vous des jeunes vignerons

Dernier sourire, celui des jeunes vigneronnes et vignerons. La profession se féminise de plus en plus et, les profils des nouveaux vignerons sont parfois étonnants, tels Anne-Laura Aulon, née en Corée du Sud et qui présente sa deuxième récolte du « Domaine du Matin Calme » qu’elle raconte avec poésie, ou encore Etan et Helen, deux Normands qui présentent leurs flacons des « Arpents du Soleil ». Ils sont rattachés au Val de Loire pour des raisons d’administration fiscale, bien qu’ils exploitent en Calvados. Lui, avant, faisait du cidre, « beaucoup plus compliqué à élaborer que le vin ». Elle, parle de ses vins sur le ton de la séduction, « mais je reste chirurgien, je n’ai pas fait autant d’années d’études pour rien ». Camille Poyer, elle, est responsable administrative du domaine du Salvard, mais aux côtés de Maxime Delaille elle parle de ses cheverny comme une vigneronne. Avec passion.

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Commentaires

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  1. “Sourire des vignerons enfin. Lorsqu’ils voient les difficultés dans lesquelles se débattent leurs collègues du Bordelais, du Languedoc ou de la vallée du Rhône, ils ont conscience que le travail effectué dans les vignobles du Val de Loire est en train de porter ses fruits.”
    Curieuse manière d’appréhender les difficultés de vignerons du Rhône, du Languedoc et du bordelais.

    Christian Conte

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